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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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et égale aussi la détermination à atteindre l’indépendance. Mais, dans l’action quotidienne, le FLN a plusieurs longueurs d’avance ; et le MNA a été pris de court par l’« insurrection » de novembre 1954, qui s’était effectuée sans qu’il en ait connaissance. Il est pris de court aussi lorsque le FLN entreprend d’en éliminer les cadres locaux, comme il avait procédé en Constantinois avec l’UDMA. A Marnia, puis à Oujda, ce sont les militants MNA qui tombent dans un traquenard et sont assassinés.
    La guerre intestine qui divise, désormais, les Algériens dépasse toutes les violences jamais enregistrées : seulement dans l’émigration, où l’on compte environ de 10 000 à 15 000 membres du FLN et autant du MNA, on a pu recenser 12 000 agressions, 4 000 morts et 9 000 blessés. En Algérie même, les chiffres dépassent de loin ce bilan. Le FLN prend lentement le dessus dans cette lutte fratricide : par un mécanisme qui rappelle les luttes entre les bolcheviques et les autres révolutionnaires, en 1918-1919, ce besoin d’exercer le pouvoir tout seul le pousse à exterminer les hésitants — ce qui conduit certains d’entre eux à se retourner contre lui, « à trahir » — c’est l’affaire Bellounis. En 1958, tous les leaders historiques du MNA ont été assassinés, et un attentat contre Messali échoue.
    Dans cette guerre à l’intérieur de la guerre, l’« erreur » du MNA avait été d’avoir voulu se subordonner les groupes armés, eu égard à son antériorité « historique », au lieu de se constituer les siens propres. Son nationalisme intransigeant lui avait aussi aliéné le monde arabe, Nasser, en particulier, qui fit arrêter Mezerna au Caire, et soutenait Ben Bella, de la délégation extérieure de l’Ex-MTLD. Son islamisme relatif, enfin, le priva du soutien de Nehru et de Soekarno, alors qu’il tablait, pour une négociation avec la France, sur les effets de l’internationalisation.
    A la différence de l’Indochine, le conflit algérien commença par une guerre sans le nom, le terrorisme et une répression, anonymes, ce qui créa une atmosphère trouble, marquée par le refus de constater qu’une épreuve de force irréversible était engagée. L’explosion de novembre 1954ne devint une vraie guerre qu’après les massacres d’août 1955, et celle-ci devint totale, avec son cortège de cruautés, lors de la bataille d’Alger où 8 000 parachutistes pénètrent dans la ville, investis d’une mission policière (7 janvier-24 septembre 1957). La bombe de l’« Otomatic », un bar algérois, du « Coq Hardi », les lynchages d’Arabes en représailles, etc., — ce cycle infernal, « du sang et de la merde » (colonel Marcel Bigeard), se termine par le succès du général Massu qui arrête Larbi Ben M’Hidi — bientôt « suicidé » —, Yassef Saadi, et oblige Abbane Ramdane à quitter la capitale.
    Cette victoire militaire s’accompagne d’une crise morale du côté des Français : le général de La Bollardière et Paul Teitgen, secrétaire général de la police d’Alger, démissionnent pour protester contre les méthodes du général Massu.
    Dans le bled, l’armée de libération nationale du FLN se renforce malgré la ligne Morice, dressée aux frontières, pour prévenir l’armement des fellaghas. Grâce à l’aide de 250 000 musulmans supplétifs — les harkis —, le général Salan remporte un certain nombre de succès au point qu’en 1958 Robert Lacoste répète que la victoire ira à celui qui tiendra « le dernier quart d’heure ». De fait, les nationalistes algériens se livrent à une véritable guerre fratricide qu’illustre le massacre de Melouza où 374 villageois, supposés fidèles à Messali Hadj, sont massacrés par le FLN (mai 1957). Cependant, un nouveau clivage a divisé les nationalistes depuis la réunion du congrès de la Soummam : il oppose Abbane Ramdane et les représentants des combattants, d’une part, et le groupe Khider-Ben Bella, de l’autre, qui conteste le « contre-État » institué par ce congrès dont sont absents les Aurès, la délégation extérieure, l’Oranie, la Fédération de France. Khider et Ben Bella contestent aussi la remise en cause du caractère islamiste des futures institutions algériennes, ils manifestent leur rejet de la laïcité de l’État et disent leur refus d’y faire une place à la minorité européenne.
    Tandis que

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