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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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l’Hôtel-de-Ville, occupent en silence toutes ses issues, et poussent ensuite le cri   : Vive la convention nationale   !
    Les conspirateurs se voyant perdus, cherchent à se soustraire aux coups de leurs ennemis en se frappant eux-mêmes. Robespierre se fracasse la mâchoire d’un coup de pistolet   ; Lebas l’imite, mais plus heureux, il se tue   ; Robespierre jeune se précipite d’un troisième étage et survit à sa chute   ; Couthon se donne plusieurs coups d’une main mal assurée   ; Saint-Just attend son sort   ; Coffinhal accuse la lâcheté d’Henriot, le précipite d’une fenêtre dans un égout, et s’enfuit. Cependant les conventionnels pénètrent dans l’Hôtel-de-Ville, traversent les salles abandonnées, saisissent les conjurés et les portent en triomphe à l’assemblée. Bourdon entre dans la salle en criant   : Victoire   ! victoire   ! les traîtres n’existent plus   ! « Le lâche Robespierre est là, dit le président, on l’apporte sur un brancard, vous ne voulez sans doute pas qu’il entre   ? – Non, non   ! cria-t-on, c’est à la place de la Révolution qu’il faut le porter. » il fut déposé quelque temps au comité de sûreté générale, avant d’être transféré à la Conciergerie. Là, étendu sur une table, le visage défiguré et sanglant, livré aux regards, aux invectives, aux malédictions, il vit les divers partis applaudir à sa chute, et le charger de tous les crimes commis. Il montra beaucoup d’insensibilité pendant son agonie. Il fut conduit à la Conciergerie, et il parut ensuite devant le tribunal révolutionnaire, qui, après avoir constaté son identité et celle de ses complices, les envoya à l’échafaud. Le 10 thermidor, vers cinq heures du soir, il monta sur la charrette de mort, placé entre Henriot et Couthon, aussi mutilés que lui. Sa tête était enveloppée d’un linge sanglant, son visage était livide, et son œil presque éteint. Une foule immense se pressait autour de la charrette, témoignant la joie la plus bruyante et la plus expressive. On se félicitait, on s’embrassait, on l’accablait d’imprécations, on se rapprochait pour le mieux voir. Les gendarmes le montraient avec la pointe de leur sabre   ; pour lui, il semblait prendre la foule en pitié   ; Saint-Just promenait sur elle un œil tranquille   ; les autres, au nombre de vingt-deux, étaient plus abattus. Robespierre monta sur l’échafaud le dernier   ; au moment où sa tête tomba, on applaudit, et ces applaudissements durèrent pendant plusieurs minutes.
    En lui finit le règne de la terreur, quoiqu’il ne fût pas dans son parti le plus grand zélateur de ce système. S’il recherchait la suprématie, après l’avoir obtenue il lui fallait de la modération, et la terreur qui cessa par sa chute aurait également cessé par son triomphe. Je crois que sa perte était inévitable   : il n’avait pas de force organisée, ses partisans quoique nombreux n’étaient pas enrégimentés, il n’avait qu’une grande force d’opinion et de terreur   ; aussi ne pouvant pas surprendre ses ennemis par une violence à la Cromwell, il chercha à les épouvanter. La peur ne lui ayant pas réussi, il essaya de l’insurrection. Mais, de même que la convention ayant l’appui du comité, était devenue courageuse, de même les sections comptant sur le courage de la convention devaient se déclarer contre les insurgés. En attaquant le gouvernement il soulevait l’assemblée   ; en soulevant l’assemblée, il déchaînait le peuple, et cette coalition devait le perdre. La convention au 9 thermidor n’était plus comme au 31 mai, divisée, indécise, en présence d’une faction compacte, nombreuse et hardie. Tous les partis étaient unis par la défaite, le malheur, la proscription toujours menaçante, et devaient s’associer en cas de combat. Il ne dépendait donc pas de Robespierre de n’être pas vaincu. Dépendait-il de lui de ne pas se séparer des comités   ? pas davantage. Au point où il était arrivé, on veut être seul, on est dévoré par ses passions, trompé par ses espérances et par sa fortune jusque-là heureuse, et, la guerre une fois déclarée, la paix, le repos, le partage du pouvoir ne sont pas plus possibles que la justice et la clémence lorsque les échafauds ont été une fois dressés. Il faut alors qu’on tombe par ce qui a servi à vous élever   : il faut, homme de faction, qu’on périsse par les

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