Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
Bachkirs, troubles qui devinrent endémiques jusqu’à ce qu’une sorte de charte, conclue en 1728, stabiliseles droits et devoirs des trois parties en conflit : l’État, les tribus bachkirs, les colons. Ce n’était que la première manifestation d’une prise de conscience qui se traduisit, en 1754, par la création d’un mouvement national et musulman animé par Abdullah Miagsaldin, au vrai un Tatar, qui voulait « chasser les Russes avec l’aide de Dieu »…
« Refusez de collaborer avec ces sales Russes, versez leur sang, pillez leurs biens et réduisez-les en captivité. » La répression fut terrible, au point que de nombreux Bachkirs décidèrent de devenir les esclaves des Kirghiz (au sud) de peur d’être massacrés. Ceux qui étaient demeurés et avaient survécu participèrent à la révolte de Pougatchev.
A la fin de 1774, « insurgés et Bachkirs sont à nouveau soumis au sceptre de Votre Majesté », écrivait Pierre Panin dans son rapport à Catherine II.
La disparition de l’autre branche de l’ancienne Horde fut plus tardive : 1783. Elle ne fut pas une affaire purement russo-tatare, car elle interféra avec les conflits internationaux. En effet, les Tatars de Crimée étaient devenus les vassaux de l’Empire turc. Pour s’émanciper de cette tutelle, ils avaient appelé les Persans à l’aide, et, faisant la guerre ensemble aux Turcs, ils passaient au travers des steppes du nord de la mer d’Azov pour atteindre le Daghestan. Or, les Russes étaient installés à Azov depuis Pierre le Grand, et ces circonstances leur permirent d’intervenir dans ces régions, puis d’annexer la Crimée à l’époque de Catherine II. Entre-temps, fuyant la persécution infligée aux chrétiens, les Grecs et les Arméniens avaient quitté le pays pour le Gouvernement d’Azov.
Un Manifeste et un décret accompagnèrent l’annexion de la Crimée.
« Aux habitants de Crimée, nous faisons la promesse irréfragable, en notre nom et au nom de nos successeurs, de les maintenir sur une base d’égalité avec nos sujets héréditaires, de préserver et défendre leurs personnes, propriétés, temples, leur foi ancestrale qui demeurera inviolable.
» Nous promettons aussi que chaque classe [sostojanie] recevra les droits et privilèges dont bénéficient les classes équivalentes en Russie.
» En échange de la tranquillité que nous leur apportons, nous demandons et attendons qu’ils soient aussi loyaux que nos sujets, aussi zélés, aussi pour mériter la faveur impériale » (G. Vernadsky, A Source Book for Russian History, from Early Times to 1917 , II).
Le Manifeste était complété par un décret que Catherine adressa au prince Potemkine, gouverneur général de la Nouvelle Russie. Il portait sur la collecte des impôts — douane, sel, etc. —, en demandant « de faire attention qu’ils ne deviennent pas trop pesants pour la population… Et, avec ces revenus, il convient d’assurer le service des mosquées, des écoles, et des œuvres de bienfaisance. Il conviendra d’élever un monument à la gloire de l’annexion de la Crimée et des territoires tatars à l’Empire russe. Enfin, aucun de nos nouveaux sujets ne doit accomplir un service militaire contre sa volonté ou son désir ».
L’annexion des « provinces » du Caucase septentrional, de la Géorgie notamment, fut l’occasion d’une discussion, à Saint-Pétersbourg, sur le statut des nouvelles acquisitions territoriales. Ce débat eut lieu en 1820 et il porta sur la question : s’agit-il ou non de colonies ?
« Ces acquisitions peuvent être dites nos colonies, et non sans fondement… car elles nous apportent des produits venus du Sud…
» Nous les appelons colonies parce que le gouvernement ne s’efforce pas d’inclure ces territoires dans le système de l’État ; il ne veut pas en faire une partie de la Russie, russifier les populations ; simplement les maintenir comme une province asiatique, mais mieux gouvernée. »
Ainsi, à l’époque d’Alexandre I er , on appelait en Russie colonie ce qu’ultérieurement les Français appelèrent protectorat, tandis que les terres centrales, tatares ou autres, faisaient partie de l’Empire et que leurs habitants avaient vu se perdre, peu à peu, les garanties offertes au temps d’Ivan et de Pierre le Grand.
Le même sort devait frapper les nouveaux territoires acquis au tournant de l’époque révolutionnaire et de l’ère
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