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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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que la vieille dispute pour et contre le jansénisme, et les parlementaires étaient généralement jansénistes. Ces agitations de robes, ces guerres de doctrines et de plume n’avaient rien de nouveau. Elles mettaient aux prises des tendances éternelles qui s’étaient heurtées bien plus violemment au Moyen Âge et au temps de la Réforme. Quelle que fût l’illusion des contemporains, qui s’imaginaient que tout cela était sans précédents, ce qu’on a appelé les grands débats du dix-huitième siècle portait sur des sujets fort anciens.
    Il s’y ajoutait toutefois un élément nouveau : la campagne des philosophes et des encyclopédistes contre la religion catholique. Il se trouva donc que les Parlements jansénistes eurent l’appui des philosophes déistes ou incrédules dans la lutte contre la bulle Unigenitus et l’Ordre des jésuites. Les Cours, conservatrices et réactionnaires quand il s’agissait des privilèges, attachées aux anciens usages, y compris la torture, se trouvèrent, pendant une quinzaine d’années, les alliées des écrivains qui, en toutes choses, demandaient des réformes et l’abolition du passé. D’autre part, le gouvernement se trouvait en présence du clergé et des catholiques qui tenaient pour la bulle, du Parlement qui associait sa résistance à la bulle à sa résistance aux réformes et aux impôts, et des philosophes qui agitaient l’opinion contre les abus dont le Parlement était le protecteur et contre la bulle qui mettait en cause la religion. On conviendra que la tâche du pouvoir n’était pas aisée. Il avait à trouver son chemin entre tous ces courants et l’on est frappé de voir à quel point il se montra dépourvu de préjugés et de partis pris. En effet, si pour obtenir la paix religieuse, il finit par imposer aux magistrats l’enregistrement de la bulle, il finit aussi par leur accorder l’expulsion des jésuites pour obtenir l’enregistrement des impôts. Et pas plus que la monarchie n’avait persécuté le protestantisme à ses débuts, elle n’a cherché à étouffer les philosophes et l’Encyclopédie. Elle a même eu des ministres qui les ont protégés et qui se sont servis d’eux et de leur influence sur l’opinion soit pour composer avec les Parlements, comme Choiseul, soit pour les briser comme Maupeou.
    Pour rendre encore plus grave la question des impôts et, par contrecoup, le conflit avec les Parlements, il ne manquait qu’une nouvelle guerre. Au milieu du dix-huitième siècle, elle était fatale avec les Anglais. Aux colonies, elle n’avait jamais cessé. Dupleix fut désavoué dans l’Inde où il nous taillait un empire : ce sacrifice à la paix fut inutile. En Amérique, les colons anglais de l’Est attaquaient nos Canadiens et recevaient des secours de la métropole. Lorsque le gouvernement français alarmé voulut envoyer des renforts au Canada, nos navires furent arrêtés et saisis par la flotte anglaise. Aux observations qu’il fit à Londres, on lui répondit que les hostilités étaient déjà ouvertes. En mai 1756, la déclaration de guerre de la France devint la carte forcée par la volonté de l’Angleterre. À son corps défendant, la France se trouva engagée dans une grande lutte pour ce qu’elle ne désirait pas, ce qu’elle regardait comme secondaire : les intérêts maritimes et coloniaux, devenus les premiers du peuple anglais.
    Mais notre conflit avec l’Angleterre engendrait nécessairement une guerre générale. C’est ici que les funestes conséquences du coup de tête de 1741 apparurent. La Prusse ne songeait qu’à conserver la Silésie, l’Autriche à la reprendre. Le rapt de cette province dominait la politique de l’Europe. Dès le mois de janvier 1756, Frédéric avait signé avec George II, électeur de Hanovre, en même temps que roi d’Angleterre, un traité qui lui garantissait ses conquêtes. Dans le conflit qui s’annonçait entre la France et l’Angleterre, il prenait parti pour nos adversaires et se déclarait notre ennemi. Bon gré, mal gré, l’Autriche et la France se trouvaient rapprochées. Par le premier traité de Versailles, le mois même de notre rupture avec les Anglais, une alliance défensive était conclue entre Bourbons et Habsbourg. Un an plus tard, cette alliance se resserrait, Frédéric ayant envahi la Saxe Comme il avait envahi la Silésie et dévoilé l’ambition de la Prusse qui était de mettre sous sa dépendance tout le corps

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