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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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et mille deux cent dix-neuf en 1814. Le Grand Orient reste toutefois l'obédience dominante. Bien implanté à Paris, avec cinquante-quatre loges en 1806, mais surtout en province, avec quatre cent treize loges, il rencontre un succès grandissant dans l'armée où l'affiliation maçonnique des officiers est de plus en plus répandue.
    L'Empire est une période d'âge d'or pour la francmaçonnerie. Il est vrai que le régime n'a pas découragé la constitution et le développement des loges.
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    L'ENCADREMENT DE LA VIE POLITIQUE
    La bourgeoisie française qui entre en maçonnerie au début du XIXe siècle recherche incontestablement des contacts. Les loges offrent à leurs membres un lieu de sociabilité où se mêlent l'attachement aux rites et le désir de réflexion. Elles s'affirment aussi comme un vecteur de la propagande napoléonienne. L'art de Napoléon a surtout consisté, après l'avoir étroitement surveillée, à se rallier la maçonnerie pour la faire servir à sa cause. Avec lui, le ministre des Cultes a compris que les loges seraient plus dangereuses si elles étaient entravées dans leur existence. « En les traitant comme des réunions suspectes, on ne réussirait qu'à les rendre dangereuses », note Portalis dans un rapport à Napoléon de 1807, avant d'ajouter :
    « Le vrai moyen de les empêcher de dégénérer en assemblées illicites et funestes, a été de leur accorder une protection tacite, en les laissant présider par les premiers dignitaires de l'État. » De fait, depuis 1805, le grand maître du Grand Orient n'est autre que Joseph Bonaparte, alors roi de Naples, tandis que son frère Louis est grand maître adjoint et que Lebrun et Cambacérès occupent les fonctions de grands administrateurs généraux. Ils sont entourés par une pléiade de maréchaux : onze des dix-huit maréchaux d'Empire désignés en 1804 appartiennent aux instances dirigeantes du Grand Orient, de même que le président du Sénat, François de Neufchâteau, de nombreux sénateurs et tribuns.
    En réalité, la véritable cheville ouvrière de la francmaçonnerie est Cambacérès, maçon de longue date, puisqu'il avait été initié en 1779 à Montpellier. En 1804, il a été associé à la tentative de conciliation menée entre les deux obédiences rivales du Grand Orient et de la Grande Loge d'Écosse, mais surtout, en décembre 1805, il a remplacé Louis Bonaparte dans les fonctions de grand maître adjoint et, en l'absence de Joseph retenu à Naples, il exerce le véritable pouvoir de direction sur la maçonnerie. Enfin, en acceptant des dignités dans la plupart des obédiences maçonniques, Cambacérès s'emploie à les fédérer à travers sa personne, faisant ainsi servir l'ensemble de la maçonnerie à la cause de Napoléon. Quant à l'Empereur, dont l'affiliation maçonnique a été mise en cause bien qu'elle paraisse probable, il n'a pas souhaité s'investir personnellement dans les instances dirigeantes de la maçonnerie, fidèle à son souci de rester audessus des partis. La francmaçonnerie a toutefois bien servi les intérêts napoléoniens. Elle tient lieu de parti bonapartiste. Par les origines sociales de leurs membres, les loges sont en effet conformes au vœu de Napoléon qui souhaitait établir son pouvoir sur le soutien des notables. Elles représentent une France urbaine et attirent à elles, à côté de fonctionnaires et de militaires, des représentants de la bourgeoisie libérale ou commerçante, plus rarement des artisans. Tous ses membres ont appris à vénérer l'Empereur dont un buste orne la plupart des loges. À Charleville, dans les Ardennes, l'inauguration de la statue de Napoléon donne lieu à une succession de discours panégyriques, inimaginables vingt ans plus tôt et en 251
     
    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    parfaite contradiction avec les règles de l'ordre. Le buste, revêtu des insignes maçonniques, est placé sur une colonne aux cris de « Vive Napoléon, vive le libérateur de la France, vive le protecteur de la maçonnerie ! ». Signe encore plus frappant de ce culte impérial organisé par la maçonnerie, nombre de loges ont adopté un nom qui fait directement référence à l'Empereur : « Napoléon », « Napoléon le Grand », « Saint Napoléon », et même « Napoléomagne ». Si l'Empereur ne décourage pas ces formes d'adhésion à sa personne, il n'en est pas directement responsable. Les maçons ont d'euxmêmes contribué à sa

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