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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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guerre Ségur voudra que les officiers soient nobles, partent de là. Le bien public, par le moyen de la monarchie agissant comme une autorité paternelle et respectant les vieux droits, les libertés, franchises et garanties, les trois ordres et les grands corps, le retour à l’ancienne constitution de la monarchie, telle qu’on l’imaginait : c’était moins des principes qu’une tendance qui paraissait se confondre sur certains points – sauf la question religieuse – avec celle des philosophes, mais qui en était l’opposé. Car, pour les philosophes, le progrès devait se réaliser par l’abolition du passé, par une législation uniforme, en un mot par le « despotisme éclairé », celui de Frédéric, de Catherine, de Joseph II, celui que concevaient un Choiseul et un Maupeou, les hommes les plus étrangers du monde à la tradition.
    Sous Louis XV, la grande affaire avait été celle des Parlements. Choiseul avait gouverné avec eux, Maupeou sans eux. Le coup d’État de Maupeou – on disait même sa révolution – était encore tout frais en 1774 et les avis restaient partagés. Mais la suppression des Parlements avait été un acte autoritaire et Louis XVI, comme le montre toute la suite de son règne, n’avait ni le sens ni le goût de l’autorité. Le nouveau roi donna tort à son grand-père. « Il trouva, dit Michelet, que le Parlement avait des titres, après tout, aussi bien que la royauté ; que Louis XV, en y touchant, avait fait une chose dangereuse, révolutionnaire. Le rétablir, c’était réparer une brèche que le roi même avait faite dans l’édifice monarchique. Turgot, en vain, lutta et réclama… Le Parlement rentra (novembre 1774) hautain, tel qu’il était parti, hargneux, et résistant aux réformes les plus utiles. »
    Ainsi, pour l’école de la tradition, la suppression des Parlements avait été une altération de la monarchie, l’indépendance de la magistrature étant une des lois fondamentales du royaume. Mais le recours aux états généraux en était une aussi. Il y avait plus d’un siècle et demi que la monarchie avait cessé de convoquer les états généraux, parce qu’ils avaient presque toujours été une occasion de désordre. L’indépendance des Parlements avait été supprimée à son tour, parce que l’opposition des parlementaires redevenait aussi dangereuse qu’au temps de la Fronde et paralysait le gouvernement. Le conflit, qui n’allait pas tarder à renaître entre la couronne et le Parlement, rendrait inévitable le recours aux états généraux. Bien qu’on ne l’ait pas vu sur le moment, il est donc clair que le retour à la tradition, qui était au fond de la pensée de Louis XVI et qui s’unissait dans son esprit à un programme de réformes, sans moyen de les réaliser, ramenait la monarchie aux difficultés dont elle avait voulu sortir sous Louis XIV et sous Louis XV.
    Ces difficultés politiques décupleraient les difficultés financières nées des deux guerres de Sept Ans, qui ne pouvaient être résolues que si la méthode de Maupeou était continuée et qui seraient accrues par les tâches que la France allait rencontrer à l’extérieur où grandissaient des forces hostiles. Qu’on y joigne l’état de l’esprit public, nourri d’utopies par la littérature, et d’une société qui, du haut jusqu’en bas, désirait changer les choses ou aspirait vaguement à changer quelque chose ; qu’on y joigne encore, jusque sur le trône, l’affaiblissement de l’idée d’autorité, et l’on aura les éléments de la Révolution qui approchait. Force est à l’histoire de noter qu’elle est venue quinze ans après le rappel des Parlements et dès le jour où furent réunis les états généraux.
    « Louis XVI, dit admirablement Sainte-Beuve, n’était qu’un homme de bien exposé sur un trône et s’y sentant mal à l’aise. Par une succession d’essais incomplets, non suivis, toujours interrompus, il irrita la fièvre publique et ne fit que la redoubler. » Car, ajoutait Sainte-Beuve, « le bien, pour être autre chose qu’un rêve, a besoin d’être organisé, et cette organisation a besoin d’une tête, ministre ou souverain… Cela manqua entièrement durant les quinze années d’essai et de tâtonnements accordées à Louis XVI. Les personnages, même les meilleurs, qu’il voulut se donner d’abord pour auxiliaires et collaborateurs dans son sincère amour du peuple étaient imbus des

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