Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
commencent à s’intégrer culturellement (sports, médias, éducation…) sinon socialement, tels ces médecins indiens en Grande-Bretagne, comme si, pour les premiers, se réalisait ce dont rêvaient une partie de leurs parents.
Et outre-mer ?
On a vu que l’action conjuguée ou concurrente de l’impérialisme des multinationales et de l’impérialisme multinational a placé les économies des pays nouvellement indépendants sous leur contrôle, seules les ex-dépendances du Japon-Taïwan, Corée du Sud, ainsi que Singapour ayant réussi à s’intégrer aux forces économiques qui dominent la planète.
Ailleurs, le fait nouveau est bien l’existence d’un colonialisme sans colons , qui a créé une nouvelle classe autochtone, très minoritaire et qui s’est greffée sur celle des grandes puissances bancaires. Dans L’Afrique sans Africains. Le rêve blanc du continent noir , Antoine Glaser et Stephen Smith ont démonté les ravages et les interférences du système. La dépendance des populations a ainsi survécu à la fois à la colonisation, au néo-colonialisme première manière avec ses coopérants, en ce sens qu’à l’ère de la mondialisation, cette dépendance est anonyme ; de sorte que les populations ne peuvent s’en prendre qu’à leurs propres dirigeants ; or en changer ne modifie pas les modalités de la dépendance.
Il est vrai que peu à peu une conjoncture similaire s’instaure jusque dans les pays les plus riches, que la mondialisation atteint aussi bien, les dessaisissant pour une part de leur autonomie, sans évidemment qu’on ne puisse comparer la mesure de cette dépendance, de ses effets tragiques. Mais nos pays sont sans recours, tant qu’on ne réagit pas, contre les lois du marché, contre l’hégémonie de la finance, qui est devenue une puissance autonome d’évaluation et non plus le reflet d’une production qui lui coexiste.
Que cette concentration financière et bancaire soit dominée par les Américains, qui sur les deux cents premières multinationales en contrôlent soixante-quatorze, voilà qui donne la mesure du croisement entre les différentes formes d’impérialisme économique ou financier et le degré de leur américanisation.
L’âge de la Tricontinentale est bien passé et, aujourd’hui, se cherchent les forces qui, en Europe ou ailleurs, s’essaient à contrebalancer ce nouveau rétrécissement du monde, la concentration de ses centres de décision.
Ce sont les mondes de l’islam qui les ont sécrétés.
Le choc en retour
Ce choc en retour est venu d’une des branches de l’intégrisme, Al Qaïda qui, du Maroc aux Philippines, contrôle des réseaux plus que des territoires. Greffé sur les richesses de l’Arabie Saoudite et sur les milieux islamistes du Pakistan, ce mouvement a d’abord contribué, avec l’aide américaine, à chasser les Soviétiques d’Afghanistan (1989) ; puis il s’en est pris à ses sponsors, et héritiers de la colonisation européenne, les Américains, qui s’installaient, avec l’aval des dirigeants saoudiens, sur la terre du Prophète — un sacrilège — pour combattre, au nom de l’ONU, l’Irak de Saddam Hussein qui avait annexé le Koweït.
Le 11 septembre 2001, par une action d’une audace inouïe, les réseaux d’ Al Qaïda attaquaient le territoire américain lui-même en commettant des attentats-suicides contre le World Trade Center et d’autres objectifs à New York et à Washington, symboles de la puissance américaine.
En pays d’islam, cet acte de terrorisme rencontra la ferveur de la rue tant était profond le ressentiment contre le monde occidental. Mais les régimes institués depuis l’indépendance, ceux de l’Iran et de la Turquie (qu’ils aient choisi de moderniser l’islam ou de laïciser l’État), ont bien compris que cet intégrisme, héritier des Frères musulmans d’Égypte, et la nébuleuse terroriste qui en incarnait la branche extrême avaient pour projet à la fois de détruire ces États dont l’existence « divisait l’islam » et de mener le djihad contre le Satan occidental.
L’onde de choc de septembre 2001 dépassa celle de la révolution khomeiniste d’Iran de 1979 bien que celle-ci, également, ait voulu que l’islam colonise l’État ; mais étant iranienne d’origine, et chiite, elle ne mordit que sur une partie du monde arabe, voire de l’islam sunnite non arabe, ce qui limita son expansion quels que fussent ses accents
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