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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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en dehors de la révolution, qui ne voulaient pas composer avec elle, et dont les efforts en Europe et dans l’intérieur de la France devaient empêcher la réalisation de ces sages et pacifiques paroles. Dès qu’il y a des partis déplacés dans un état, il y a lutte de leur part, et ils forcent à prendre contre eux des mesures de guerre. Aussi les troubles intérieurs excités par les prêtres non assermentés, les rassemblements militaires des émigrés, et les préparatifs de la coalition, entraînèrent bientôt la législative plus loin que ne le permettait la constitution, et qu’elle ne se le proposait elle-même.
    La composition de cette assemblée était toute populaire. Les idées étant tournées vers la révolution, la cour, la noblesse et le clergé n’avaient exercé aucune influence sur les élections. Il n’y avait donc point dans cette assemblée, comme dans la précédente, des partisans du pouvoir absolu et des privilèges. Les deux factions du côté gauche qui s’étaient divisées vers la fin de la constituante se trouvèrent encore en présence, mais non plus dans le même rapport de nombre et de force. La minorité populaire de l’autre assemblée devint la majorité de celle-ci. La défense d’élire des constituants déjà éprouvés, la nécessité de choisir les députés parmi ceux que leurs opinions ou leur conduite avait le plus fait remarquer , et surtout l’influence active des clubs, conduisirent à ce résultat. Les opinions et les partis se montrèrent bientôt. Il y eut une droite, un centre, une gauche, comme dans la constituante, mais avec un tout autre caractère.
    La droite, composée des constitutionnels fermes et absolus, forma le parti Feuillant. Ses principaux organes furent Dumas, Ramond, Vaublanc, Beugnot, etc. Elle eut quelques relations avec la cour par Barnave, Duport, Alex. Lameth, qui en étaient les anciens chefs, mais dont les conseils furent rarement suivis par Louis XVI, qui s’abandonnait avec plus de confiance aux avis de ses alentours. Elle s’appuyait au-dehors sur le club des Feuillants et sur la bourgeoisie. La garde nationale, l’armée, le directoire du département, et en général toutes les autorités constituées, lui étaient favorables. Mais ce parti, qui ne dominait plus dans l’assemblée, perdit bientôt un poste tout aussi essentiel, celui de la municipalité, qui fut occupé par ses adversaires de la gauche.
    Ceux-ci formaient le parti qu’on nomma Girondin, et qui ne fut dans la révolution qu’un parti de passage de la classe moyenne à la multitude. Il n’avait alors aucun projet subversif   ; mais il était disposé à défendre la révolution de toutes les manières, à la différence des constitutionnels, qui ne voulaient la défendre qu’avec la loi. À sa tête se trouvaient les brillants orateurs de la Gironde, qui lui donnèrent son nom, Vergniaud, Guadet, Gensonné, et le provençal Isnard, qui avait une éloquence encore plus passionnée que la leur. Son principal meneur était Brissot, qui, membre de la municipalité de Paris pendant la session précédente, l’était devenu plus tard de l’assemblée. Les opinions de Brissot, qui voulait une réforme complète   ; sa grande activité d’esprit, qui le faisait se reproduire dans le journal du Patrio te, à la tribune de l’assemblée, au club des Jacobins   ; ses notions précises et étendues sur la situation des puissances étrangères, lui donnaient beaucoup d’ascendant au moment d’une lutte entre les partis et d’une guerre contre l’Europe. Condorcet avait une influence d’une autre nature   : il la devait à ses idées profondes à sa raison supérieure, qui lui valurent à peu près le rôle de Sièyes dans cette seconde génération révolutionnaire. Pétion, d’un caractère calme et résolu, fut l’homme d’action de ce parti. Son front tranquille, son élocution facile, son habitude du peuple, le firent bientôt porter à la magistrature municipale, que Bailly avait exercée pour le compte de la classe moyenne.
    Le côté gauche avait dans l’assemblée un noyau de parti plus extrême que lui, et dont les membres, tels que Chabot, Bazire, Merlin, furent aux Girondins ce que Pétion, Buzot, Robespierre avaient été au côté gauche de la constituante. C’était le commencement de la faction démocratique qui, du dehors, servait d’auxiliaire à la Gironde, et qui disposait de l’affiliation des clubs et de la multitude.

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