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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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l'Empire, soit un peu moins de la moitié du clergé local, mais ils n'étaient que vingt-six en l'an VIII et quatrevingt-six en l'an X. En Ille-et-Vilaine, le nombre de oui lors du plébiscite de l'an XII a décuplé au sein du clergé, passant de trente-neuf à trois cent quatre vingtneuf. Dans le Finistère, le clergé finit aussi par se rallier, après quelques réticences émises notamment par les prêtres du Léon. En accomplissant ce geste, le prêtre breton, autorité morale dans son village, montre la route à suivre, ce qui ne signifie pas que l'adhésion au régime soit unanime. Toutefois, la très grande majorité du clergé est au moins obéissante. Ailleurs, comme dans la région de Grenoble, l'enthousiasme est plus marqué. Le clergé suit très largement son évêque, Mgr Simon, dont la demande était il est vrai explicite : « Monsieur le curé, je vous préviens que Monsieur le préfet envoie dans votre commune des registres ouverts pour voter sur l'hérédité de l'Empire dans la famille de Napoléon Bonaparte, nommé empereur par la reconnaissance des Français. J'ai signé moimême le premier par l'affirmative, sur une feuille particulière que j 'ai présentée à tous les prêtres de Grenoble. Je vous invite à suivre mon exemple et à faire toutes les instructions particulières à vos paroissiens pour stimuler leur attention sur cet objet important 3. »
    Comme à Grenoble, partout le clergé est donc invité à signer, mais aussi à faire signer les registres ouverts pour le plébiscite. Ce n'est là que l'une des actions par lesquelles il pèse sur l'esprit des fidèles. Les prêtres font chanter chaque semaine à la messe la prière en faveur du souverain, Domine salvum fac imperatorem, et lorsque certains d'entre eux se soustraient à cette obligation, comme dans le diocèse de Bayeux en 1806, ils sont rappelés à l'ordre par leur évêque, après que celui-ci a été tancé par le ministre des Cultes. En 1805, il leur est également enjoint de lire les Bulletins de la Grande Armée au prône.
    Cette dernière demande faite aux prêtres par Portalis est toutefois critiquée par Napoléon dans une lettre à Fouché, trois jours après la bataille d'Austerlitz : « Je vois des difficultés au sujet de la lecture des bulletins dans les églises ; je ne trouve point cette lecture convenable ; elle n'est propre qu'à donner plus d'importance aux prêtres qu'ils ne doivent en avoir, car elle leur donne le droit de commenter, et, quand il y aura de mauvaises nouvelles, ils ne manqueront pas de les commenter. » Napoléon recommande plutôt d'afficher ces bulletins aux portes des bâtiments officiels, ce qui ne l'empêche pas de continuer à demander aux prêtres des prières pour le succès de ses armes. Régulièrement, l'évêque leur transmet la demande du ministre de faire chanter un Te Deum pour célébrer les victoires de 224
     

    LE CONTRÔLE DES ÂMES
    Napoléon. Les années 1805-1809 sont en ce domaine fort riches, ce qui renforce l'impression d'adhésion du clergé au régime, d'autant que chaque demande épiscopale est accompagnée d'une lettre dans laquelle est justifiée l'action militaire de l'Empereur. Enfin, le clergé devient l'un des principaux relais du pouvoir pour expliquer la nécessité d'accepter la conscription. Plus l'effort demandé à la jeunesse française est grand, plus les prêtres sont sollicités pour faire l'apologie du service militaire, ce qui n'empêche pas quelques résistances.
    La surveillance du clergé ne se relâche pas. Les sermons sont étudiés par des observateurs attentifs et le moindre écart signalé aux autorités. Les lettres épiscopales sont elles-mêmes soumises à une discrète censure. En 1802, par exemple, Bonaparte avait corrigé de sa main la première lettre pastorale adressée par l'archevêque de Paris à ses diocésains. La police veille à la bonne marche des affaires cléricales, car si Napoléon sait combien l'aide du clergé peut lui être précieuse dans le contrôle des esprits, il a conscience aussi que celui-ci peut constituer une force d'opposition redoutable. Les prêtres les mieux surveillés sont les anciens réfractaires des diocèses de l'Ouest, soupçonnés d'avoir conservé des liens avec l'Angleterre.
    Le gouvernement exige en général qu'ils soient éloignés des paroisses de la côte. Le moindre écart est sanctionné, les mesures de rétorsion allant du déplacement d'un prêtre vers une autre paroisse à

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