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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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espagnole. Ainsi, onze ans après le traité de Westphalie, celui des Pyrénées ne nous laissait plus sur le continent d’ennemi redoutable, et, par cette élimination des deux dangers, l’allemand et l’espagnol, plus que par ses conquêtes, la France devenait ce qu’elle n’avait jamais été jusque-là, c’est-à-dire la première des puissances d’Europe.
    Il est aussi vain de contester la part de Mazarin dans ce succès que de chercher à la calculer exactement. Il a continué Richelieu. Il avait compris sa pensée. Il a réussi dans des conditions difficiles, malgré la France, et cet Italien a été plus constamment Français que Turenne et Condé. On ne lui a pas pardonné d’avoir aimé l’argent et d’avoir empli ses poches. Des services qu’il rendait, il se payait lui-même, Ce n’était pas délicat. D’une autre façon, des ministres intègres mais maladroits ont coûté plus cher.
    En 1661, lorsque Mazarin meurt et que la véritable majorité du roi commence, tout est réuni au-dedans et au-dehors pour un grand règne. Cependant les choses, en France, étaient encore loin d’aller pour le mieux. Comme disait le préambule d’une ordonnance du temps, le désordre était « si universel et si invétéré que le remède en paraissait presque impossible ». Dans ce désordre, si les puissances féodales avaient été abaissées, les puissances d’argent avaient grandi. Les financiers, les traitants, habiles à mettre les gens de lettres de leur côté, et, par eux, l’opinion publique, étaient devenus un pouvoir inquiétant pour l’État : le procès de Fouquet sera l’acte par lequel Louis XIV, à son début, établira son autorité. Il s’agit, pour le roi, de gouverner lui-même, comme la nation, qui ne veut plus du « ministériat », le demande. Il s’agit, à l’extérieur, de conserver les progrès réalisés, ce qui sera aussi difficile qu’il l’a été de les obtenir, de même qu’il est plus difficile de garder une fortune que de la gagner. À la fin, et dans l’ensemble, Louis XIV aura été égal à ces tâches. Et pour expliquer son œuvre, sa politique, son esprit, son caractère, un mot suffit et ce mot est encore du sagace Sainte-Beuve : « Louis XIV n’avait que du bon sens, mais il en avait beaucoup. » C’est pourquoi l’école classique, l’école de la raison, qui s’épanouit au moment où il devient le maître, s’est reconnue en lui. On dirait que, dans tous les domaines, la leçon de la Fronde a porté.

Chapitre 13 Louis XIV
    Le long règne de Louis XIV – plus d’un demi-siècle –, qui ne commence vraiment qu’à la mort de Mazarin, a un trait principal dominant : une tranquillité complète à l’intérieur. Désormais, et jusqu’à 1789, c’est-à-dire pendant cent trente années, quatre générations humaines, c’en sera fini de ces troubles, de ces séditions, de ces guerres civiles dont le retour incessant désole jusque-là notre histoire. Ce calme prolongé joint à l’absence des invasions, rend compte du haut degré de civilisation et de richesse, auquel la France parvint. L’ordre au-dedans, la sécurité au-dehors – ce sont les conditions idéales de la prospérité. La France en a remercié celui qu’elle appela le grand roi par une sorte d’adoration qui a duré longtemps après lui. Voltaire, avec son Siècle de Louis XIV, est dans le même état d’esprit que les contemporains des années qui suivirent 1660. Il souligne, comme le fait qui l’a le plus frappé et qui est aussi le plus frappant : « Tout fut tranquille sous son règne. » Le soleil de Louis XIV illuminera le règne de Louis XV. Et ce n’est que plus tard encore, après quinze ans du règne de Louis XVI, que le charme sera rompu, que nous entrerons dans un nouveau cycle de révolutions.
    Avec Louis XIV, le roi règne et gouverne. La monarchie est autoritaire. C’est ce que souhaitent les Français. Puisqu’ils ne veulent ni des Ligues, ni des Frondes, ni du « ministériat », le gouvernement personnel du roi est l’unique solution. Dès que l’idée du jeune souverain fut comprise, elle fut populaire, elle fut acclamée. De là ce concert de louanges que la littérature nous a transmis, cet enthousiasme, qui étonne quelquefois, chez les esprits les plus libres et les plus fiers, et qu’on prend à tort pour de la flatterie. La France, comme sous Henri IV, s’épanouit de bonheur dans cette réaction. Sous toutes les formes,

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