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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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Saint-Florens, et prirent d’abord pour chefs, sur divers points, le voiturier Cathelinau, l’officier de marine Charrette et le garde-chasse Stofflet. En peu de temps l’insurrection gagna tout le pays   ; neuf cents communes se soulevèrent au son du tocsin, et alors les chefs nobles Bonchamps, Lescure, La Rochejacquelin, d’Elbée, Talmont, se joignirent aux autres. Les troupes de ligne et les bataillons de garde nationale qui marchèrent contre les insurgés, furent battus. Le général Marcé fut culbuté à Saint-Vincent, par Stofflet   ; le général Gauvilliers, à Beaupréau, par d’Elbée et Bonchamps   ; le général Quetineau, aux Aubiers, par La Rochejacquelin   ; et le général Ligonnier, à Cholet. Les Vendéens, devenus maîtres de Châtillon, de Bressuire, de Vihiers, songèrent, avant de pousser leurs avantages plus loin, à se donner une sorte d’organisation. Ils formèrent trois corps de dix à douze mille hommes chacun, d’après la distribution du territoire vendéen en trois commandements   : le premier, sous Bonchamps, tint les bords de la Loire, et reçut le nom d’armée d’Anjou   ; le second, placé au centre, forma la grande armée, sous d’Elbée   ; le troisième, dans la Basse-Vendée, devint l’armée du Marais, sous Charette. Les insurgés établirent un conseil pour décider des opérations, et élurent Cathelineau généralissime. Ces arrangements et cette distribution du pays permirent d’enrégimenter les insurgés, et de les renvoyer à leurs champs, ou de les rappeler sous les drapeaux.
    L’annonce de ce soulèvement formidable fit prendre à la convention des mesures encore plus rigoureuses contre les prêtres et les émigrés. Elle mit hors la loi les prêtres et les nobles qui participeraient à un attroupement   ; elle désarma tous ceux qui avaient appartenu à la classe privilégiée. Les anciens émigrés furent bannis pour toujours   ; ils ne purent pas rentrer, sous peine de mort   : leurs biens furent confisqués. Sur chaque porte de maison dut se trouver le nom de tous ceux qui l’habitaient   ; et le tribunal révolutionnaire, qui avait été ajourné, commença ses redoutables fonctions.
    On apprit en même temps, et coup sur coup, de nouveaux désastres militaires. Dumouriez, de retour à l’armée de la Belgique, concentra ses forces pour résister au général autrichien, prince de Cobourg. Ses troupes étaient découragées, et manquaient de tout   ; il écrivit à la convention une lettre menaçante contre les Jacobins, qui le dénoncèrent. Après avoir redonné à son armée une partie de son ancienne confiance, par quelques avantages de détails, il hasarda une action générale à Nervinde   ; il perdit la bataille. La Belgique fut évacuée   ; et Dumouriez, placé entre les Autrichiens et les Jacobins, battu par les uns, poursuivi par les autres, recourut au coupable moyen d’une défection pour réaliser ses anciens projets. Il eut des conférences avec le colonel Mack, et il convint avec les Autrichiens de marcher sur Paris pour rétablir la monarchie, tandis qu’il les laisserait sur la frontière, en leur livrant plusieurs places fortes comme garantie. Il est probable que Dumouriez voulait mettre sur le trône constitutionnel le jeune duc de Chartres, qui s’était illustré pendant toute cette campagne   ; tandis que le prince de Cobourg espérait que, si la contre-révolution parvenait à ce point, elle serait poussée plus loin, et rétablirait le fils deLouis XVI et l’ancienne monarchie. Une contre-révolution ne s’arrête pas plus qu’une révolution   ; dès quelle est commencée, il faut qu’elle s’épuise. Les Jacobins furent bientôt instruits des dispositions de Dumouriez   ; il les cachait avec assez peu de soin, soit qu’il voulût tenter ses troupes, soit qu’il voulût effrayer ses ennemis, soit qu’il s’abandonnât à la légèreté de son naturel. Pour s’en assurer davantage encore, le club des jacobins envoya en députation auprès de lui trois des siens, nommés Proly, Péreira et Dubuisson. Admis en présence de Dumouriez, ils obtinrent de lui plus d’aveux qu’ils n’en attendaient. « La convention, dit-il, est une assemblée de sept cent trente-cinq tyrans. Tant que j’aurai quatre pouces de fer, je ne souffrirai pas qu’elle règne et qu’elle verse le sang, avec le tribunal révolutionnaire qu’elle vient de créer. Quant à la république, ajouta-t-il, c’est un

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