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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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vain mot   ; j’y ai cru trois jours   : depuis Jemmapes, j’ai regretté tous les succès que j’ai obtenus pour une aussi mauvaise cause. Il n’y a qu’un moyen de sauver la patrie, c’est de rétablir la constitution de 1791 et un roi. – Y songez-vous, général   ? lui dit Dubuisson   : les Français ont en horreur la royauté et le seul nom de Louis. – Eh qu’importe que ce roi s’appelle Louis, Jacques ou Philippe   ? – Et vos moyens, quels sont-ils   ? – Mon armée… oui, mon armée   ; elle le fera, et de mon camp, ou du sein d’une place forte, elle dira qu’elle veut un roi. – Mais votre projet compromet le sort des prisonniers du Temple. – Le dernier des Bourbons serait tué, même ceux de Coblentz, que la France n’en aurait pas moins un roi   ; et si Paris ajoutait ce meurtre à ceux dont il s’est déjà déshonoré, je marcherais à l’instant sur Paris. » Après s’être déclaré avec aussi peu de précaution, Dumouriez se livra à l’exécution de son impraticable dessein. Il se trouvait dans une position véritablement difficile   : ses soldats avaient pour lui beaucoup d’attachement, mais ils étaient aussi dévoués à leur patrie. Il fallait donner des places fortes dont il n’était pas le maître, et il était à croire que les généraux sous ses ordres feraient à son égard, par fidélité à la république, ou par ambition, ce qu’il avait fait lui-même à l’égard de La Fayette. Sa première tentative ne fut pas encourageante. Après s’être établi à Saint-Amand, il voulut s’emparer de Lille, de Condé, de Valenciennes   ; mais il échoua dans cette entreprise. Ce mauvais succès lui donna de l’hésitation, et ne lui permit point de prendre l’initiative de l’attaque.
    Il ne fut pas de même de la convention   ; elle agit avec une promptitude, une hardiesse, une fermeté, et surtout avec une précision, dans son but, qui devait la rendre victorieuse. Quand on sait ce qu’on veut, et qu’on le veut vite et bien, on l’emporte toujours   ; c’est ce qui manquait à Dumouriez, ce qui arrêta son audace, et ébranla ses partisans. Dès que la convention fut instruite de ses projets, elle le manda à sa barre   ; il refusa d’obéir, sans lever encore l’étendard de la révolte. La convention envoya aussitôt les quatre représentants Camus, Quinette, Lamarque, Bancal et le ministre de la guerre, Beurnonville, pour le traduire devant elle, ou l’arrêter au milieu de son armée. Dumouriez reçut les commissaires à la tête de son état-major   ; ils lui présentèrent le décret de la convention   ; il le lut, et le leur rendit, en disant que l’état de son armée ne lui permettait point de la quitter. Il offrit sa démission, et promit, dans un temps calme, de demander lui-même des juges, et de rendre compte de ses desseins et de sa conduite. Les commissaires l’engagèrent à se soumettre, en lui citant l’exemple des anciens généraux romains. « Nous nous méprenons toujours sur nos citations, répondit-il, et nous défigurons l’histoire romaine, en donnant pour excuse à nos crimes l’exemple de leurs vertus. Les Romains n ’ ont pas tué Tarquin, les Romains avaient une république réglée et de bonnes lois   ; ils n’avaient ni club des Jacobins, ni tribunal révolutionnaire. Nous sommes dans un temps d’anarchie   ; des tigres veulent ma tête, et je ne veux pas la leur donner. – Citoyen général, dit alors Camus, voulez-vous obéir au décret de la convention nationale, et vous rendre à Paris   ? – Pas dans ce moment. – Eh bien   ! je vous déclare que je vous suspends de vos fonctions   ; vous n’êtes plus général, et j’ordonne qu’on s’empare de vous. – Ceci est trop fort   ! » dit Dumouriez, et il fit arrêter par des hussards allemands les commissaires, qu’il livra aux Autrichiens comme otages. Après cet acte de révolte, il n’y avait plus à hésiter. Dumouriez fit une nouvelle tentative sur Condé, mais elle ne réussit pas mieux que la première   ; il voulut entraîner l’armée dans sa défection, mais elle l’abandonna. Les soldats devaient préférer long-temps encore la république à leur général   : l’attachement à la révolution était dans toute sa ferveur, et la puissance civile dans toute sa force. Dumouriez éprouva, en se déclarant contre la convention, le sort qu’avait éprouvé La Fayette en se déclarant contre l’assemblée

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