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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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qu’il ne saurait être heureux qu’avec eux et que par eux   ; l’espoir de contribuer à leur bonheur soutiendra mon courage, comme la satisfaction d’y avoir réussi sera ma plus douce récompense. »C’est un discours à la Henri IV, dit une voix   ; et Louis XVI sortit au milieu des plus éclatants témoignages d’amour.
    Alors Thouret, d’une voix forte et s’adressant au peuple   : « L’assemblée constituante, dit-il, déclare que sa mission est achevée, et qu’elle termine en ce moment ses séances. » Ainsi finit cette première et glorieuse assemblée de la nation   : elle fut courageuse, éclairée, juste, et n’eut qu’une passion, celle de la loi. Elle accomplit en deux ans par ses efforts, et avec une infatigable persévérance, la plus grande révolution qu’ait jamais vue une seule génération de mortels. Au milieu de ses travaux elle réprima le despotisme et l’anarchie, en déjouant les complots de l’aristocratie, et en maintenant la subordination de la multitude. Son unique tort fut de ne pas confier la conduite de la révolution à ceux qui l’avaient faite   ; elle se démit du pouvoir, comme ces législateurs de l’antiquité qui s’exilaient de la patrie après l’avoir constituée. Une assemblée nouvelle ne s’attacha point à consolider son œuvre, et la révolution qu’il fallait finir fut recommencée.
    La constitution de 1791 était faite d’après des principes qui convenaient aux idées et à la situation de la France. Cette constitution était l’œuvre de la classe moyenne, qui se trouvait alors la plus forte   ; car, comme on le sait, la force qui domine s’empare toujours des institutions. Mais lorsqu’elle appartient à un seul, elle est despotisme   ; à quelques-uns, elle est privilège   ; à tous, elle est droit   ; ce dernier état est le terme de la société, comme il est son origine. La France y était enfin parvenue, après avoir passé par la féodalité, qui était l’institution aristocratique, et par le pouvoir absolu, qui était l’institution monarchique. L’égalité fut consacrée parmi les citoyens, et la délégation fut reconnue dans les pouvoirs   : telles devaient être sous le régime nouveau la condition des hommes et la forme du gouvernement.
    Dans cette constitution le peuple était la source de tous les pouvoirs, mais il n’en exerçait aucun   ; il n’avait que l’élection primaire, et ses magistrats étaient choisis par des hommes pris dans la nation éclairée. Celle-ci composait l’assemblée, les tribunaux, les administrations, les municipalités, les milices, et possédait ainsi toute la force et tous les pouvoirs de l’état. Elle était alors seule propre à les exercer, parce qu’elle avait seule les lumières qu’exige la conduite du gouvernement. Le peuple n’était point encore assez avancé pour entrer en partage du pouvoir, aussi n’est-ce que par accident et d’une manière passagère qu’il est tombé entre ses mains   ; mais il recevait l’éducation civique, et s’exerçait au gouvernement dans les assemblées primaires, selon le véritable but de la société, qui n’est pas de donner ses avantages en patrimoine à une classe, mais de les y faire participer toutes lorsqu’elles sont capables de les acquérir. C’était là le principal caractère de la constitution de 1791   : à mesure que quelqu’un devenait apte à posséder le droit, il y était admis   ; elle élargissait ses cadres avec la civilisation, qui chaque jour appelle un plus grand nombre d’hommes à l’administration de l’état. C’est par là qu’elle avait établi la véritable égalité, dont le caractère réel est l’admissibilité, comme celui de l’inégalité est l’exclusion. En rendant le pouvoir mobile par l’élection, elle en faisait une magistrature publique   ; tandis que le privilège, en le rendant héréditaire par la transmission, en fait une propriété privée.
    La constitution de 1791 établit des pouvoirs homogènes qui correspondaient entre eux et se contenaient réciproquement   ; cependant, il faut le dire, l’autorité royale y était trop subordonnée à la puissance populaire. Il n’en est jamais autrement   : la souveraineté, de quelque part qu’elle vienne, se donne toujours un faible contrepoids lorsqu’elle se limite. Une assemblée constituante affaiblit la royauté   ; un roi législateur restreint les prérogatives d’une assemblée.
    Cette

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