Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
idéologie révolutionnaire et s’appuie sur les autres Bakongo du Congo ex-belge, où il trouve refuge. La rivalité entre l’UPA et le MPLA permit aux Portugais de surmonter l’année 1961, celle du massacre social réciproque, puisqu’on parle de 8 000 à 50 000 morts africains et au moins 1 800 blancs, massacrés les premiers. Mais le mouvement du Nord est vaincu, et toute une partie de la population Bakongo se réfugie au Congo-Léopoldville. Holden Roberto n’en crée pas moins un gouvernement panangolais en exil (1963) ; le FLNA est reconnu par plusieurs États africains, tandis qu’un de ses dissidents, Jonas Savimbi, rallie une importante ethnie que vise le MPLA, les Ovimbundu.
Ce qui différencie les mouvements indépendantistes antiportugais de tous les autres, et de l’Indochine aussi, c’est la double internationalisation dont leur combat est l’objet. Tandis que l’UPA-FLNA était soutenu, via le Congo-Léopoldville, par les États-Unis, le MPLA recevait l’appui financier, et militaire aussi, de l’URSS et de Cuba. En 1966, Fidel Castro avait déclaré que « le peuple comprenait ses devoirs, car il savait qu’il n’avait qu’un seul ennemi, celui qui nous attaque sur nos côtes et sur nos terres. Et c’est le même qui attaque les autres. C’est pourquoi nous proclamons que, partout, les mouvements révolutionnaires pourront compter sur les combattants cubains ». Ceux-ci arrivèrent bien en Angola, aux côtés du MPLA, mais, dans le contexte du conflit sino-soviétique, les Chinois apportèrent leur aide à l’UNITA, qui recevait déjà l’appui de l’Afrique du Sud, toute proche. De sorte que l’Angola devient le microcosme où s’affrontent les trois camps qui se disputent l’hégémonie mondiale, tandis que, simultanément, l’ONU disait sa réprobation au Portugal, à l’Afrique du Sud et à la Rhodésie, à l’occasion de son 25 e anniversaire, en 1970.
Au même moment, en Guinée-Bissau, le PAIGC réussissait à organiser des « zones libérées ». Le général Spinola, qui commandait les forces portugaises en Guinée, comprend qu’une issue militaire est désormais impossible, quel que soit l’effort de la métropole qui consacre auxconflits coloniaux la moitié du budget national. Effectuée par une conjonction des forces militaires et du sentiment populaire, la « révolution des œillets », en 1974, met fin au régime salazarien qui survivait…
Le général Spinola, chef de la junte militaire, avait dit son désaveu d’une guerre coloniale sans issue ; il voulait construire un Portugal réformé, le rattacher à l’Europe. Des négociations avaient lieu avec les mouvements indépendantistes : mais c’est l’armée, ici, qui, toujours maîtresse du terrain, traita avec eux. Certes, comme en Algérie, les colons s’en allèrent (moins en Mozambique, moins encore au Cap-Vert où les assimilados prennent le pouvoir), mais, ici, ce fut l’armée qui introduisit la démocratie et qui, aux colonies, après la guerre la plus longue, 1961-1974, sut faire la paix.
Le « Sendero luminoso » du Pérou : un mouvement syncrétique
En 1992, Abimael Guzman était arrêté par l’armée, et le président Fujimori le faisait incarcérer dans une cage à barreaux, pour que la population de Lima puisse le voir, et juger qu’il n’était plus un danger. Pourtant, le mouvement du Sentier a repris ses activités, car il s’enracine en fait dans plusieurs traditions. Sa localisation aussi révèle sa signification.
Si on considère Hô Chi Minh et Mao comme les épigones de Lénine, une troisième génération de révolutionnaires nationalistes est apparue depuis, qui emprunte arguments et techniques à la fois à l’ex-modèle européen et à l’ex-modèle anticolonial. Pol Pot l’a incarnée au Cambodge, mais aujourd’hui c’est en Amérique andine qu’elle existe avec le plus d’intensité. En Amérique centrale, c’est plutôt le modèle cubain qui l’emporte, tandis qu’au Pérou surtout, en Colombie, Bolivie, etc., un véritable syncrétisme s’est opéré, d’une part entre la théorie marxiste représentée par Jose Mariategui, qui considère la société péruvienne comme une société coloniale, et, d’autre part, despratiques terroristes qui, au Pérou, rappelleraient plutôt celles du FLN algérien, avec un argumentaire léniniste, alors qu’en Colombie règne plutôt la guérilla.
En vérité, le Sendero se déclare
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