Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814
pacification générale, le premier consul s’occupa surtout d’asseoir le peuple, et de diminuer le nombre des mécontents, en faisant rentrer dans l’état les factions déplacées. Il se montra très-accommodant envers les partis qui renonçaient à leurs systèmes, et très prodigue de faveurs envers les chefs qui renonçaient à leurs partis. Comme on se trouvait dans un temps d’intérêts et de relâchement, il n’eut pas de peine à réussir. Déjà, les proscrits du 18 fructidor avaient été rappelés, à l’exception de quelques conspirateurs royalistes, comme Pichegru, Willot, etc. Bonaparte employa même bientôt ceux des bannis qui, tels que Portalis, Siméon, Barbé-Marbois, s’étaient montrés plus anti-conventionnels que contre-révolutionnaires. Il avait aussi gagné des opposants d’une autre espèce. Les derniers chefs de la Vendée, le fameux Bernier, curé de Saint-Lô, qui avait assisté à toute l’insurrection, Châtillon, d’Autichamp et Suzannet, avaient fait leur accommodement par le traité de Montluçon (17 janvier 1800). Il s’adressa également aux chefs des bandes bretonnes, Georges Cadoudal, Frotté, Laprévelaye et Bourmont. Les deux derniers consentirent seuls à se soumettre. Frotté fut surpris et fusillé ; et Georges, battu à Grand-Champ par le général Brune, capitula. La guerre de l’ouest fut définitivement terminée.
Mais les chouans qui s’étaient réfugiés en Angleterre, et qui n’avaient plus d’espoir que dans la mort de celui en qui se concentrait la puissance de la révolution, projetèrent son assassinat. Quelques-uns d’entre eux débarquèrent sur les côtes de France, et se rendirent secrètement à Paris. Comme il n’était pas facile d’atteindre le premier consul, ils s’arrêtèrent à un complot vraiment horrible. Le 3 nivose, à huit heures du soir, Bonaparte devait se rendre à l’Opéra, par la rue Saint-Nicaise. Les conjurés placèrent un tonneau de poudre sur une petite charrette qui embarrassait le passage ; et Saint-Régent, l’un d’entre eux, fut chargé d’y mettre le feu, lorsqu’il recevrait le signal de l’approche du premier consul. À l’heure indiquée, Bonaparte partit des Tuileries et traversa la rue Saint-Nicaise. Son cocher fut assez adroit pour passer entre la charrette et la muraille ; mais le feu avait déjà été mis à la mèche, et, à peine la voiture était-elle au bout de la rue, que la machine infernale fit explosion, couvrit le quartier Saint-Nicaise de ruines, et ébranla la voiture, dont les glaces furent brisées.
La police, prise au dépourvu, quoique dirigée par Fouché , attribua cette conspiration aux démocrates, contre lesquels le premier consul avait une antipathie bien plus prononcée que contre les chouans. Plusieurs d’entre eux furent mis en prison, et cent trente furent déportés par un simple sénatus-consulte demandé et obtenu de nuit. On découvrit enfin les véritables auteurs du complot, dont quelques-uns furent condamnés à mort. Le consul fit créer, dans cette occasion, des tribunaux militaires spéciaux. Le parti constitutionnel se sépara davantage de lui, et commença son énergique, mais inutile opposition, Lanjuinais, Grégoire, qui avait courageusement résisté au parti extrême dans la convention, Garat, Lambrechts, Lenoir-Laroche, Cabanis, etc., combattirent, dans le sénat, la proscription illégale de cent trente démocrates : et les tribuns Isnard, Daunou, Chénier, Benjamin Constant, Bailleul, Chazal, etc., s’élevèrent contre les cours spéciales. Mais la paix vint faire oublier ces empiétements de pouvoir.
Les Autrichiens, vaincus à Marengo, et défaits en Allemagne par Moreau, se décidèrent à quitter les armes. Le 8 janvier 1801, la république, le cabinet de Vienne et l’empire, conclurent le traité de Lunéville. L’Autriche ratifia toutes les conditions du traité de Campo Formio, et céda de plus la Toscane à l’infant de Parme. L’empire reconnut l’indépendance des républiques batave, helvétique, ligurienne et cisalpine. La pacification devint bientôt générale, par le traité de Florence (18 février 1801) avec le roi de Naples, qui céda l’île d’Elbe et la principauté de Piombino ; par le traité de Madrid (29 septembre 18o1) avec le Portugal ; par le traité de Paris (8 octobre 1801) avec l’empereur de Russie ; enfin, par les préliminaires (9 octobre 1801) avec la Porte ottomane. Le
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