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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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napoléonienne : la Géorgie, la Finlande, la Pologne.
    Le Manifeste d’annexion de la Géorgie, en janvier 1801, rappelait les circonstances qui avaient amené le tsarGeorge Iraklievitch à faire appel à la protection des Russes et que ceux-ci acceptaient ce rattachement « pour toujours » ; la Géorgie garderait la main sur les territoires qu’elle contrôlait et ses populations jouiraient du même statut, selon leur rang, que les Russes. Le Manifeste concernant le rattachement de la Finlande, suédoise jusque-là, en 1809, proclamait la « conservation des lois et coutumes, et religion du pays [Grundlagar]  », et garantissait les libertés et droits de chaque ordre ; cela impliquait que le tsar reconnaissait « que le serment d’allégeance à la Russie avait été donné librement » (Vernadski, cité).
    Autrement dit, tsar autocrate en Russie, Alexandre I er reconnaissait qu’en Finlande il était seulement un tsar élu.
    Il allait beaucoup plus loin en Pologne. En 1815, recevant l’essentiel du territoire de ce pays à la suite du Congrès de Vienne, il manifestait ses tendances libérales en accordant à la Pologne le statut d’un État, lié certes indissolublement à sa personne, et sans politique étrangère autonome, mais qui jouissait des avantages d’une charte constitutionnelle. Celle-ci affirmait que serait garantie la liberté de la presse (art. 16), que l’armée garderait son uniforme propre et tous les insignes qui indiquent sa nationalité (art. 156), qu’étaient maintenus les ordres de l’Aigle blanc, de Saint-Stanislas, etc. (art. 160).
    Ainsi les Polonais bénéficiaient d’un véritable régime constitutionnel dont les Russes n’avaient pas l’avantage. « En mettant en pratique ces institutions libérales », dans une charte écrite en russe et en français aussi, pour offrir cette garantie aux Polonais, Alexandre I er avait parfaitement conscience que cet exemple agirait sur ses concitoyens, et tel était son vœu.
    Mais l’état de grâce qui s’institua avec la Charte de 1815 et l’Adresse à la Diète polonaise de 1818 dura seulement quelques années.
La politique des nationalités du régime soviétique
    Depuis octobre 1917, la politique des nationalités du régime soviétique a tenté, en premier lieu, de reprendre les territoires devenus indépendants pendant la guerre civile (Ukraine, Géorgie, Arménie). L’occupation militaireaccomplie, l’opération s’est faite en deux temps : d’abord, une alliance bilatérale, puis la perte pour ces nations d’une diplomatie indépendante, de leurs forces militaires autonomes — processus achevés en 1923-1924, par conséquent avant l’époque stalinienne —, ultérieurement pour d’autres nationalités ; Staline procéda à la liquidation violente des instances hostiles à une réunification dans le cadre de l’URSS : socialisme panislamique du Sultan-Galiev, Poale-Zion, etc.
    Au vrai, en 1917, les bolcheviques n’avaient pas imaginé que, devenues libres grâce à la révolution, des nations pourraient renaître comme entités et ne se réunir à la République des Soviets que contraintes et forcées. Lénine mit en cause le chauvinisme grand-russe ; en vérité, les responsables de la faillite de cette politique rêvée avaient été rarement les Russes, mais des néo-jacobins autoritaires et centralisateurs. Ils utilisèrent plusieurs procédés : ou bien le droit à l’autodétermination passa subrepticement de la nation à la classe ouvrière (dans le cas de l’Ukraine, de la Finlande), ou au « parti de la classe ouvrière » (pour la reprise de Boukhara) ; ou bien Moscou suscita l’apparition de nationalismes plus ou moins réels qui permirent d’organiser et défendre la Biélorussie à l’ouest aux dépens de la Pologne, ou de balkaniser le Turkestan. Ou bien la reconquête s’est effectuée pour « prévenir une intervention étrangère », celle d’Ataturk, des Japonais, etc. ; sauf qu’en Géorgie, en 1919, l’intervention se fit après le départ des Allemands, et que ce pays dut signer un traité d’alliance.
    En tout cas, pour les Républiques reconquises comme pour les autres, l’action du pouvoir soviétique se manifesta par toute une série de mesures, partout les mêmes.
    — La dérussification des instances chargées de décider du statut de ces territoires non russes, par exemple le Kav-Kom (comité du Caucase), le Muskom (comité musulman), le

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