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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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abîme, comme au temps de la Ligue, puisqu’elle veut un gouvernement qui gouverne et qui ne soit pas celui d’une sorte de grand vizir, il ne reste qu’une solution : le gouvernement personnel du roi. Voilà comment le règne de Louis XIV est sorti de la Fronde.
    De 1653 à 1661, cette pensée mûrit. Louis XIV, qui devient homme, réfléchit, forme ses idées. C’est une transition où se prépare ce qui va suivre. Le calme revient, l’autorité se rétablit et cette autorité sera celle du roi. Le changement qui se produit et le besoin de l’époque ont été admirablement rendus par la légende. Louis XIV n’est pas entré au Parlement un fouet à la main. Il n’a pas dit : « L’État c’est moi. » C’est pourtant le sens de son avertissement aux magistrats, toujours démangés de désobéissance, lorsque, ayant appris qu’ils refusaient d’enregistrer des édits présentés par lui le même jour, il revint en hâte de la chasse et leur parla un langage sévère. Mais le mot « l’État c’est moi », était celui de la situation. Il sera vrai quelques années plus tard. Il ne l’était pas encore lorsque le Roi n’avait que dix-sept ans et Mazarin dut calmer le Parlement, toujours pénétré de son importance et fâché de l’algarade.
    L’étonnant, c’est que, dans sa grande faiblesse, la France ait pu continuer sa politique et en finir avec la guerre d’Espagne. Il est vrai que, prêté pour rendu, Mazarin soutenait la révolution du Portugal comme les Espagnols aidaient la Fronde. Et puis, le traité de Westphalie jouait en notre faveur. Plus d’inquiétude du côté de l’Allemagne. Si Mazarin ne put empêcher l’élection de Léopold de Habsbourg après la mort de Ferdinand, il noua avec une douzaine de princes allemands l’alliance connue sous le nom de Ligue du Rhin qui suffisait à paralyser l’Empire. Enfin Mazarin rechercha l’amitié de Cromwell bien que la France eût donné asile aux Stuarts. Après l’exécution de Charles ler, oncle de Louis XIV, ni la monarchie française ni la monarchie espagnole n’avaient protesté ni même rompu les relations diplomatiques parce que l’une et l’autre désiraient le concours de l’Angleterre. L’indifférence aux idées et aux régimes était telle que ce fut même la Hollande républicaine qui, pour ses intérêts maritimes, entra en lutte avec la République anglaise. Dans le conflit de la France et de l’Espagne, l’Angleterre, comme au siècle précédent, était l’arbitre. Cromwell opta pour la France parce qu’il trouva bon de ruiner la marine des Espagnols et de leur prendre des colonies : les rivalités coloniales commençaient à exercer leur influence sur la politique de l’Europe.
    Le concours anglais, bien que très faible au point de vue militaire, fit pencher la balance en notre faveur. La guerre avec l’Espagne, cette guerre de plus de vingt ans, qui languissait, se ranima, surtout en Flandre. Turenne se retrouva en face de Condé, toujours au camp espagnol, et le battit près de Dunkerque aux dunes. Ce fut la fin. Le traité des Pyrénées fut signé entre la France et l’Espagne en 1659. Et cette paix, autant que la différence des situations le permettait, fut calquée sur celle de Westphalie. Nos acquisitions étaient importantes : le Roussillon et la Cerdagne, une partie de l’Artois, quelques places en Flandre, en Hainaut et en Luxembourg. Mais, dans cette politique de progression modérée qui était la vraie tradition capétienne reprise par Richelieu, l’accroissement de la sécurité ne comptait pas moins que celle du territoire. Il s’agissait toujours d’empêcher la réunion de l’Autriche et de l’Espagne. En manœuvrant pour que Louis XIV épousât l’aînée des infantes, Mazarin empêchait le mariage de Marie-Thérèse avec l’empereur Léopold, mariage qui eût ramené le vieux péril de Charles Quint. Léopold épousa une autre fille de Philippe IV, mais il n’était plus que cohéritier d’Espagne avec le roi de Franee. En outre, par une clause du contrat, Marie-Thérèse n’abandonnait ses droits à la succession de la couronne d’Espagne que « moyennant » une dot qui ne devait jamais être payée. Nos espérances sur la Flandre, à laquelle nous avions dû renoncer pour la plus grande part, restaient donc ouvertes, et nous pourrions, si le cas se présentait, – et il se présentera, – nous opposer au transfert à l’Autriche de la succession

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