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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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l’adorent chez les autres ; chrétiens qui ne versent pas une larme sur leurs coreligionnaires massacrés précisément parce qu’ils étaient chrétiens, progressistes que remplit d’aise la perspective d’une Algérie retombant dans le chaos, internationalistes qui s’agenouillent devant les nationalistes africains et orientaux, esprits forts qui ont horreur de la barrette de la Légion d’honneur mais s’inclinent devant le Guennour » (J. Soustelle, Aimée et souffrante Algérie , p. 132).
    La complexité des rapports qui ont pu se nouer entre les communistes et le mouvement national , dans le contexte de l’après-guerre, introduit aux relations que les Algériens entretenaient avec les Européens libéraux.
    Au début des années cinquante, il apparaît que le Parti communiste algérien soutient massivement la plupart des revendications qui émanent des organisations nationales algériennes, et que, par le canal de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens), militants communistes et non communistes fraternisent. Or, cet accord porte essentiellement sur les problèmes sociaux, le travail à la campagne ou sur les docks ; sur le terrain plus proprement politique, tout en s’affirmant plus proches du MTLD que de l’UDMA (Union démocratique du Manifeste algérien) de Ferhat Abbas, les organisations d’extrême gauche sont, dans la réalité, plus favorables aux revendications purement démocratiques qu’à l’aspiration des Arabes quisouhaitent que soit reconnue leur identité collective, la « personnalité algérienne ».
    Durant les années 1947-1952, il est clair que les communistes d’Algérie sont beaucoup plus attentifs au déroulement de la conjoncture internationale, à son contexte de guerre froide, à la lutte pour la paix que stimule l’Appel de Stockholm, qu’ils ne se sentent réellement concernés par les revendications d’ordre proprement nationaliste. Par exemple, la demande de l’UDMA concernant l’enseignement de l’arabe n’a jamais été vraiment prise en considération. De plus, à une date où le retour au pouvoir des communistes en France ne semble pas compromis à jamais, l’idée d’une indépendance de l’Algérie apparaît quelque peu « contre-révolutionnaire » aux communistes d’Algérie. C’est l’époque de la guerre froide, et ils condamnent très vivement « la pseudo-indépendance qui ne pourrait que renforcer l’impérialisme américain »… Ils imagineraient plutôt que ce pays pourrait constituer une sorte d’Ouzbékistan à la française, l’« Algéristan », si tant est qu’au pouvoir, à Paris, les communistes pussent accomplir des réformes qui iraient dans le sens d’une intégration — fédération des Républiques de France et d’Algérie associées. Or, à cette époque, le PCA organise des voyages au « Turkestan », et les pèlerins, au retour de Taschkent, ne manquaient pas de chanter les louanges de la politique musulmane des Soviétiques.
    En vérité, durant ces années-là, la grande affaire des communistes algériens était de rallier les Arabes à la lutte pour la paix. Dans ce contexte, la lutte des Arabes pour leurs revendications propres passait au deuxième plan.
    De leur côté, les Arabes étaient circonspects. Ceux qui militaient à l’UGTA acceptaient les ordres de priorité proposés par le Bureau ; mais le plus grand nombre exprimait une certaine réticence. Manifestement, ils étaient méfiants vis-à-vis du PCA et ils se rappelaient qu’à Sétif, en 1945, pour justifier l’action répressive du gouvernement auquel ils participaient, les communistes français et algériens avaient parlé d’un « complot fasciste ». L’UGTA jouissait pourtant, elle, d’une relative faveur pour autant qu’elle n’était pas organiquement liée au PCA, mais bienaux centrales syndicales de la métropole. Cependant, les Arabes répétaient qu’ils n’étaient pas marxistes. Après coup, ce trait est frappant, parce que les communistes n’abordaient que rarement le problème de leur propre identité doctrinale ; toutefois, dans le contexte de l’époque, ce propos signifiait seulement que les Arabes, en majorité MTLD, se voulaient musulmans, « pas matérialistes ». Seuls, les UDMA, amis de Ferhat Abbas et du D r  Francis, tenaient un langage plus laïc, arabisant par ailleurs ; mais, étant donné qu’ils étaient considérés comme plus « modérés », comme

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