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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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communistes européens et musulmans, divers individuels appartenant à des fractions de l’ex-MTLD. Au total, environ deux cents personnes, enseignants, commerçants, professions libérales, etc., signèrent ce Manifeste où figurent deux tiers d’Européens et un tiers de musulmans, dans cette cité qui comprenait à peu près une proportion identique d’habitants de chaque communauté. Devant la solution militaire qui se dessinait, l’ Appel souhaite agir pour mettre fin à cette guerre et il demande au gouvernement français d’entrer en contact avec tous les représentants du peuple algérien. Le Manifeste fut un réel moment d’espoir, signé avec enthousiasme dans un climat de Nuit du 4 août (17 décembre 1955).
    Simultanément, dans Oran républicain , paraissaient une série de propositions sur l’avenir de l’Algérie où était préconisée une solution de cosouveraineté. Son auteur les avait rédigées après avoir consulté des représentants de toutes les organisations algériennes.
    Début février 1956, il avait été décidé, à Fraternité algérienne, de demander au préfet une entrevue auprès de Guy Mollet qui devait venir à Alger : la délégation qui se rendit à Alger en train comprenait 5 membres, dont un CGTA et un représentant officiel du FLN. Est-ce le tour pris par les événements du 6 février, ou à la suite du durcissement du FLN, antérieur, le membre du FLN ne vint pas à l’entrevue prévue le 8  3  ; lors de cet entretien, Guy Mollet assura la délégation que des « élections vraiment libres » auraient lieu en Algérie… Une telle méconnaissance des données du problème algérien laissa la délégation hébétée.
    Avec le recul du gouvernement, le 6 février 1956, toute idée de négociation entre Européens d’Algérie et Arabes était condamnée. Au reste, à partir de cette défaite et de ceretournement de Guy Mollet, le FLN n’envisage plus qu’une solution : la lutte armée jusqu’à l’indépendance. Mais, avant le 6 février, d’autres voies n’étaient pas nécessairement exclues, tout au moins une formule d’indépendance qui n’eût pas impliqué le départ massif des Français d’Algérie. Ceux-ci, en faisant capituler Guy Mollet, ont signé eux-mêmes leur propre défaite.
    Le dernier trait du rapport Ait Ahmed, «  toutes les formes de lutte à la Abbas doivent être condamnées » , illustre bien la greffe des pratiques léninistes sur les dirigeants du mouvement MTLD et rend compte de la politique d’extermination qui vise ses rivaux ou adversaires musulmans.
    Les dirigeants nationalistes disaient et répétaient qu’ils n’étaient pas « matérialistes », c’est-à-dire qu’ils se voulaient musulmans, pas marxistes. Mais, comme la plupart des mouvements nationaux musulmans de l’ancienne Russie, ils empruntèrent à Lénine leur forme organisationnelle — un parti fondé sur les principes de Que faire ? , et à Mao Tsê-tung, plus tard, l’idée d’une guerre prolongée. Or, avant 1917, dans la pratique léninienne, il n’y avait pas seulement le projet d’un groupe de militants d’avant-garde, mais aussi le principe du parti unique. Sa tactique émanerait des circonstances.
    En Algérie, un premier conflit éclate entre le leader du parti, Messali Hadj, soutenu par Moulay Merbah, exilé à Chantilly puis à Niort, et le Comité central, les premiers reprochant au second de trop compter sur les États-Unis et pas assez sur le Maroc ou la Tunisie — mais surtout de mettre le parti à la remorque des mouvements réformistes ; il est demandé à Aït Ahmed et à Ben Khedda de se préparer à la lutte armée (1951), de sorte que le Comité central accepte de reconstituer une organisation spéciale (OS), confiée à Ramdane (Abdelmalek). Mais c’est bientôt le principe d’une autorisation demandée à Messali que mettent en cause les activistes qui, avec quelques centralistes, constituent le CRUA, avec Boudiaf, lesquels, utilisant une figure soviétique, condamnent chez Messali « le culte de la personnalité ». Toute une série de retournements tactiques, étudiés par Mohamed Harbi, reproduisentet rappellent de façon frappante l’histoire interne du parti bolchevique, entre 1903 et 1914.
    A la veille de l’insurrection, on peut considérer que deux tendances dominent. Celle des messalistes, méfiante vis-à-vis de tout compromis avec le gouvernement français ou des intermédiaires étrangers,

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