Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
échafauds, comme les conquérants par la guerre.
CHAPITRE X
La convention après la chute de Robespierre. – Parti des comités ; parti thermidorien ; leur composition et leur but. – Décadence du parti démocratique des comités. – Accusation de Lebon et de Carrier. – État de Paris : les Jacobins et les faubourgs se déclarent pour les anciens comités ; la jeunesse dorée et les sections pour les thermidoriens. – Combats journaliers. – Clôture des Jacobins. – Mise en accusation de Billaud-Varennes, Collot-d’Herbois, Barrère et Vadier. – Mouvement de germinal. – Déportation des accusés et de quelques Montagnards, leurs partisans. – Insurrection du 1 er prairial. – Défaite du parti démocratique ; désarmement des faubourgs ; la classe inférieure est exclue du gouvernement, est privée de la constitution de 93, et perd sa force matérielle.
Le 9 thermidor fut la première journée de la révolution où ceux qui attaquaient succombèrent. À ce signe seul on reconnaît que le mouvement ascendant révolutionnaire était arrivé à son terme. Le mouvement contraire devait commencer ce jour-là. Le soulèvement général de tous-les partis contre un seul homme dut faire cesser la compression sous laquelle ils se trouvaient. Les comités se vainquirent en Robespierre, et le gouvernement décemviral perdit le prestige de terreur qui faisait sa force. Les comités affranchirent la convention, qui peu à peu affranchit la république entière. Cependant ils comptaient n’avoir travaillé que pour eux et pour la prolongation du gouvernement révolutionnaire, tandis que la plupart de ceux qui les avaient soutenus avaient eu pour but la fin de la dictature, l’indépendance de l’assemblée et l’établissement de l’ordre légal. Dès le lendemain du 9 thermidor, il y eut donc deux partis contraires parmi les vainqueurs ; celui des comités et celui des montagnards, qui fut appelé le parti thermidorien.
Celui des comités était privé de la moitié de ses forces ; outre la perte de son chef, il n’avait plus la commune, dont les membres insurgés furent envoyés à l’échafaud au nombre de soixante-douze, et qui, après sa double défaite, sous Hébert et sous Robespierre, ne fut plus réorganisée, et manqua d’influence. Mais ce parti conservait la direction des affaires par les comités. Tous ses membres étaient attachés au système révolutionnaire : les uns ne trouvaient leur salut que là, tels que Billaud-Varennes, Collot-d’Herbois, Barrère, Vadier, Amar ; les autres craignaient la contre-révolution et le châtiment de leurs collègues, tels que Carnot, Cambon, les Prieur, etc. Dans la convention, il comptait tous les commissaires envoyés naguère en mission, plusieurs montagnards qui s’étaient signalés au 9 thermidor, et les débris du parti de Robespierre. Au-dehors, les Jacobins s’étaient rattachés à lui ; il avait toujours l’appui de la classe inférieure et des faubourgs.
Le parti thermidorien était composé du plus grand nombre des conventionnels. Tout le centre de l’assemblée et ce qui restait de la droite s’unit aux montagnards, qui étaient revenus de leur ancienne exagération. La coalition des modérés Boissy d’Anglas, Sièyes, Cambacérès, Chénier, Thibaudeau, avec les Dantonistes Talien, Fréron, Legendre, Barras, Bourdon de l’Oise, Rovère, Bentabole, Dumont, les deux Merlin, donna à l’assemblée un caractère nouveau. Après le 9 thermidor, elle commença par affermir son empire dans la convention ; bientôt elle pénétra dans le gouvernement, et parvint à en exclure ceux qui l’occupaient. Soutenue alors par l’opinion, par l’assemblée, par les comités, elle marcha ouvertement à son but ; elle poursuivit les principaux décemvirs et quelques-uns de leurs agents. Comme ils avaient beaucoup de partisans dans Paris, elle s’appuya sur les jeunes gens contre les Jacobins, sur les sections contre les faubourgs ; elle rappela en même temps dans la convention, pour se renforcer, tous les députés que le comité de salut public avait proscrits, d’abord les soixante-treize qui avaient protesté contre le 31 mai, ensuite les victimes de cette journée. Les Jacobins s’agitèrent, elle ferma leur club ; les faubourgs firent une insurrection, elle les désarma. Après avoir renversé le gouvernement révolutionnaire, elle songea à en établir un autre, et à faire
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