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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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législative, et Bouillé en se déclarant contre l’assemblée constituante. À cette époque, un général eût-il réuni la fermeté de Bouillé au patriotisme et à la popularité de la Fayette, aux victoires et aux «ressources de Dumouriez, il eût échoué comme eux. La révolution, avec le mouvement qui lui était imprimé, devait être plus forte que les partis, que les généraux et que l’Europe. Dumouriez passa dans le camp autrichien avec le duc de Chartres, le colonel Thouvenot et deux escadrons de Berchiny   ; le reste de son armée vint dans le camp de Famars, se réunir aux troupes commandées par Dampierre.
    La convention, en apprenant l’arrestation des commissaires, s’établit en permanence, déclara Dumouriez traître à la patrie, autorisa tout citoyen à lui courir sus, mit sa tête à prix, décréta le fameux comité de salut public, et bannit de la république le duc d’Orléans et tous les Bourbons. Quoique les Girondins eussent, dans cette circonstance, attaqué Dumouriez aussi vivement que les Montagnards, on les accusa d’être complices de sa défection, et ce fut un nouveau grief ajouté à tous les autres. Leurs ennemis devenaient de jour en jour plus puissants, et c’était dans les moments de dangers publics qu’ils étaient surtout redoutables. Jusque-là, dans la longue lutte qui s’était établie entre les deux partis, ils l’avaient emporté sur tous les points   ; ils avaient arrêté les poursuites contre les massacres de septembre   ; ils avaient fait maintenir les usurpations de la commune   ; ils avaient obtenu d’abord le jugement, puis la mort de Louis XVI   ; par leurs menées, les pillages de février et la conspiration du 10 mars étaient demeurés impunis   ; ils avaient fait décréter le tribunal révolutionnaire, malgré les Girondins   ; à force de dégoûts, ils avaient chassé Roland du ministère   ; ils venaient de triompher de Dumouriez. Il ne leur restait plus qu’à enlever aux Girondins leur dernier asile, l’assemblée   ; c’est ce qu’ils commencèrent le 10 avril, et ce qu’ils achevèrent le 2 juin.
    Robespierre poursuivit nominativement Brissot, Guadet, Vergniaud, Pétion, Gensonné, dans la convention   ; Marat les dénonça dans les sociétés populaires. Il écrivit en qualité de président des Jacobins une adresse aux départements, dans laquelle il invoquait le tonnerre des pétitions et des accusations contre les traîtres et les délégués infidèles qui avaient voulu sauver le tyran en votant l’appel au peuple ou la réclusion. La droite et la Plaine de la convention sentirent qu’il fallait se réunir. Marat fut envoyé devant le tribunal révolutionnaire. Cette nouvelle mit en rumeur les clubs, la multitude et la commune. En représailles, le maire Pache vint, au nom de trente-cinq sections et du conseil général, demander l’expulsion des principaux Girondins. Le jeune Boyer-Fonfrède demanda d’être compris dans la proscription de ses collègues, et les membres de la droite et de la Plaine se levèrent, en criant   : Tous   ! tous   ! Cette pétition, quoique déclarée calomnieuse, fut une première attaque du dehors contre la convention, et elle prépara les esprits à la ruine de la Gironde.
    L’accusation de Marat fut loin d’intimider les Jacobins, qui l’accompagnèrent au tribunal révolutionnaire. Marat fut acquitté et porté en triomphe dans l’assemblée. Depuis ce moment les avenues de la salle furent occupées par d’audacieux sans-culottes, et les tribunes des Jacobins envahirent celles de la convention. Les clubistes et les tricoteuses de Robespierre interrompirent sans cesse les orateurs de la droite, et troublèrent les délibérations   ; tandis qu’au-dehors on rechercha toutes les occasions de se défaire des Girondins. Heuriot commandant de la section des Sans-Culottes, y excita les bataillons prêts à partir pour la Vendée. Guadet vit alors qu’il ne fallait plus s’arrêter à des plaintes, à des discours   ; il monte à la tribune   : « Citoyens, dit-il, pendant que les hommes vertueux se bornent à gémir sur les malheurs de la patrie, les conspirateurs s’agitent pour la perdre. Comme César, ils disent   : Laissons-les dire, et agissons   ! Eh bien   ! agissez aussi. Le mal est dans l’impunité des conjurés du 10 mars, le mal est dans l’anarchie, le mal est dans l’existence des autorités de Paris, autorités avides à-la fois d’argent et de

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