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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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L’Égypte fut celui qui recouvra le plus rapidement sa personnalité antique qu’il n’avait du reste jamais oubliée… […] L’histoire nous apprend que son acceptation de la domination arabe, après la conquête, ne fut pas exempte de rancœurs, voire de résistance et de révolte… » (cité in Abd el-Malek, ibid.) . C’est le même diagnostic qu’établit Antoun Sa’adah, quelques décennies plus tard, pour juger que la Syrie a été la mère des nations, aux temps jadis, sous le nom de Phéniciens chananéens.
    Ainsi se développe l’idée de patrie, associée au terme de watan qui jusque-là figurait un sentiment d’affection, de nostalgie, mais pas de loyauté — celle-ci s’exprimant envers une dynastie ou en termes religieux, mais pas territoriaux.Ce fut le poète égyptien Rifa’a Rafi El-Tah Tawi qui, en 1855, publia une ode patriotique en arabe Qasida wata-niyya misriyya et popularisa la notion patriotique de watan . Le patriotisme de cheikh Rifa’a n’est pas ottoman, car il manifeste peu d’intérêt à son endroit ; il n’est pas musulman, puisqu’il revendique la gloire antique de l’Égypte païenne et chrétienne avant l’Islam ; il n’est pas arabe non plus, puisque les autres peuples arabes ne le concernent pas — l’idée d’une grande patrie arabe étant apparue plus tard (Bernard Lewis).
    Alors que, jusqu’à ce jour, les histoires de l’Égypte commençaient avec l’avènement de l’Islam, la sienne s’achève avec la conquête arabe… L’idée d’un pays et de son peuple, de leur continuité, même si changent la langue, le régime, la religion, la civilisation, voilà ce qui était inconnu et nouveau dans le monde musulman.
    Cela entraîna une réaction.
    Contre ces courants « nationalistes », un violent fondamentalisme musulman s’exprime aussitôt, dès la fin du XIX e  siècle, avec Mohammed Abdo qui préconise le retour aux sources de l’Islam joint à l’exercice du bon sens. « Seul un despote juste assurera la renaissance de l’Orient, écrit-il, et il suffit de quinze années pour qu’on permette alors aux hommes de se nourrir de liberté… » On commencera par les conseils municipaux, puis viendra le tour des échelons plus élevés de l’État ; mais, auparavant « on aura tordu le cou aux grands et aux leurs […] et on rectifiera ce qu’il y a de défectueux dans leur nature par les méthodes les plus efficaces, jusques et y compris l’excision et le fer rouge si besoin est ; et on élèvera les âmes des petits dans le sens de la volonté, et on agira sur les âmes comme le fait l’horticulteur quand il plante des tuteurs rectilignes pour redresser les plantes en croissance ». Ces idées se retrouvent, ultérieurement, chez Hassan Al-Bauna, fondateur et guide suprême des « Frères Musulmans » (1928).
    Mais, durant la période de l’émancipation vis-à-vis de l’Empire ottoman et du Califat, dont Ali abd Alrazeq conteste la légitimité, l’Égypte, pionnière du mouvement moderniste, passe, en un tournemain, d’un nationalisme fondé sur la souveraineté, le patriotisme, à un nationalismequi retrouve, incontinent, les traits de l’expansionnisme. Pour un court temps, il est vrai (cf. ici et ici ).
La Ligue arabe
    Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata, les sympathies des Arabes allèrent à l’Axe, qui avait les mêmes ennemis qu’eux : Anglais, Français, Juifs. Les Britanniques réussirent toutefois à éviter un soulèvement des Arabes en arrêtant l’immigration juive en Palestine, en soutenant les mouvements d’indépendance du Liban et de la Syrie contre la France, en déclarant leurs sympathies pour l’Unité arabe, et enfin en favorisant la création de la Ligue arabe, après l’alerte du soulèvement de Rachid Ali, en 1941. Le projet émanait de Noury Saïd, Premier ministre d’Irak, et fut rendu public à la fin de 1942. Il prévoyait la formation d’une Grande-Syrie, comprenant la Syrie, le Liban, la Transjordanie et la Palestine, par voie de fédération ; une autonomie serait consentie aux Juifs de Palestine, tout comme aux Maronites du Liban ; enfin, une Ligue arabe unirait l’ensemble avec l’Irak. La Grande-Syrie serait constituée sous l’égide du roi Abdallah, l’Irak prendrait la tête de la Ligue, et l’ensemble serait placé sous domination hachémite. Ainsi serait reconstitué, au Hedjaz près, le grand royaume arabe rêvé par le colonel Lawrence et le roi

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