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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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tombeau de la révolution   ; mais il est juste pourtant de distinguer, le dix-huit Brumaire de ses suites. On pouvait croire alors que l’armée n’était qu’un auxiliaire de la révolution, comme au 13 vendémiaire, comme au 18 fructidor, et que ce changement indispensable ne tournerait pas au profit d’un homme, d’un homme seul, qui changerait bientôt la France en un régiment, et qui ne ferait entendre dans le monde, jusque-là agité par une si grande commotion morale, que les pas de son armée et le bruit de sa volonté.

CONSULAT

CHAPITRE XIV
     
    Espérances des divers partis après le 18 brumaire. – Gouvernement provisoire. – Constitution de Sièyes   ; elle est dénaturée dans la constitution consulaire de l’an VIII. – Formation du gouvernement   ; desseins pacificateurs de Bonaparte. – Campagne d’Italie   ; victoire de Marengo. – Paix générale   ; sur le continent, par le traité de Lunéville   ; avec l’Angleterre, par le traité d’Amiens. – Fusion des partis   ; prospérité intérieure de la France. – Système ambitieux du premier consul   ; il constitue de nouveau le clergé dans l’état, par le concordat de 1802   ; il crée un ordre de chevalerie militaire, au moyen de la Légion d’Honneur   ; il complète cet ordre de choses par le consulat à vie. – Reprise des hostilités avec l’Angleterre. – Conspiration de Georges et de Pichegru. – La guerre et les tentatives des royalistes servent de prétexte à l’érection de l’empire. – Napoléon Bonaparte, nommé empereur héréditaire, est sacré par le pape, le 2 décembre 1804, dans l’église de Notre-Dame. – Abandon successif de la révolution, et progrès du pouvoir absolu pendant les quatre années du consulat.
     
    Le 18 brumaire eut une popularité immense. On ne vit point dans cet événement la promotion d’un seul homme au-dessus des conseils du peuple   ; on n’y vit point le terme du grand mouvement du 14 juillet, qui avait commencé l’existence nationale. Le 18 brumaire ne se présenta que sous son aspect d’espérance et de restauration. Quoique la nation fût bien fatiguée, bien peu capable de défendre une souveraineté qui lui était à charge, et qui était même devenue l’objet de sa propre moquerie, depuis que le bas peuple l’avait exercée, cependant elle croyait si peu au despotisme, que personne ne lui paraissait en état de l’asservir. On éprouvait le besoin de se refaire sous une main habile, et Bonaparte convenait en sa qualité de grand homme et de général victorieux.
    C’est pour cela, qu’à part les républicains directoriaux, tout le monde se déclara pour la dernière journée. La violation des lois et les coups d’état contre les assemblées avaient été si fréquents durant la révolution, qu’on avait pris l’habitude de ne plus les juger sur leur légitimité, mais d’après leurs suites. Depuis le parti de Sièyes jusqu’aux royalistes de 1788, chacun se félicita du 18 brumaire, et s’attribua les futurs profits politiques de ce changement. Les modérés constitutionnels croyaient que la liberté définitive serait établie   ; les royalistes se berçaient de l’espoir, en comparant mal à propos cette époque de notre révolution à l’époque de 1660 dans la révolution anglaise, que Bonaparte commençait le rôle de Monk et qu’il restaurerait bientôt la monarchie des Bourbons   ; la masse peu intelligente, et intéressée au repos, comptait sur le retour de l’ordre sous un protecteur puissant   ; les classes proscrites et les hommes ambitieux attendaient de lui leur amnistie ou leur élévation. Pendant les trois mois qui suivirent le 18 brumaire, l’approbation et l’attente furent générales. On avait nommé un gouvernement provisoire, composé de trois consuls, Bonaparte, Sièyes et Roger-Ducos   ; ainsi que deux commissions législatives chargées de préparer la constitution et un ordre de choses définitif.
    Les consuls et les deux commissions furent installés le 21 brumaire. Ce gouvernement provisoire abolit la loi sur les otages et l’emprunt forcé   ; il permit le retour des prêtres, proscrits depuis le 18 fructidor   ; il renvoya hors des prisons et de la république les émigrés que le naufrage avait jetés sur les côtes de Calais, et qui, depuis quatre années, étaient captifs en France, et se trouvaient exposés à la dure peine de l’émigration armée. Toutes ces mesures furent

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