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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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présentant la nouvelle loi, il faut fermer sans retour la place publique aux Gracques. Le vœu des citoyens sur les lois politiques auxquelles ils obéissent s’exprime par la prospérité générale   ; la garantie des droits de la société place absolument le dogme de la pratique de la souveraineté du peuple dans le sénat, qui est le lien de la nation. Voilà la seule doctrine sociale. »Le sénat admit cette nouvelle doctrine sociale   ; il s’empara de la souveraineté, et la garda en dépôt jusqu’au moment convenable, pour la passer à Bonaparte.
    La constitution du 16 thermidor an X (4 août 1802), éconduisit le peuple de l’état. Les fonctions publiques et administratives s’immobilisèrent comme celles du gouvernement. Les électeurs furent à vie   ; le premier consul put augmenter leur nombre   ; le sénat eut le droit de changer les institutions, de suspendre les fonctions du jury, de mettre les départements hors de la constitution, d’annuler les jugements des tribunaux, de dissoudre le corps législatif et le tribunal   ; le conseil d’état fut renforcé   ; le tribunal, déjà décimé par des éliminations, parut encore assez redoutable pour être réduit à cinquante membres. Tels furent en deux années les effrayants progrès du privilège et du pouvoir absolu. Tout, vers la fin de 1802, se trouva entre les mains du consul à vie, qui eut une classe dévouée, dans le clergé   ; un ordre militaire dans la Légion d’Honneur   ; un corps d’administration, dans le conseil d’état   ; une machine à décrets, dans l’assemblée législative   ; une machine à constitutions, dans le sénat. N’osant pas détruire encore le tribunal, d’où s’élevaient de temps à autre quelques paroles de liberté et de contradiction, il le priva de ses membres les plus courageux et les plus éloquents, afin d’entendre sa volonté docilement répétée par tous les corps de la nation.
    Cette politique intérieure d’usurpation fut étendue au dehors. Bonaparte réunit, le 26 août, l’île d’Elbe, et, le 11 septembre 1802, le Piémont, au territoire français. Le 9 octobre, il occupa les états de Parme, laissés vacants par la mort du duc   ; enfin, le 21 octobre, il fit entrer en Suisse une armée de trente mille hommes, pour appuyer un acte fédératif, qui réglait la constitution de chaque canton, et qui avait excité des troubles. Il fournit par là des prétextes de rupture à l’Angleterre, qui n’avait pas sincèrement souscrit à la paix. Le cabinet britannique n’avait éprouvé que le besoin d’une suspension d’armes   ; et il prépara, peu après le traité d’Amiens, une troisième coalition, ainsi qu’il l’avait fait après le traité de Campo-Formio et au moment du congrès de Rastadt. L’intérêt et la situation de l’Angleterre devaient seuls amener une rupture, que précipitèrent les réunions d’état opérées par Bonaparte, et l’influence qu’il conservait sur les républiques voisines, appelées à une indépendance complète d’après les derniers traités. Bonaparte, à son tour, ne respirant que la gloire des champs de bataille, voulant agrandir la France par des conquêtes, et achever sa propre élévation par des victoires, ne pouvait pas se condamner au repos   : il lui fallait la guerre, puisqu’il n’avait pas voulu la liberté.
    Les deux cabinets échangèrent quelque temps des notes diplomatiques fort aigres. Le lord Witworth, ambassadeur d’Angleterre, finit par quitter Paris le 25 floréal an XI (13 mai 18o3). La paix fut définitivement rompue en prairial (juin)   : de part et d’autre on se prépara à la guerre. Le parti des chouans émigrés, qui n’avait rien entrepris depuis la machine infernale et la paix continentale, fut encouragé par cette reprise d’hostilités. L’occasion lui parut favorable   ; et il ourdit à Londres, du consentement du cabinet britannique, une conspiration, à la tête de laquelle furent Pichegru et Georges Cadoudal. Les conjurés débarquèrent secrètement sur les côtes de France, et se rendirent tout aussi secrètement à Paris. Ils s’abouchèrent avec le général Moreau que sa femme avait entraîné dans le parti royaliste. Mais au moment où ils s’apprêtaient à exécuter leur coup de main, ils furent la plupart arrêtés par la police, qui avait découvert le complot et suivi leurs traces. Georges fut puni de mort, on trouva Pichegru étranglé dans sa prison   ;

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