Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
Hussein en 1916.
Anthony Eden approuva le projet, au début de 1943 ; mais il se heurta aux réticences de l’Arabie Saoudite, d’une partie des Libanais, de l’Égypte surtout. Nahas Pacha prit alors Noury Saïd de vitesse et, à la conférence d’Alexandrie, il proclama la création d’une Ligue arabe qu’Irakiens et Transjordaniens durent accepter. Le pacte, du 25 mars 1945, avait pour objet, en effet, de sauvegarder l’indépendance des Etats arabes existants. Il allait donc contre le projet d’une unité arabe centrée sur le Croissant fertile…
Cette victoire du Caire sur Bagdad, avec les 6 États membres, signifiait aussi l’exclusion de l’Iran pourtant réputé musulman, mais non arabe ; surtout, elle impliquait la promesse d’une aide à tout mouvement national arabe, d’un bout à l’autre du monde musulman ; bientôt l’Afrique du Nord, puis la lutte contre Israël. Mais la multiplicité desrégimes politiques qui la constituaient rendait la Ligue peu opérante, d’autant qu’elle était dotée de moyens réduits. Elle tenta de se réanimer grâce à des organisations plus révolutionnaires, tel le Baas syrien, mais ce furent les événements d’Égypte, avec le coup d’État de Néguib-Nasser, en 1952, qui firent de la Ligue un nouvel instrument, levain et levier du soulèvement des peuples colonisés, surtout lorsqu’il disposa d’un puissant haut-parleur : La Voix des Arabes , qui émit du Caire et atteignit l’Afrique du Nord.
En Orient, surtout, l’Internationale en avait été un autre, apparu en 1919, et qui eut de l’influence plus à l’est, chez les Turcs, les Persans, les Indiens, etc.
L’Internationale communiste et les peuples coloniaux
La II e Internationale avait certes stigmatisé le fait colonial, mais pour lui substituer une politique socialiste. Lénine fut un des premiers théoriciens qui, dans une brochure de 1914, Du droit des nations à disposer d’elles-mêmes , insista sur le rôle « progressiste » des revendications nationales, pour autant que la politique coloniale permettait d’améliorer le sort des ouvriers européens et de retarder ainsi la révolution sociale en Europe… La lutte nationale contre l’impérialisme devenait ainsi un élément fondamental de la lutte du prolétariat, une démarche plus radicale que celle des autres dirigeants de l’Internationale, mais qui continuait à ne pas prendre les revendications nationales des peuples colonisés comme un objectif à atteindre en soi.
On vérifie à quel point les perspectives des colonisés et des révolutionnaires pouvaient être étrangères les unes aux autres en constatant qu’à la conférence de Lausanne — réunie en pleine guerre (1916) par des sympathisants des minorités opprimées de l’Autriche-Hongrie, tel le Suisse Eugène Privat notamment, qui l’organisa — affluèrent, certes, des représentants de ces minorités… deRussie, mais aussi des Égyptiens, des Arméniens, des Tunisiens — mais qu’aucun socialiste n’y participa, sauf le Finnois Kuusinen. Pourtant, la plupart des exilés russes — bolcheviques, mencheviques ou socialistes révolutionnaires — étaient alors en Suisse, mais ni Lénine, ni Martov, ni aucun autre n’attachèrent le moindre intérêt à cette conférence des nationalités. En revanche, en France, Jacques Bainville alors journaliste, et futur historien nationaliste, nota que problème national et problème colonial n’étaient que deux variables de situations comparables, et il recommandait au gouvernement Ribot de ne pas trop agiter la question nationale en Autriche-Hongrie, s’il ne voulait pas que cela ait des effets sur l’avenir de nos colonies…
Lors de la révolution de 1917, la plupart des nationalités de Russie virent dans la chute du tsarisme puis du Gouvernement provisoire l’occasion de reprendre leur liberté. Elles purent vérifier que le droit à l’autodétermination, affirmé par Lénine, n’avait été qu’un instrument destiné à hâter la chute de l’ancien régime, mais qu’au nom de la solidarité révolutionnaire Moscou jugeait que l’appliquer serait affaiblir le camp de la révolution mondiale. Son avenir fut abordé au 2 e Congrès du Komintern, en 1920, où, malgré les victoires de l’Armée rouge en Pologne, la révolution européenne n’apparut plus comme allant de soi, au moins dans l’immédiat. Ce fut en ces circonstances que l’Indien Roy fit valoir que le
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