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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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causé d’immenses embarras au dix-huitième siècle. Ce ne fut donc pas pour soutenir le beau-père de Louis XV que Fleury intervint en faveur de Stanislas contre la candidature au trône de Pologne de l’électeur de Saxe, mais parce que l’indépendance de la Pologne était menacée à la foi par l’Empire et par la Russie qui voulaient imposer Auguste III. Seulement on s’aperçut vite qu’il n’était pas facile de défendre la Pologne, prise entre les Allemands et les Russes, si elle n’était pas capable de se défendre elle-même : Plélo périt dans sa vaine tentative pour délivrer Dantzig. Nous fûmes réduits à une diversion contre l’Empire dans laquelle le parti antiautrichien se jeta avec joie, Villars, cet ancêtre, et le chevalier de Belle-Isle, petit-fils de Fouquet, étant les plus ardents. Fleury modéra tant qu’il put ces vieux et ces jeunes fous. Déjà la cause de Stanislas était perdue, les Polonais n’ayant pas su rester unis en face des envahisseurs. Fleury avait eu soin de limiter les risques et de ne pas rendre la guerre générale, en obtenant la neutralité de l’Angleterre par l’engagement de ne pas attaquer les Pays-Bas. Il ne songea plus qu’à sortir de ce mauvais pas avec profit et il négocia le traité de Vienne (1738), par lequel il garantissait le Pragmatique. En échange, et à titre de dédommagement, Stanislas, évincé de Pologne, recevait la Lorraine qui, à sa mort, retournerait à la couronne de France, tandis que le duc François de Lorraine, pour épouser Marie-Thérèse, renonçait à ses droits sur le duché. C’était la solution élégante et avantageuse de plusieurs difficultés à la fois. Jusqu’alors on n’avait pas trouvé le moyen de réunir cette province française et, malgré de perpétuels conflits avec les princes lorrains, malgré une occupation, même prolongée, de leur territoire, la monarchie n’avait jamais voulu annexer la Lorraine par la violence et contre le vœu de ses habitants.
    La raison exigeait qu’on s’en tînt là et tel était le sentiment de Fleury, légitimement fier d’avoir atteint ces résultats en évitant la médiation intéressée de l’Angleterre. Mais, en France, le parti antiautrichien se plaignait qu’il eût trop cédé à l’Autriche et regrettait qu’au lieu de brèves campagnes sur le Rhin et en Italie une armée n’eût pas été envoyée jusqu’en Bohême. Le ministre des affaires étrangères Chauvelin était le plus belliqueux des austrophobes. Fleury, pour pouvoir signer la paix de Vienne, avait obtenu de Louis XV la disgrâce et le renvoi de Chauvelin. Ce fut le premier épisode de ce grand conflit d’opinions. Il avait été bien réglé et sans dommages pour la France.
    Les deux hommes les plus importants de l’Europe, à ce moment-là, Fleury et Walpole, étaient pacifiques tous deux. On pouvait donc penser que, quand l’empereur mourrait, sa succession se réglerait sans encombre. On ne comptait pas avec les forces qui travaillaient à la guerre.
    Walpole fut débordé le premier. L’Angleterre, qui ne cessait de développer son commerce, convoitait âprement les colonies espagnoles. L’Espagne s’étant mise en défense contre une véritable expropriation, les négociants et les armateurs anglais s’exaspérèrent, le Parlement britannique les écouta et Walpole céda, préférant, selon un mot connu, une guerre injuste à une session orageuse. La guerre maritime durait depuis un an entre l’Angleterre et l’Espagne qui, du reste, se défendait avec succès, et la France, demeurée neutre, commençait à comprendre qu’elle était menacée derrière les Espagnols et qu’il serait prudent de s’armer sur mer, lorsque l’empereur Charles VI mourut au mois d’octobre 1740. Il avait eu, lui aussi, une illusion semblable à celle de Walpole et de Fleury. Il avait cru que des actes notariés suffiraient à garantir l’héritage de sa fille et la paix. Tout se passa bien d’abord. Seul l’électeur de Bavière, qui prétendait à la couronne impériale, élevait une contestation, lorsque, sans avertissement, violant toutes les règles de la morale publique, le roi de Prusse envahit une province autrichienne, la Silésie.
    Depuis le jour où l’électeur de Brandebourg avait pris le titre de roi, la Prusse avait grandi dans le silence. Frédéric-Guillaume, le Roi-Sergent, avait constitué à force d’application, d’organisation et d’économie un État et une

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