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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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et la plupart des membres du comité, se déclarèrent pour Bonaparte   ; et Sièyes, qui abhorrait la discussion, ne sut ou ne voulut pas défendre ses idées. Il vit que les lois, les hommes, la France, étaient à la merci de celui qu’il avait contribué à élever.
    Le 24 décembre 1799 (nivose an VIII) quarante-cinq jours après le 18 brumaire, fut publiée la constitution de l’an VIII   ; elle était composée des débris de celle de Sièyes, devenue une constitution de servitude. Le gouvernement fut mis dans les mains d’un premier consul, qui eut pour seconds deux consuls à voix consultative. Le sénat, primitivement choisi par les consuls, choisit lui-même dans la liste des candidats nationaux les membres du tribunal et du corps législatif. Le gouvernement eut seul l’initiative des lois. Ainsi plus de corps d’électeurs qui nomment les candidats des diverses listes, les tribuns et les législateurs   ; plus de tribuns indépendants qui plaident de mouvement la cause du peuple devant l’assemblée législative   ; plus d’assemblée législative sortie immédiatement du sein de la nation, et n’étant comptable qu’à elle   ; enfin plus de nation politique. Au lieu de tout cela, il existe un consul tout puissant, disposant des armées et du pouvoir, général et dictateur   ; un conseil d’état destiné à se mettre à l’avant-garde de l’usurpation   ; enfin un sénat de quatre-vingts membres dont l’unique fonction est d’annuler le peuple, de choisir des tribuns sans puissance et des législateurs muets. La vie passe de la nation au gouvernement. La constitution de Sièyes servit ainsi de prétexte à un mauvais ordre de choses. Il faut remarquer que jusqu’en l’an VIII toutes les constitutions avaient été originaires du contrat social, et que depuis elles furent toutes, jusqu’en 1814, originaires de la constitution de Sièyes.
    Le nouveau gouvernement s’installa de suite. Bonaparte fut premier consul   ; et il s’adjoignit, pour second et pour troisième consul, Cambacérès, ancien membre de la Plaine de la convention, et Lebrun, ancien coopérateur du chancelier Maupeou   ; il compta, par leur moyen, agir sur les révolutionnaires et sur les royalistes modérés. C’est aussi dans ce but que l’ex-grand-seigneur Talleyrand et l’ex-montagnard Fouché furent placés aux ministères des relations extérieures et de la police. Sièyes répugnait beaucoup à se servir de Fouché. Mais Bonaparte le voulut. Nous formons, dit-il, une nouvelle époque   ; il ne faut nous souvenir, dans le passé, que du bien, et oublier le mal. Peu lui importait la bannière qu’on avait suivie jusque-là, pourvu qu’on se rangeât sous la sienne, et qu’on y appelât surtout d’anciens compagnons de royalisme ou de révolution.
    Les deux consuls nouveaux et les consuls sortants nommèrent, sans attendre les listes d’éligibilité, soixante sénateurs   ; les sénateurs nommèrent cent tribuns et trois cents législateurs   ; et les auteurs du 18 brumaire se distribuèrent les fonctions de l’état, comme le butin de leur victoire. Cependant il est juste de dire que le parti modéré-libéral prévalut dans ce partage, et que, tant qu’il conserva de l’influence, Bonaparte gouverna d’une manière douce, avantageuse et républicaine. La constitution de l’an VIII, soumise à l’acceptation du peuple, fut approuvée par trois millions onze mille sept citoyens. Celle de 1793 avait obtenu un million huit cent un mille neuf cent dix-huit suffrages   ; et celle de l’an III, un million cinquante-sept mille trois cent quatre-vingt-dix. La loi nouvelle satisfaisait la masse modérée, qui tenait moins à ses garanties qu’à son repos, tandis que le code de 93 n’avait trouvé des partisans que dans la classe inférieure, et tandis que celui de l’an III avait été également repoussé par les démocrates et les royalistes. La constitution de 1791 avait seule obtenu une approbation générale, et, sans avoir été soumise à une acceptation individuelle, elle avait été jurée par la France entière.
    Le premier consul, pour satisfaire au vœu de la république, fit à l’Angleterre des offres de paix, qu’elle refusa. Il désirait avec raison prendre les dehors de la modération et donner à son gouvernement, avant de traiter, le lustre de nouvelles victoires. La continuation de la guerre fut donc décidée   ; et les consuls firent une proclamation remarquable,

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