Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
Vom Netzwerk:
Méditerranée, et permit notre installation en Corse, nous donnait en outre la promesse de l’alliance espagnole. Pour l’Angleterre, c’était un échec dont elle fut profondément irritée. Rien ne montre le caractère impitoyable de la lutte qu’elle avait entreprise contre nous comme la fureur avec laquelle la foule anglaise exigea la condamnation et l’exécution de l’amiral Byng.
    En dépit de ce début brillant, l’état des esprits était mauvais en France. Le conflit avec les Parlements durait toujours. Il s’aggrava lorsqu’il fallut leur demander d’enregistrer les édits qui prorogeaient des impôts temporaires et en créaient de nouveaux. Il était pourtant indispensable de trouver des ressources pour soutenir la guerre sur terre et sur mer. Dans les « pays d’états », c’est-à-dire dans les provinces qui votaient elles-mêmes leurs contributions, les assemblées et les Parlements résistèrent, et ce fut le commencement du conflit, qui devait être si long et si grave, avec les états de Bretagne. En même temps les querelles religieuses, les interminables querelles sur la bulle Unigenitus, renaissaient. Le pouvoir dut être énergique et il le fut. Il y eut un lit de justice pour les impôts, un autre pour les affaires ecclésiastiques. Le Parlement de Paris répondit par des démissions en masse qui causèrent une grande agitation : l’attentat de Damiens, quelques jours après, en fut le symptôme (janvier 1757). Le danger que le roi avait couru eut du moins pour effet d’inspirer la crainte d’un bouleversement en France. Il y eut de grandes manifestations de loyalisme. Les démissions furent reprises. Mais si l’ordre ne fut pas troublé, le désordre moral persista. Les revers de la guerre de Sept Ans allaient tomber sur un mauvais terrain, et cette double guerre contre l’Angleterre et la Prusse, si grave par ses conséquences, qui eût exigé un si grand effort de tous, fut à peine comprise. La littérature témoigne que la portée en échappait aux guides de l’opinion publique. L’état le plus général était tantôt l’indifférence, et tantôt le dénigrement.
    La guerre maritime est une affaire d’organisation. Elle veut une préparation de longue haleine. Elle veut aussi beaucoup d’argent. Trois ministres laborieux, Maurepas, Rouillé, Machault, avaient fait ce qu’ils avaient pu sans réussir à porter remède à notre infériorité navale. Cependant, avec une implacable volonté que personnifia le premier Pitt, le père du grand adversaire de Napoléon, les Anglais, après notre succès de Port-Mahon, redevinrent maîtres de la mer et purent s’emparer de nos colonies, avec lesquelles nos communications étaient coupées. Malgré une glorieuse résistance, Montcalm succomba au Canada, Lally-Tollendal aux Indes. Une à une, nos autres possessions furent cueillies par les Anglais.
    Il est plus difficile de s’expliquer que la guerre n’ait pas mieux tourné pour nous en Allemagne. On se rend compte des fautes militaires que nos généraux commirent. Mais il leur manquait, à eux aussi, le feu sacré, la conviction : on soupçonne d’Estrées d’avoir été hostile à l’alliance autrichienne, et si Frédéric II, dont cette guerre fit un héros germanique, finit par échapper à la quadruple alliance, à la formidable coalition qui l’attaquait, il ne dut pas son salut à ses talents militaires seuls mais à l’espèce de popularité que la mode philosophique et littéraire, habilement soignée, lui avait donnée jusque chez ses adversaires.
    En 1757, la Prusse, attaquée de quatre côtés à la fois, semblait sur le point de succomber. Nous avions mis hors de combat les Anglo-Hanovriens qui avaient capitulé à Closterseven. Les Anglais avaient perdu leurs moyens d’agir sur le continent, mais ils ne se sont jamais inclinés devant une défaite continentale tant qu’ils ont été maîtres de la mer. Les États de Frédéric étaient envahis par les Suédois, les Russes et les Autrichiens qui venaient d’entrer à Berlin. L’armée française, avec un contingent important que les princes allemands avaient fourni, s’avançait vers la Saxe. Frédéric, à Rosbach, bouscula les vingt mille hommes de troupes auxiliaires allemandes qui se débandèrent et battit Soubise.
    Nous avons, dans notre histoire, subi des défaites plus graves. Il n’en est pas qui aient été ressenties avec plus d’humiliation que celle de Rosbach. À cette sorte de

Weitere Kostenlose Bücher