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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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succéder, par la constitution de l’an III, un ordre de choses possible, libéral, régulier et stable, à l’état extraordinaire et provisoire dans lequel s’était trouvée la convention depuis son début jusqu’alors. Mais tout cela ne se fit que peu à peu.
    Les deux partis ne tardèrent pas à se mesurer, après leur victoire commune. Le tribunal révolutionnaire excitait surtout une profonde horreur. Le 11 thermidor, on le suspendit de mouvement   ; mais Billaud-Varennes, dans la même séance, fit rapporter le décret de suspension. Il prétendit qu’il n’y avait de coupables que les complices de Robespierre, et que la plupart des juges et des jurés, étant des hommes purs, il importait de les maintenir dans leurs fonctions. Barrère présenta un décret dans ce sens   : il dit que les triumvirs n’avaient rien fait pour le gouvernement révolutionnaire   ; que souvent même ils s’étaient opposés à ses mesures   ; que leur unique soin avait été d’y placer leurs créatures et de lui donner une direction favorable à leurs projets   : il insista pour renforcer ce gouvernement, pour maintenir la loi des suspects, le tribunal, ceux qui le composaient, et même Fouquier-Thinville. À ce nom un murmure général éclata dans l’assemblée. Fréron se rendant l’organe de l’indignation commune, s’écria   : « Je demande qu’on purge enfin la terre de ce monstre, et que Fouquier aille cuver, dans les enfers, le sang qu’il a versé. » On applaudit, et Fouquier fut aussitôt décrété d’accusation. Barrère ne se tint pourtant pas pour vaincu   ; il conservait encore, vis-à-vis de la convention, le langage impérieux que l’ancien comité avait toujours employé avec succès   : c’était habitude et calcul de sa part, sachant bien que rien ne se continue aussi facilement que ce qui a réussi.
    Mais les variations politiques de Barrère, qui était noble, et qui avait été royaliste feuillant avant le 10 août, ne lui permettaient point ce ton d’inflexibilité et de commandement. « Quel est donc, dit Merlin de Thionville, ce président des Feuillants, qui prétend nous faire la loi   ? » La salle retentit d’applaudissements   : Barrère se troubla, quitta la tribune   ; et ce premier échec des comités signala leur décadence dans la convention. Le tribunal révolutionnaire continua d’exister, mais avec d’autres membres, une autre organisation. On abolit la loi du 22 prairial   ; on mit autant de lenteur, de formes protectrices et de modération dans les jugements, qu’on y avait mis de précipitation et d’inhumanité. Ce tribunal ne servit plus contre les anciens suspects, qu’on retint quelque temps encore dans les prisons, en y adoucissant leur sort, et qu’on rendit peu à peu à la liberté, en suivant la méthode prudente que Camille Desmoulins avait proposée par le comité de clémence.
    Le 13 thermidor, on s’occupa du gouvernement lui-même. Il manquait beaucoup de membres au comité de salut public. Hérault de Séchelles n’avait jamais été remplacé   ; Jean-Bon-Saint-André et Prieur de la Marne étaient en mission   ; Robespierre, Couthon, Saint-Just, venaient de périr. On nomma à leur place Talien, Bréard, Eschasseriaux, Treilhard, Thuriot, Laloi, qui, en entrant dans le comité, y affaiblirent l’influence des anciens membres. En même temps on réorganisa les deux comités, qu’on rendit plus dépendants de l’assemblée, et plus indépendants l’un de l’autre. Celui de salut public fut chargé des opérations militaires et diplomatiques, et celui de s ûreté générale eut dans ses attributions la grande police. Comme on voulait, en restreignant le pouvoir révolutionnaire, calmer la fièvre qui l’avait exalté, et licencier peu à peu la multitude, on réduisit les assemblées journalières de sections à une seule pendant la décade, et l’on supprima la solde de quarante sous par jour accordée aux citoyens indigents qui y assistaient.
    Ces premières mesures prises et exécutées, le 11 fructidor, un mois après la chute de Robespierre, Lecointre de Versailles dénonça Billaud, Collot, Barrère, du comité de salut public   ; Vadier, Amar et Vouland, du comité de sûreté générale. La veille, Talien s’était violemment élevé contre le régime de la terreur, et Lecointre avait été encouragé dans son attaque par l’effet qu’avaient produit les paroles de Talien. Il présenta contre eux vingt-trois

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