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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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espérait, être libre sous le protectorat de la France, trouva notre domination plus dure, et regretta de nous avoir appelés ou soutenus. Dumouriez, qui avait des projets d’indépendance pour les Flamands, et d’ambition pour lui-même, vint à Paris se plaindre de cette conduite impolitique à l’égard des pays conquis. Il changea sa marche jusque-là équivoque. Il n’avait rien oublié pour se ménager entre les deux factions   ; il ne s’était rangé sous la bannière d’aucune, espérant se servir de la droite par son ami Gensonné, de la Montagne par Danton et Lacroix, et d’en imposer à l’une et à l’autre par ses victoires. Mais dans ce second voyage il essaya d’arrêter les Jacobins et de sauver Louis XVI   : n’ayant pas pu en venir à bout, il se rendit à l’armée pour commencer la seconde campagne, très-mécontent et décidé à faire servir de nouvelles victoires à suspendre la révolution et à changer son gouvernement.
    Toutes les frontières de la France devaient être attaquées cette fois par les puissances de l’Europe. Les succès militaires de la révolution et la catastrophe du 21 janvier avaient fait entrer dans la coalition la plupart des gouvernements encore indécis ou neutres. L’Angleterre, disposée depuis long-temps à une rupture, saisit cette occasion de paraître sur le théâtre des hostilités. La tour de Londres était armée, une flotte à Spithead était prête à mettre à la voile, le ministère avait obtenu quatre-vingts millions extraordinaires, et Pitt allait profiter de notre révolution pour assurer la prépondérance de la Grande-Bretagne, comme Richelieu et Mazarin avaient profité de la crise de l’Angleterre, en 1640, pour établir la domination française en Europe. Le cabinet de Saint-James n’était dirigé que par des motifs d’intérêt anglais   : la consolidation de son pouvoir dans son propre pays, l’empire exclusif dans l’Inde et sur les mers   ; l’achèvement de la révolution coloniale commencée contre lui, et qu’il importait de rendre commune aux autres puissances maritimes, afin de servir d’intermédiaires entre les deux mondes, devenus indépendants l’un de l’autre   ; tels étaient les résultats qu’il espérait de ce grand choc continental.
    En apprenant la mort de Louis XVI, le cabinet de Saint-James renvoya le ministre Chauvelin, et entraîna dans sa rupture la Hollande, qui, depuis 1788, était entièrement subordonnée à l’Angleterre. Il fit en même temps un appel à la seconde levée de la coalition. L’Espagne venait d’éprouver un changement ministériel   : le fameux Godoï, duc d’Alcudia, et depuis prince de la Paix, avait été placé à la tête du gouvernement par une intrigue de l’Angleterre et de l’émigration. Cette puissance rompit avec la république, après avoir vainement intercédé pour Louis XVI, et mis sa neutralité au prix de la vie du roi. La confédération germanique adhéra tout entière à la guerre   : la Bavière, la Souabe et l’électeur Palatin se joignirent aux cercles belligérants de l’Empire. Naples suivit l’exemple du Saint-Siège, qui s’était déjà déclaré   ; et il ne resta plus d’états neutres que la Suisse, la Suède, le Danemarck et la Turquie. La Russie était encore occupée du second partage de la Pologne.
    La république eut ses flancs menacés par les troupes les plus aguerries de l’Europe. Il lui fallut bientôt combattre quarante-cinq mille Austro-Sardes, aux Alpes   ; cinquante mille Espagnols, aux Pyrénées   ; soixante-dix mille Autrichiens ou Impériaux, renforcés de trente-huit mille Anglo-Bataves, sur le bas Rhin et en Belgique   ; trente-trois mille quatre cents Autrichiens, entre Meuse et Moselle   ; cent douze mille six cents Prussiens, Autrichiens et Impériaux, sur le moyen et haut Rhin. Pour faire face à tant d’ennemis, la convention décréta une levée de trois cent mille hommes. Cette mesure de défense extérieure fut accompagnée d’une mesure de parti pour l’intérieur. Au moment où les bataillons nouveaux quittèrent Paris, et se présentèrent à l’assemblée, la Montagne demanda l’établissement d’un tribunal extraordinaire pour soutenir au-dedans la révolution, que des bataillons allaient défendre sur les frontières. Ce tribunal, composé de neuf membres, devait juger sans jury et sans appel. Les Girondins s’élevèrent de toute leur force contre une institution aussi

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