Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
Vom Netzwerk:
constructions, les monuments et les travaux publics eux-mêmes. Si l’État, à la suite de la guerre, est tombé dans de nouveaux embarras financiers, ces embarras n’ont rien de tragique et la France en a vu de pires. Dans l’ensemble, ce dont les Français ont à se plaindre n’est que le pli d’une feuille de rose en comparaison de tant de calamités qu’ils ont subies ou qu’ils subiront. On est frappé de l’insignifiance de leurs sujets de mécontentement. Mais on est frappé d’autre chose. Les écrivains demandent des réformes. L’administration, qui devient tous les jours plus régulière, travaille à les accomplir, et elle se heurte à une opposition générale parce qu’il est impossible de rien réformer sans froisser des intérêts. Le Parlement résiste à l’autorité, refuse d’enregistrer les impôts, comme sous la Fronde. Et ces impôts quels sont-ils ? Ce sont des taxes de guerre, c’est, après le « dixième » provisoire, le « vingtième » permanent institué par le contrôleur général Machault et qui doit atteindre tout le monde, comme Louis XIV l’avait déjà voulu, sans connaître ni privilèges ni privilégiés. À deux reprises, en 1753 et en 1756, il faudra exiler, emprisonner, briser les parlementaires qui ne cèdent pas parce qu’ils se regardent comme chargés de défendre les « coutumes du royaume » parmi lesquelles les immunités fiscales des gens de robe sont les premières à leurs yeux. C’est donc, comme en politique extérieure, l’opposition qui s’attache au passé et le gouvernement qui lutte pour le progrès. On a ainsi de l’ancien régime une image fort différente de celle qui le représente comme le défenseur des privilèges fiscaux. La vérité est que l’histoire a retenu les plaintes, les colères, les mots à effet de ceux qui ne voulaient pas payer. Déjà, à la fin du règne de Louis XIV, Saint-Simon, indigné par la capitation et le dixième, qui n’épargnaient pas les grands seigneurs, les avait qualifiés d’ « exactions monstrueuses ». Il avait écrit que « le roi tirait tout le sang de ses sujets, et en exprimait jusqu’au pus ». Sous Louis XV, Mme du Deffand dira : « On taxe tout, hormis l’air que nous respirons », ce qui viendra d’ailleurs sous la Révolution, avec l’impôt des portes et fenêtre. Il faut donc prendre pour ce qu’elles valent ces lamentations que la littérature a transmises jusqu’à nous. Elles émanent des nombreuses catégories de personnes, presque toutes riches ou aisées, qui jusque-là échappaient à l’impôt ou ne payaient que ce qu’elles voulaient bien payer. Et, parmi ces personnes, les plus nombreuses appartenaient à la bourgeoisie, au tiers état, détenteur de ces offices et de ces charges de magistrature qui procuraient l’exemption. Dans les protestations contre le vingtième, la plus juste était sans doute celle où les Parlements, afin de colorer leur opposition d’un prétexte honorable, prenaient fait et cause pour la noblesse pauvre des campagnes, astreinte au service militaire.
    On comprend alors les difficultés que l’ancien régime a rencontrées au dix-huitième siècle pour mettre de l’ordre dans les finances. On comprend d’où est venu le déficit persistant. Les contemporains ont donné le change en accusant uniquement les prodigalités de la Cour. De là vient que, dans un temps où les mœurs étaient peu rigides, on se soit offusqué des favorites, Mme de Pompadour ou Mme du Barry, comme jamais on ne s’était plaint de Mme de Montespan. Alors, il parut beaucoup de livres, avec un immense succès, contre l’absolutisme. En pratique, le pouvoir, loin d’être absolu, était tenu en échec par les Parlements dont l’opposition aux réformes financières paralysait le gouvernement et lui rendait impossible l’administration du royaume.
    Louis XIV, au début de son règne, avait, d’autorité, ramené les Parlements à leur rôle judiciaire, et, comme on était au lendemain de la Fronde, l’opinion l’avait approuvé. Nous avons vu comment la Régence, ayant eu besoin des magistrats pour casser le testament de Louis XIV, les avait rappelés à la vie politique. Ils n’en profitaient pas seulement pour refuser d’enregistrer les impôts. Ils intervenaient aussi, avec une égale passion, dans les controverses religieuses. Il y avait de longues années que durait en France une dispute autour de la bulle Unigenitus, qui n’était

Weitere Kostenlose Bücher