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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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Maret, Daru, Bi,got de Préameneu, tous ministres de Napoléon sous l'Empire. A leurs côtés siègent toutefois d'anciens Idéologues et des libéraux en délicatesse avec le régime, notamment Volney, Garat, Lanjuinais ou Sieyès. Après l'avertissement donné en 1803, Napoléon laisse à ses opposants un très mince espace de liberté, sûr de leur soumission, mais il ne peut de ce fait empêcher toute expression du sentiment politique. De ce point de vue, l'Institut a représenté un des derniers lieux d'échanges dans la France impériale.
    Les autres formes d'expression culturelle et politique ont en effet été très durement brimées. C'est le cas notamment du théâtre qui, tout au long de la Révolution, avait servi de vecteur à la pensée politique. Les principaux événements étaient alors immédiatement transposés sous une forme dramaturgique qui permettait d'associer le public à la marche de l'histoire. Encore au lendemain du 18-253
     
    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    Brumaire, plusieurs pièces avaient été montées pour raconter l'épisode de Saint-Cloud. Les salles de théâtre elles-mêmes s'étaient multipliées et servaient de lieux de réunions, sinon de débats politiques. Thibaudeau raconte dans ses Mémoires l'enthousiasme qui s'empare du public de la Comédie-Française lorsqu'on lui apprend en octobre 1799 le retour de Bonaparte. Le théâtre participe alors à l'effervescence politique, surtout lorsque le sujet s'y prête.
    L'entracte d'abord, puis la sortie des représentations, fournissent l'occasion d'échanges spontanés sur les événements évoqués. On y vient pour le spectacle, mais aussi pour se rencontrer, ce qui provoque une ambiance très mouvementée que ne manque pas de rele·
    ver un observateur étranger, le compositeur allemand Reichardt, venu en France à l'époque du Consulat : « Aujourd'hui, le parterre est envahi par une foule grossière, malpropre, dépourvue de goût et de sentiment, faite pour détruire tout art théâtral. On n'applaudit, avec tapage et violence, que des acteurs qui se démènent en hurlant.
    Ajoutez le bruit incessant des conversations particulières et des interpellations entre le parterre et le public des loges et des galeries, lequel se fait un plaisir d'agacer le parterre. Il est impossible à un spectateur désireux d'écouter de rester au milieu de ce monde bruyant 12. »
    Reichardt a pu noter, à sa manière, l'engouement du public pour le théâtre. Son recrutement s'est démocratisé, en partie parce que le nombre de salles s'est multiplié depuis l'époque de la Révolution, certains ouvrant dans des églises désaffectées. Cet attrait pour le théâtre, à la fois source de divertissement et agora, explique la réaction de Napoléon qui ne peut laisser subsister, sans le contrôler, ce lieu privilégié du débat politique. Le théâtre subit donc les foudres du monarque.
    En 1806, Napoléon décide de limiter à douze le nombre de théâtres parisiens, puis ce nombre est ramené à huit en 1807. Toute nouvelle création est soumise à une autorisation du ministère de l'Intérieur. Subsistent alors quatre théâtres classiques : le Théâtre
    Français, et son annexe de l'Odéon, l'Opéra, l'Opéra-Comique et l'Opéra-Bouffe. À leurs côtés restent autorisés quatre théâtres secondaires : le théâtre de la Gaîté fondé en 1760, l'Ambigu
    Comique, créé en 1769, le théâtre des Variétés remontant à 1777 et le Vaudeville qui avait vu le jour au début de la Révolution. Chacun de ces théâtres est cantonné à un genre précis, les sujets d'actualité leur étant désormais interdits. La censure est donc rétablie. Pour autant, l'intérêt du public ne faiblit pas. En juin 1810, le prince de Clary peut ainsi s'étonner de la presse suscitée par la première au Théâtre-Français d'une comédie d'Andrieux, Deux vieillards ou le vieux fat : « À la porte, une foule immense se poussait à plaisir : on vendait des billets, mais en cachette, car la police arrêtait ceux qu'elle voyait en vendre ; on criait, on se disputait 13. » Le théâtre demeure l'une des principales distractions de la bourgeoisie, mais 254
     
    L'ENCADREMENT DE LA VIE POLITIQUE
    aussi d'une partie des classes populaires. Après s'être divisé entre les deux tragédiennes du Français, Mlle Duchesnois et Mlle George, le public applaudit l'acteur Talma, mais surtout Mlle Mars. Stendhal tombe sous le charme au début de 1810 ; il la voit

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