Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
Vom Netzwerk:
qui se veut proche de l’Islam, populiste, hostile aux intellectuels. Et celle des centralistes, au contraire, qui comprennent de nombreux « petits-bourgeois intellectuels », tel le pharmacien Ben Khedda, le journaliste Salah Louanchi. Ils se distinguent des messalistes en mettant l’accent sur la nécessité d’avoir des dirigeants compétents, de se donner des institutions, d’accepter le pluralisme, de prendre une distance vis-à-vis de la tradition, d’être fondamentalement hostiles aux communistes.
    Le groupe fondateur du FLN, constitué le 23 octobre 1954, comprend à la fois des activistes, et des centralistes de la délégation extérieure, tels Ben Bella et Khider, etc. Ce qui, en fin de compte, les fait rompre avec les messalistes et les centralistes, c’est que ceux-ci veulent trancher les divergences politiques avant de s’engager dans l’action armée — et ils rompent aussi avec les centralistes qui jugent l’insurrection prématurée. Le programme du FLN est : d’abord agir. Prenant la relève du CRUA, ils se donnent comme premier objectif « de regrouper par tous les moyens les forces du pays » (Khider, le 7 février 1955).
    L’idée dominante était que l’indépendance ne s’imposerait que par la guerre. Mais le groupe qui se constitue à cette fin manque encore d’assurance. Aussi entend-il d’abord prouver son existence, pour se livrer ensuite à un travail d’explication ; puis, deuxième étape, il généralisera l’insécurité et constituera un contre-pouvoir ; enfin, il se créera des zones franches, soustraites à l’ennemi. La conception générale était le bilan de réunions diverses, où Boudiaf avait joué un rôle prépondérant, mais c’est Abbane Ramdane qui transforme le FLN en un vaste rassemblement national : il s’était imposé par son caractère de lutteur, par son courage aussi, ne cédant pas à la torture.
    Le ralliement des autres politiques fut l’effet de l’attitude de la France, à qui, en février 1955, Abbas demande encore l’application du Statut de l’Algérie… Le truquage desélections d’avril convainc les plus modérés qu’il n’y a plus rien à attendre du Gouvernement général ou de Paris. Pour les musulmans, il est clair que les réformes de Soustelle ont pour but principal d’isoler le MTLD ou le FLN. Que faire lorsque, comme Ferhat Abbas, on n’a cessé depuis dix ans de demander de simples réformes, voire l’intégration, et que le refus des colons est obstiné, sans concessions véritables ?
    L’UDMA n’avait vu dans les attentats du 2 novembre 1954 que « désespoir, désordre, aventure ». Or, les réactions de Paris et d’Alger constituent des manœuvres, elles préparent la répression, et il n’est plus question de laisser écraser les « terroristes ». Ferhat Abbas rencontre Abbane Ramdane, et il est convenu de se battre chacun de son côté sur deux voies parallèles, la lutte armée et le front politique. Ce « pacte » n’empêche pas les organisations FLN de Constantine d’abattre plusieurs des dirigeants locaux de l’UDMA (dont le neveu de Ferhat Abbas). Bientôt, les violences de la répression, de la guerre, du terrorisme, exercent une pression plus forte sur l’UDMA qui constate que la voie politique est sans issue : « Les choses sortent d’entre nos mains », observent Ahmed Francis et Ferhat Abbas qui, en avril 1956, se rallient au FLN. Les centralistes suivent le même parcours.
    « Il fallait que les partis politiques disparaissent… » Même les communistes s’étaient pliés à cette nécessité. Seule la violence contraindrait les récalcitrants à se rallier — à moins que ce ne soit celle du colonisateur, jugeaient les dirigeants du FLN. Et, comme le déclare Krim Belkacem, « sinon, ce sera la guerre ».
    Or, pour Messali Hadj, cette intégration des réformistes dans le FLN est bien la preuve de la trahison de ces derniers, qui sont, « tous, des exclus du MTLD ». En outre, le MNA (Mouvement national algérien, nom nouveau donné au MTLD de Messali depuis une scission) juge que le FLN est entièrement entre les mains de Nasser, qui le fournit en argent et en armes. Ce que ne cesse, au reste, de répéter Jacques Soustelle. Le MNA entend passer lui aussi à l’action directe, mais en internationalisant la question algérienne, pour que l’ONU la prenne en considération. Entre les dirigeants du MNA et ceux du FLN, l’intransigeance est égale,

Weitere Kostenlose Bücher