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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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journal, mais on y chercherait en vain trace de meurtres, vols ou brigandages. Il ne saurait être question de laisser entendre que le pays n'est pas sûr. Les faits divers relatés sont donc pour l'essentiel des accidents. Ainsi, dans le numéro du 1er juillet 1807, on apprend qu'à Besançon, l'archevêque a publié une circulaire au sujet de l'ouragan qui a frappé la région ; qu'à Évreux un enfant a été sauvé in extremis de la noyade par un ouvrier fondeur ; qu'à Valence enfin, l'explosion d'une chaudière chez un droguiste a tué deux personnes, tandis que le « zèle ,des citoyens » sauvait la ville des flammes. La responsabilité de l'Etat n'étant pas engagée dans ces accidents, ils peuvent être portés à la connaissance du public. Celui-ci est toutefois restreint. Étant donné son caractère officiel, le Moniteur est lu essentiellement par les représentants de l'administration. Il est également recommandé à la presse parisienne, mais aussi de province, de reprendre les textes du Moniteur, sous peine de mesures de rétorsion. C'est une autre manière de promouvoir une parole officielle. Pourtant Napoléon n'a jamais réussi à augmenter son audience, malgré les nombreux abonnements que lui-même souscrit ; il ne tire qu'à trois mille exemplaires au milieu de l'Empire.
    Le Journal de Paris est encore moins lu. Il est vrai qu'il ne bénéficie pas du label de journal officiel, même si, depuis les débuts du Consulat, il n'a jamais démenti son soutien à Bonaparte. Appartenant à Roederer, qui en partage la propriété avec Corancez depuis 1792, il passe définitivement dans le camp brumairien lorsque Corancez cède ses parts à Maret, grâce à l'aide financière de Bonaparte. Deux des principaux soutiens du régime, Roederer et Maret, sont désormais à la tête d'un journal qui ne parvient pourtant pas à dépasser les deux mille exemplaires. Les positions qu'il défend, notamment ses critiques à l'égard du catholicisme et sa défense des principes de 1789, n'emportent pas l'adhésion. En outre, bien que fidèle au régime depuis l'origine, le Journal de Paris n'en est pas moins soumis aux mêmes mesures contraignantes que les autres journaux. Il a son censeur attitré et subit les foudres du maître dès lors qu'il s'éloigne de la ligne officielle, si bien que l'intérêt de sa lecture devient extrêmement mince.
    La presse de province n'échappe pas à la vigilance des pouvoirs publics. Chaque préfet se charge des journaux de sop. ressort, mais peut aussi recevoir des injonctions de Napoléon. A l'époque du Consulat, de nombreux journaux de tendance jacobine ou monarchiste avaient été supprimés. Cette politique répressive s'accentue 262
     

    L'ENCADREMENT DE LA VIE POLITIQUE
    sous l'Empire, les préfets tendant en outre à susciter des feuilles dévouées au gouvernement dont la principale fonction est de reproduire les annonces officielles ou les jugements des tribunaux. Dans les Hautes-Pyrénées par exemple, où il n'existait pas de titre, le préfet encourage en 1806 la création du Journal des Ha utes
    Pyrénées, mais il ne le contrôle pas encore totalement et se plaint même en 1810 de la manière dont il est dirigé. Jusqu'à cette date, il contient pour l'essentiel des articles repris �e journaux parisiens et de plus en plus de publications judiciaires. A la suite des décrets de 1810, il passera comme l'ensemble des journaux de province sous la direction du préfet. De fait, les titres se sont multipliés sous l'Empire, puisque les quatre cinquièmes des départements disposent d'un ou de plusieurs journaux politiques. Leur tirage ne dépasse en général pas les mille exemplaires, souvent beaucoup moins, ce qui correspond toutefois au nombre des notables membres des assemblées électorales.
    La presse périodique est surtout destinée à la bourgeoisie. Les milieux populaires achètent plus rarement le journal. Ils sont, en revanche, touchés par les feuilles occasionnelles, les « canards », dont la parution est épisodique. Ces feuilles reprennent des articles de journaux à l'occasion de grands événements, comme le sacre de Napoléon, et surtout les grandes batailles remportées par l'Empereur. Elles s'attardent aussi sur les événements les plus sensationnels, comme les attentats commis contre Bonaparte. C'est par ce biais que l'écho déformé de la vie nationale parvient dans les campagnes. Ces écrits y sont diffusés par des colporteurs qui sillonnent

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