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Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Titel: Histoire De France 1758-1789, Volume 19 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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Joseph II. Notre intervention y réussit. Joseph n'y perdit pas; sa folie lui valut un morceau de Bavière, sans compter nos 15 millions. Seulement il baissa à ses yeux, espéra moins dès lors éclipser Frédéric, douta d'être un grand homme. Dans son orgueil morose, il nous en voulut à jamais de l'avoir sauvé, nous haït et se tourna vers l'Angleterre. Marie-Thérèse, moins ingrate,déclara hautement que sa fille était son salut (A., 288, 295).
    Fille admirable en vérité. Dans son zèle autrichien, elle parvient encore à faire un de ses frères électeur de Cologne, établissant l'Autriche sur le Rhin près de Frédéric, le blessant pour toujours, lui mettant cette épine au pied (juin 1779).
    Ce ne fut qu'en juillet que nos énormes flottes, espagnole et française, se joignirent, tinrent la mer. L'Angleterre frémissait. Elle sentait l'Irlande qui s'agitait derrière. Elle n'avait que 38 vaisseaux qui ne parurent que pour se cacher dans Plymouth, puis sortirent, mais pour fuir, et disparaître à toutes voiles. Qui empêchait l'attaque? les vents? ou le scorbut? Le vrai scorbut fut à Versailles. On eut peur de prendre Portsmouth. On eut peur de saisir Liverpool, de le rançonner, comme le proposait Lafayette. Porter aux Anglais ces grands coups, ces coups honteux, c'était les enrager, fermer la porte aux négociations, que le Roi, si froid pour la guerre, que l'octogénaire Maurepas, que le prudent Vergennes, désiraient, surtout Necker, accablé du fardeau. Le ministre de la marine, Sartines, en préparant la flotte gigantesque, lui avait fourni un prétexte excellent pour rentrer: elle avait peu de vivres (17 septembre 1779).
    Le courage n'avait manqué qu'à Versailles. Il brillait aux duels de vaisseau à vaisseau. Il éclata à la Grenade où le vaillant d'Estaing battit la flotte anglaise, força de sa personne, sans canons, par assaut, les batteries qui dominaient l'île. De là, en Géorgie, attaquant Savannah, à pied, d'un même élan, il sefait repousser, blesser. Et la campagne est nulle encore pour l'Amérique (1779).
    Ce trop bouillant d'Estaing n'était pas moins alors celui qui entraînait les hommes. Le corps de la marine, entre tous orgueilleux, insolent et aristocrate, lui reprochait deux choses: d'abord d'avoir servi dans les troupes de terre; 2º d'écouter les avis d'un officier bleu (non noble). On fit si bien que, pendant trois campagnes, d'Estaing, écarté d'Amérique, laissa le libre champ aux victoires de Rodney et des flottes anglaises. Les Américains déclinaient. Toujours et toujours des revers. Ils ébranlaient la foi. Plusieurs se mirent à croire que l'Angleterre vaincrait, et que même elle avait raison. En voyant Washington avoir si peu de monde, on pouvait croire encore que la majorité, le droit du nombre était pour George. Le brillant général Arnold en juge ainsi et se déclare Anglais . Pour la seconde fois, l'Amérique périt, si la France ne vient au secours. Washington écrit une lettre directement à Louis XVI.
    Celui-ci fut mis en demeure, embarrassé. L'opinion pesait, et fortement, pour l'Amérique, et Franklin était là, un dieu pour la société de Paris. Comment reculer devant lui? Tout pourtant dépendait de ce que pourrait M. Necker. L'emprunt, longtemps facile, tarissait. Il fallut en venir aux économies difficiles, scabreuses, à la Maison du Roi, où quatre cents charges furent supprimées à la fois. Grand coup qui achevait de tourner la cour contre Necker. Il devait ou périr ou grandir par l'appui des peuples. Il grandit, publia son célèbre Compte rendu , première révélation(incomplète encore, il est vrai) de l'état réel des finances. La foi de l'honnête homme à la lumière, à la publicité, eut deux effets profonds: il éclaira la France, il sauva l'Amérique. L'emprunt devint possible. On lui porta deux cents millions.
    Sans augmenter l'impôt, il a donc pu faire face à cinq années terribles,—«en chargeant l'avenir?»—sans doute, mais il lui crée un monde, et l'avenir le remercie.
    Les années 80-81 sont la gloire de la France. Elle y était la grande nation :
    D'un côté, elle pose la vraie loi de la guerre humaine, le respect dû aux neutres. Elle couvre les faibles (Hollande, Suède, Danemark, etc.) de la brutalité anglaise. La Russie, dans le Nord, établit ce droit maritime, ferme la Baltique à la guerre.
    D'autre part, on finit par ce qui eût dû commencer, on donne des troupes à l'Amérique sous

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