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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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algérien qui, jusque-là, manquait d’assurance. Les valeurs de l’intégration fascinaient encore un grand nombre, quelles qu’aient pu être les multiples violations et vexations que l’administration ait pu commettre à l’endroit des populations musulmanes (élections truquées, répression, etc.). La défaite française de Diên Biên Phu persuada un certain nombre de militants du MTLD de rompre avec l’attitude soumise d’un parti politique, même extrémiste, mais sans avenir. La greffe de la lutte des Arabes d’Algérie sur la cause islamo arabe agit comme un levain, comme un levier qui soulève le CRUA (Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action), puis bientôt les masses dans un élan infini. Telle est la révolution algérienne qui aboutit en 1954 à la formation du FLN et à l’insurrection de novembre. Les scissionnistes du MTLD, passés au CRUA, puis au FLN, s’instituaient, en quelque sorte, comme l’ embryon d’un État algérien futur avec les prérogatives et le fonctionnement d’un gouvernement, sans le nom : exigence d’obéissance, par la terreur s’il le faut ; monopole de la décision, terrorisme aussi comme pratique de consolidation de son propre pouvoir ; et enfin internationalisation du problème grâce à l’appui de Nasser et du bloc islamo-arabe.
    Dans ce contexte, le PCA avait eu beau se rallier au principe de la République démocratique algérienne, il était complètement dépassé ; en outre, l’allégeance du FLN au bloc islamo-arabe le maintenait prisonnier de ses anciennes réticences ; sans parler de la résistance que ses ouailles pouvaient opposer à un appareil qui sentait le sol s’effondrer sous ses pieds puisque ses troupes étaient pour l’essentiel constituées d’Européens et que, simultanément, le FLN lui demandait, comme aux autres partis, de se dissoudre.
    Pourtant, il serait illusoire d’imaginer, après coup, que la« révolution » du 2 novembre 1954 fut ressentie et vécue comme telle dans tout le pays. Certes, cette date est devenue historique, et légitimement : mais c’est l’appareil FLN qui l’a instituée. Pour les populations d’alors, européenne et arabe, qui, dans leur masse, ne connaissaient pas encore vraiment le FLN, le 2 novembre passa inaperçu, une fois connus les attentats qui signèrent le commencement de la lutte armée. Au début, les actes de terrorisme ne concernaient que le djebel et, pendant près d’un an, l’état de guerre ne fut pas vraiment perçu comme tel — sauf, naturellement, en Kabylie, dans les Aurès. D’autre part, étant donné que les organisations nationales demeuraient discrètes sur leurs objectifs réels, les Européens des villes vivaient à des années-lumière du drame qui était en train de naître, et qu’ils voulaient ignorer à tout prix. D’ailleurs, la plupart des musulmans en voyaient mal l’issue.
    L’Oranie était la plus épargnée. Pour la masse de la population, alors que les troupes venues de métropole commençaient à débarquer à Alger, l’idée d’une solution politique apparaissait encore possible ; même si, on le sait aujourd’hui, la direction du FLN entendait déjà mener la lutte armée jusqu’à l’indépendance, accompagnée pour certains de l’idée de l’expulsion des Français. Pourtant, à la fin de 1955, bien peu eussent imaginé une telle issue au problème algérien. Le climat politique se détériorait, certes, mais la majorité des Européens raisonnait à partir du dogme de l’Algérie département français, et bien des Arabes espéraient seulement en une intégration réelle, au reste sans trop y croire. Les modérés de l’UDMA étaient au croisement des chemins.
    Avec la victoire du Front républicain, un vrai changement paraît alors possible ; mais tout bascule complètement le 6 février 1956, lorsque Guy Mollet capitule devant le soulèvement des colons.
    Quelques mois plus tôt, en effet, à Oran où le Parti communiste a perdu une bonne partie de sa clientèle, l’initiative d’une tentative de rapprochement entre les deux communautés part d’un petit groupe de « libéraux », qui fondent Fraternité algérienne . A cette date, on appelait« libéraux » ceux qui, comme à Alger, essayaient de trouver les voies d’une solution négociée entre Européens et musulmans. A l’appel de ces « libéraux » répondent des dirigeants syndicaux arabes, des militants nationalistes du FLN, des

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