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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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de converser de sujets et d'autres. À cet égard, elles offrent un bon exemple des formes de sociabilité qui se déploient dans la France napoléonienne, malgré les menaces pesant sur les réunions d'hommes. Ces menaces se précisent à partir de 1809, lorsque ces associations sont soumises à une surveillance plus stricte. C'est aussi l'époque que le gouvernement choisit pour s'intéresser d'un peu plus près à un groupe actif et secret, qui avait peu fait parler de lui depuis sa création, alors même qu'il réunissait quelques grands noms du pays. C'est au début du Consulat, en février 1801 exactement, qu'apparaît la Congrégation, une association de piété organisée sur le modèle des associations mariales de l'époque moderne par un ancien jésuite, le Père Delpuits, resté à Paris pendant la Révolution et qui décide de réunir, chez lui, quelques jeunes gens pour des exercices de dévotion. Le succès est rapide, puisque, au cours de ses deux premières années d'existence, la Congrégation a affilié cent neuf membres, pour beaucoup étudiants. Un tiers d'entre eux sont des étudiants en médecine, parmi lesquels, en 1803, le jeune Laënnec. La Congrégation est donc d'abord une association estudiantine, chargée, à l'heure de la réorganisation concordataire, de former dans les habitudes du christianisme les futurs cadres de la société. Son recrutement est diversifié, comme le public étudiant de Paris. L'Ouest catholique domine cependant avec plus d'un quart des premiers membres. La Congrégation continue ensuite sa croissance ; entre 1801 et 1809, date de sa dispersion momentanée, elle a accueilli trois cent quatrevingt-cinq membres. Le recrutement s'est élargi, notamment en direction de l'ancienne noblesse. Entrent ainsi à la Congrégation les frères 249
     
    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    d'Haranguiers de Quincerot, Charles de Lévis-Mirepoix, Martial de Loménie de Brienne, le duc de Rohan-Chabot, ou encore Mathieu et Eugène de Montmorency, Charles de Breteuil, Charles de Forbin-Janson et Eugène de Mazenod. Ces deux derniers entrent ensuite dans les ordres et deviennent évêques, ce qui vient rappeler que la Congrégation, très liée au séminaire de Saint-Sulpice - le supérieur de la Compagnie, Emery, encourage les séminaristes à y entrer - a servi de lieu de passage du monde vers la prêtrise et a favorisé la vocation de nombreux jeunes gens. Elle a sans nul doute aussi été un foyer d'opposition, au moins après 1808, lorsque se développe la crise entre le pape et l'Empereur. C'est du reste pour cette raison qu'elle est menacée par le pouvoir en 1809 et doit abandonner une partie de ses activités. Elle sert aussi de réservoir à la nouvelle association des Chevaliers de la foi. Le succès de la Congrégation est indéniable, d'autant plus qu'elle touche des jeunes gens de la noblesse et de la bonne bourgeoisie. Ce succès se traduit aussi par des créations similaires en province, ces congrégations demandant ensuite leur affiliation à celle de Paris ; c'est le cas de la Congrégation de Lyon en 1803, de celles de Bordeaux en 1804, Langres et Grenoble en 1805, Nantes en 1806, Toulouse et Rennes en 1808. Plusieurs grandes villes de la France napoléonienne sont touchées par le phénomène qui pousse des jeunes gens à se rassembler pour prier, hors du cadre strict de la paroisse.
    Plus encore que les cercles, les chambrées, les confréries ou les congrégations, ce sont les loges maçonniques qui illustrent, sous l'Empire, la soif de réunions des hommes de ce temps. Après avoir subi le contrecoup de la Terreur, la maçonnerie française s'était peu à peu réorganisée à l'époque du Directoire, sous l'impulsion notamment de Roettiers. Elle avait même retrouvé son unité en 1799, à la suite d'un concordat qui célébrait l'union perpétuelle entre le Grand Orient et la Grande Loge de France et donnait naissance au Grand Orient de France. À partir de cette date, l'expansion maçonnique est continue. Alors que le Grand Orient ne comptait que seize loges en 1796, on en dénombre cent quatorze en 1802, cinq cent vingt en 1806 et neuf cent cinq en 1814. Depuis 1804, la maçonnerie française est cependant de nouveau divisée, malgré les efforts de Napoléon pour assurer son unité, avec l'établissement de la Grande Loge générale écossaise, ce qui accroît encore le nombre des loges. Au total, on en dénombrerait six cent soixante-quatre en 1806

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