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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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Jacobins, contre l’aristocratie des bourgeois, des commerçants et des hommes d’état (c’est ainsi qu’il appelait les Girondins), c’est-à-dire contre tous ceux qui, dans la nation ou dans l’assemblée, s’opposaient encore au règne des Sans-culottes et des Montagnards. Il y avait quelque chose d’effrayant dans le fanatisme et l’invincible obstination de ces sectaires. Le nom donné par eux aux Girondins depuis le commencement de la convention, était celui d’intrigants, à cause des moyens ministériels, et un peu sourds, avec lesquels ils combattaient dans les départements la conduite audacieuse et publique des Jacobins.
    Aussi les dénonçaient-ils régulièrement dans le club. « À Rome, un orateur disait tous les jours   : Il faut détruire Carthage. Eh bien   ! qu’un Jacobin monte tous les jours à cette tribune pour dire ces seuls mots   : Il faut détruire les intrigants. Eh   ! qui pourrait nous résister   ? nous combattons le crime et le pouvoir éphémère des richesses   ; mais nous avons pour nous la vérité, la justice, la pauvreté, la vertu… Avec de telles armes bientôt les Jacobins diront   : « Nous n’avons fait que passer, ils n’étaient déjàplus. » Marat, qui avait beaucoup plus d’audace que Robespierre dont la haine et les projets se cachaient encore sous certaines formes, était le patron de tous les dénonciateurs et de tous les anarchistes. Beaucoup de Montagnards l’accusaient de compromettre leur cause par la fougue de ses conseils, et par des excès intempestifs   ; mais le peuple jacobin entier le soutenait même contre Robespierre, qui, dans ses dissidences avec lui, obtenait rarement l’avantage. Le pillage, recommandé en février dans L’Ami du peuple à l’égard de quelques marchands, pour servir d’exemple, eut lieu, et Marat fut dénoncé à la convention, qui le décréta d’accusation après une séance très-orageuse. Mais ce décret n’eut pas de suite, parce que les tribunaux ordinaires n’avaient aucune autorité. Ce double essai de force d’une part, et de faiblesse de l’autre, se fit dans le courant du mois de février. Bientôt des événements plus décisifs encore conduisirent les Girondins à leur perte.
    La situation militaire de la France avait été jusque-là rassurante. Dumouriez venait de couronner la brillante campagne de l’Argonne par la conquête de la Belgique. Après la retraite des Prussiens, il s’était rendu à Paris pour y concerter l’invasion des Pays-Bas autrichiens. De retour à l’armée le 20 octobre 1792, il avait commencé l’attaque le 28. Le plan essayé avec si peu d’à-propos, de forces et de succès au commencement de la guerre, fut repris et exécuté avec des moyens supérieurs. Dumouriez, à la tête de l’armée de la Belgique, forte de quarante mille hommes, marcha de Valenciennes sur Mons, appuyé à sa droite par l’armée des Ardennes, d’environ seize mille hommes, sous le général Valence, qui se dirigea de Givet sur Namur   ; et à sa gauche par l’armée du Nord, forte de dix-huit mille hommes, sous le général Labourdonnaie, qui s’avança de Lille sur Tournai. L’armée autrichienne, postée en avant de Mons, attendit la bataille dans ses retranchements. Dumouriez la défit complètement   ; et la victoire de Jemmapes ouvrit la Belgique aux Français, et recommença en Europe l’ascendant de nos armes. Vainqueur le 6 novembre, Dumouriez entra le 7 dans Mons, le 14 à Bruxelles, le 28 à Liège   ; Valence prit Namur, Labourdonnaie s’empara d’Anvers, et au milieu de décembre l’invasion des Pays-Bas fut entièrement achevée. L’armée française, maîtresse de la Meuse et de l’Escaut, prit ses quartiers d’hiver, après avoir jeté derrière la Roër les Autrichiens qu’elle aurait pu jeter derrière le bas Rhin.
    Dès ce moment commencèrent les hostilités de Dumouriez avec les Jacobins. Un décret de la convention, du 15 décembre, abrogeait les usages belges, et organisait ce pays démocratiquement. Les Jacobins envoyèrent de leur côté des agents en Belgique pour y propager la révolution, pour y établir des clubs sur le modèle de la société-mère   ; et les Flamands, qui nous avaient reçus avec enthousiasme, furent refroidis par les réquisitions dont on les frappa, par le pillage général et l’anarchie insupportable que les Jacobins amenèrent avec eux. Tout le parti qui avait combattu la domination autrichienne, et qui

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