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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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constitution était pourtant moins démocratique que celle des États-Unis, qui a été praticable malgré l’étendue du territoire, ce qui prouve que ce n’est pas la forme des institutions, mais bien l’assentiment qu’elles obtiennent ou les dissidences qu’elles excitent, qui permettent ou empêchent leur établissement. Dans un pays nouveau, après une révolution d’indépendance, comme en Amérique, toute constitution est possible   ; il n’y à qu’un parti ennemi, celui de la métropole, et, dès qu’il est vaincu, la lutte cesse, parce que la défaite entraîne son expulsion. Il n’en est pas de même des révolutions sociales chez des peuples qui ont eu une longue existence. Les changements attaquent des intérêts, les intérêts forment des partis, les partis se mettent en lutte   ; et plus la victoire s’étend, plus les ressentiments augmentent   : c’est ce qui arriva à la France. L’œuvre de l’assemblée constituante périt moins par ses défauts que par les coups des factions. Placée entre l’aristocratie et la multitude, elle fut attaquée par l’une et envahie par l’autre. Celle-ci ne serait pas devenue souveraine, si la guerre civile et la coalition étrangère n’avaient pas exigé son intervention et ses secours. Pour défendre la patrie il lui fallut la gouverner   ; alors elle fit sa révolution, comme la classe moyenne avait fait la sienne. Elle eut son 14 juillet, qui fut le 10 août   ; sa constituante, qui fut la convention   ; son gouvernement, qui fut le comité de salut public   : mais, comme nous le verrons, sans l’émigration il n’y aurait pas eu de république.

ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE

CHAPITRE V
     
    Premiers rapports de l’assemblée législative avec le roi. – État des partis   : les Feuillants appuyés sur la classe moyenne, les Girondins sur le peuple. – Émigration et clergé réfractaire   ; décret contre eux   ; veto du roi. – Annonces de la guerre. – Ministère Girondin   ; Dumouriez et Roland. – Déclaration de la guerre contre le roi de Hongrie et de Bohême. – Désastre de nos armées   ; décret d’un camp de réserve de vingt mille hommes sous Paris   ; décret de bannissement contre les prêtres non assermentés   ; veto du roi   ; chute du ministère Girondin. – Pétition insurrectionnelle du 20 juin pour faire accepter les décrets, et reprendre les ministres. – Dernières tentatives du parti constitutionnel. – Manifeste du duc de Brunswick. – Événements du 10 août. – Insurrection militaire de La Fayette contre les auteurs du 10 août   ; elle échoue. – Division de l’assemblée et de la nouvelle commune   ; Danton. – Invasion des Prussiens. – Massacres du 2 septembre. – Campagne de l’Argonne. – Causes des événements sous la législative.
     
    La nouvelle assemblée ouvrit ses séances le 1 er octobre 1791. Elle se déclara sur-le-champ assemblée nationale législative. Dès son début, elle eut occasion de montrer son attachement à l’ordre actuel, et le respect que lui inspiraient les fondateurs de la liberté française. Le livre de la constitution lui fut solennellement présenté par l’archiviste Camus, ayant pour cortège les douze membres de la représentation nationale les plus anciens d’âge. L’assemblée reçut l’acte constitutionnel debout et découverte, et prêta sur lui, au milieu des applaudissements du peuple qui occupait les tribunes, le serment de vivre libre ou de mourir. Elle vota ensuite des remerciements aux membres de l’assemblée constituante, et se disposa à commencer ses travaux.
    Mais ses premiers rapports avec le roi n’eurent pas le même caractère d’union et de confiance. La cour, qui sans doute espérait reprendre sous la législative la position supérieure qu’elle avait perdue sous la constituante, ne ménagea pas assez une autorité populaire inquiète, susceptible, et qui passait alors pour la première de l’état. L’assemblée envoya soixante de ses membres en députation auprès du roi, pour lui annoncer qu’elle était constituée. Le roi ne les reçut pas lui-même, et leur fit dire par le ministre de la justice qu’il ne pourrait les admettre que le lendemain, à midi. Un renvoi aussi peu mesuré, et les communications entre le prince et la représentation nationale rendues indirectes au moyen d’un ministre, blessèrent vivement la députation. Aussi, lorsqu’elle fut en présence de Louis XVI,

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