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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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domination. Citoyens, il en est temps encore   : vous pouvez sauver la république et votre gloire compromise. Je propose de casser les autorités de Paris, de remplacer dans les vingt-quatre heures la municipalité par les présidents des sections, de réunir les suppléants de la convention à Bourges dans le plus court délai, et d’envoyer ce décret aux départements par des courriers extraordinaires. » Cette motion de Guadet surprit un moment la Montagne. Si les mesures qu’il proposait avait été adoptées sur-le-champ, c’en était fait de la domination de la commune et des projets des conspirateurs   ; mais il est probable aussi que les partis se seraient agités, que la guerre civile se serait étendue, que la convention eût été dissoute par l’assemblée de Bourges, tout centre d’action détruit, et que la révolution n’eût pas été assez forte contre les luttes intérieures et les attaques de l’Europe   : c’est ce que craignit le parti modéré de l’assemblée. Dans la peur de l’anarchie, si l’on n’arrêtait pas la commune   ; de la contre-révolution, si l’on comprimait trop la multitude, il aurait voulu maintenir la balance entre les deux extrémités de la convention. Ce parti composait les comités de sûreté générale et de salut public   ; il était dirigé par Barrère, qui, comme tous les esprits justes et les caractères faibles, fut pour la modération, tant que la peur ne fit pas de lui un instrument de cruauté et de tyrannie. Au lieu des mesures décisives de Guadet, il proposa de nommer une commission extraordinaire de douze membres, chargée d’examiner la conduite de la municipalité, de rechercher les auteurs des complots ourdis contre la représentation nationale, et de s’assurer de leurs personnes. Ce terme moyen fut adopté   ; mais il laissait subsister la commune, et la commune devait triompher de la convention.
    La commission des douze jeta l’alarme chez les membres de la commune par ses recherches   ; elle découvrit une nouvelle conjuration, qui devait éclater le 22 mai   ; fit arrêter quelques conspirateurs, et entre autres le substitut du procureur de la commune, Hébert, auteur du Père Duchesne, qu’on saisit au sein même de la municipalité. La commune, d’abord stupéfaite, se mit en mesure de combattre. Dès ce moment, il ne fut plus question de complots, mais d’insurrections. Le conseil général, encouragé par les Montagnards, s’entoura des agitateurs de la capitale   ; il fit répandre le bruit que les douze voulaient épurer la convention, et remplacer le tribunal qui avait acquitté Marat par un tribunal contre-révolutionnaire. Les Jacobins, les Cordeliers, les sections, se mirent en permanence. Le 26 mai, l’agitation commença à se faire sentir   ; le 27, elle devint assez forte pour que la commune pût ouvrir l’attaque. Elle se présenta à la convention, et demanda la liberté d’Hébert et la suppression des douze   ; elle était suivie de députés des sections, qui exprimaient le même vœu, et la salle était entourée de rassemblements considérables. La section de la Cité osa même demander que les douze fussent traduits devant le tribunal révolutionnaire. Isnard, président de l’assemblée, leur répondit d’un ton solennel   : « Écoutez ce que je vais vous dire. Si jamais la convention était avilie   ; si jamais, par une de ces insurrections qui se renouvellent depuis le 10 mars, et dont les magistrats n’ont pas averti l’assemblée, il arrivait qu’on portât atteinte à la représentation nationale, je vous le déclare, au nom de la France entière, Paris serait anéanti   ; oui, la France entière tirerait vengeance de cet attentat, et bientôt on chercherait sur quelle rive de la Seine Paris a existé. Cette réponse devint le signal d’un grand tumulte. Je vous le déclare aussi, s’écria Danton, tant d’impudence commence à nous peser   ; nous vous résisterons. » Et se tournant vers la droite   : « Plus de trêve entre la Montagne et les lâches qui ont voulu sauver le tyran. »
    La plus grande confusion régna alors dans la salle   ; les tribunes poussaient des cris contre la droite, les Montagnards éclataient en menaces, de moment en moment les députations se succédaient du dehors, et la convention se trouvait entourée d’une multitude immense. Quelques sectionnaires du Mail et de la Butte-des-Moutins, commandés par Raffet, s’étaient placés sous

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