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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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de la Lombardie. À la place des Bourbons de Naples, il installait son frère Joseph. Il reprenait Venise à l’Autriche et les anciennes possessions de la République vénitienne jusqu’à l’Albanie. L’Autriche assujettie, considérablement réduite, expulsée d’Allemagne, n’était plus qu’un chemin de communication vers Constantinople. C’était là que Napoléon voulait frapper les Anglais.
    Alors commençait la tâche impossible. Pour exécuter un si vaste projet, il fallait dominer toute l’Europe. Partie de la conquête de la Belgique, la Révolution était conduite à des entreprises démesurées. Ni le génie militaire de Napoléon ni ses combinaisons politiques ne devaient y suffire. La logique même de ses desseins le poussait à de dangereux remaniements de la carte, à des agrandissements toujours plus considérables de l’État prussien, qu’il espérait retenir dans son alliance en lui promettant le Hanovre enlevé au roi d’Angleterre. Disposant à son gré de l’Allemagne, il y détruisait les derniers restes de l’Empire et de sa Constitution élective jadis garantie par la France, y taillait des royaumes distribués à ses parents, comme il mettait son frère Joseph à Naples et son frère Louis en Hollande. Bavière, Wurtemberg, Bade, Hesse-Darmstadt formaient une Confédération du Rhin sous sa présidence, c’est-à-dire une barrière contre les Russes, barrière couverte elle-même par la Prusse, bastion avancé, chargée en outre de fermer la Baltique aux Anglais. Pendant les premiers mois de 1806, maître de l’Allemagne, Napoléon parut si puissant que ses ennemis hésitèrent. L’empereur Alexandre se demandait une première fois s’il ne ferait pas mieux de s’entendre avec l’empereur des Français pour partager avec lui l’Empire turc. L’Angleterre, reprise d’un accès de faiblesse, songeait à la paix. Pitt l’irréconciliable mourait, mais Fox le pacifique mourait à son tour et, de toutes ces velléités, il ne résultait qu’un vaste gâchis diplomatique où Napoléon lui-même s’embarrassait et se créait de nouveaux ennemis.
    Alexandre ler, au dernier moment, s’était ravisé. Il avait refusé de signer le traité négocié par Oubril et dont les frais devaient être payés par l’Espagne, les Baléares indemnisant les Bourbons de Naples. Cette tractation fut aussitôt dévoilée par les Russes et les Anglais à la cour de Madrid, déjà démoralisée par Trafalgar et qui, se voyant dupe, fut enlevée à notre alliance : la conquête de l’Espagne s’imposera bientôt au système napoléonien. Pour tenter l’Angleterre, Napoléon avait promis de restituer le Hanovre au roi George. Avec la même perfidie, ce marché fut révélé par les Anglais à la Prusse qui, peu de temps avant, s’était déjà rapprochée du tsar. Alors le « parti français » de Berlin fut emporté, avec les craintes de Frédéric-Guillaume, par un mouvement d’une forme, nouvelle qui annonçait le soulèvement de 1813, un nationalisme de la jeunesse intellectuelle dont les origines se trouvaient dans les idées de la Révolution française. Ainsi, au moment où Napoléon croyait préparer la paix en dominant l’Europe centrale, un autre adversaire se présentait, la Prusse, que la France s’était obstinée si longtemps à considérer comme son alliée naturelle.
    La réplique de Napoléon fut foudroyante. Avant que la Russie fût en mesure de la secourir, l’armée prussienne, qui vivait encore sur la réputation de Frédéric, fut écrasée à Iéna (octobre 1806), comme les Autrichiens l’avaient été à Ulm. En quelques semaines, Napoléon fut maître de la plus grande partie de la Prusse, soudainement effondrée, tandis que son roi et sa reine se réfugiaient à Kœnigsberg. Il était déjà entré à Vienne et il entrait à Berlin. Puisque la Prusse refusait de servir sa politique, il ferait de l’Allemagne du Nord ce qu’il avait fait de la Confédération du Rhin : une annexe de son Empire, il fermerait lui-même les ports de la Baltique et, avec eux, toute l’Europe au commerce anglais ; c’est de Berlin que fut daté le blocus continental, destiné à venir à bout de l’Angleterre et qui ne conduirait la France qu’à des efforts démesurés sans que rien fût jamais résolu. Après Ulm, il avait fallu Austerlitz ; après Austerlitz, Iéna. Après Iéna, il fallut s’enfoncer plus loin à l’est, passer la Vistule, aller chercher les

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