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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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Henriot ne put pas décider les canonniers à tirer. Son pouvoir se borna à les entraîner avec lui, et il se dirigea vers l’Hôtel-de-Ville. Le refus des canonniers fixa le sort de cette journée. Dès cet instant la commune, qui avait été sur le point de triompher, vit décliner ses affaires. N’ayant pas réussi dans une surprise de vive force, elle fut réduite aux lents procédés de l’insurrection   ; le point d’attaque se déplaça, et bientôt ce ne fut plus la commune qui assiégea les Tuileries, mais ce fut la convention qui marcha sur l’Hôtel-de-Ville. L’assemblée mit aussitôt les députés conspirateurs et la commune insurgée hors la loi. Elle envoya des commissaires auprès des sections pour se procurer leur appui   ; elle nomma le représentant Barras commandant de la force armée, lui adjoignit Fréron, Rovère, Bourdon de l’Oise, Féraud, Léonard Bourdon, Legendre, tous hommes décidés   ; et fit des comités, le centre des opérations.
    Les sections, sur l’invitation de la commune, s’étaient assemblées vers neuf heures   ; la plupart des citoyens en s’y rendant, étaient inquiets, incertains et confusément instruits des querelles de la convention et de la commune. Les émissaires des insurgés les pressaient de se joindre à elle, et de faire partir leurs bataillons pour l’Hôtel-de-Ville. Les sections se bornaient, à lui envoyer des députations   ; mais dès que les commissaires de la convention arrivèrent au milieu d’elles, leur eurent fait part des décrets de l’assemblée et de ses invitations, et leur apprirent qu’il y avait un chef et un point de ralliement, elles n’hésitèrent plus. Leurs bataillons se présentèrent successivement à l’assemblée   : ils vinrent jurer de la défendre, et ils dénièrent dans la salle au milieu des cris d’enthousiasme et des plus sincères applaudissements. « Les moments sont précieux, dit alors Fréron, il faut agir   ; Barras est allé prendre les ordres, des comités   ; nous, nous allons marcher contre les rebelles. Nous les sommerons, au nom de la convention, de nous livrer les traîtres, et s’ils refusent, nous réduirons en poudre cet édifice. – Partez de suite, répondit le président, afin que le jour ne paraisse pas avant que la tête des conspirateurs soit tombée. » On disposa quelques bataillons et quelques pièces d’artillerie autour de l’assemblée, pour la mettre à l’abri d’une attaque, et l’on marcha sur deux colonnes contre la commune. Il était alors à-peu-près minuit.
    Les conspirateurs étaient toujours réunis. Robespierre, après avoir été reçu avec des cris d’enthousiasme, des promesses de dévouement et de victoire, avait été admis au conseil général, entre Payan et Fleuriot. La place de Grève était remplie d’hommes, de baïonnettes, de piques et de canons. On attendait pour agir l’arrivée des sections. La présence de leurs députés, l’envoi des commissaires municipaux dans leur sein, faisaient compter sur elles   ; Henriot répondait de tout. Les conjurés croyaient à une victoire certaine, ils nommaient une commission exécutive, préparaient des adresses aux armées, et dressaient des listes. Cependant vers minuit et demi, aucune section n’avait encore paru, aucun ordre n’avait été donné   ; les triumvirs étaient toujours en séance, et les rassemblements de la place de Grève étaient ébranlés par tant de lenteur et d’indécision. On répandait sourdement et à l’oreille, le bruit que les sections s’étaient déclarées, que la commune était hors la loi, que les troupes conventionnelles avançaient. Les dispositions de cette multitude armée étaient déjà beaucoup ralenties, lorsque quelques émissaires d’avant-garde de l’assemblée se glissèrent au milieu d’elle et firent entendre le cri   : Vive la convention   ! Plusieurs voix le répétèrent. On lut alors la proclamation qui mettait la commune hors la loi, et après l’avoir entendue, tous les rassemblements se dissipèrent. La place de Grève fut déserte dans un instant. Henriot descendit peu d’instants après le sabre à la main, pour entretenir leur courage, et, ne trouvant plus personne   :– Commen t   ! s’écria-t-il, est-il possible   ? Ces scélérats de canonniers qui m’ont sauvé la vie il y a cinq heures, m’abandonnent ainsi actuellement   ! Il remonte   ; dans ce moment les colonnes de la convention arrivent, cernent

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