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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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aux journaux ; ils alarment perpétuellement le commerce et la nation sur les Russes [ ... ] Le Journal de l'Empire est le plus alarmiste ; il nous met sans cesse les Russes sous les yeux 25, » Le même jour, 6 mars 1806, il s'en prend directement au censeur du journal, Fiévée : « Faites connaître à Fiévée, écrit Napoléon au directeur général des Postes, Lavalette, que je suis très mécontent de la manière dont il rédige son journal 26 », euphémisme s'agissant d'un travail de censure que Napoléon se refuse à appeler de son nom, préférant au terme de
    « censeur » celui de « rédacteur ». L'année suivante, Fiévée est remplacé par Étienne. Mais le changement de censeur n'a pas provoqué le résultat escompté. Étienne est à son tour sur la sellette : « Je reçois votre lettre du 29 avril. Je vois dans le bulletin du 27 avril des bulletins de Rome qui n'ont pas le sens commun et qui ne mériteraient pas en vérité de m'être mis sous les yeux. Celui qui les a écrits n'a ni bon sens ni bon esprit. Vous devriez tâcher de mieux choisir vos agents 27. » Alors que la crise couve entre l'Empereur et le pape, Napoléon reproche au journal de trop parler du pape, du clergé et plus généralement de religion : « Le sieur Étienne est la cause de l'agitation qui existe aujourd'hui en France sur les affaires de Rome.
    Faites donc chasser les vieux rédacteurs si animés contre l'administration actuelle. J'avais également défendu aux journaux de parler de prêtres, de sermons, de la religion », rappelle-t-iI 28• Puis c'est la situation en Espagne, à partir de mai 1808, qui fait l'objet d'une censur� particulière.
    A côté du Journal de l'Empire, Le Publiciste ou La Gazette de France font plus pâle figure, leur tirage ne dépassant pas à l'un et l'autre les quatre mille exemplaires. Le Publiciste, propriété de Suard, est resté proche des idéaux de la philosophie des Lumières.
    Le salon de Jean-Baptiste Suard était, au dire de Victor de Broglie qui y fait son entrée dans le monde, un des sanctuaires de la société 259
     
    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    du XVIIIe siècle. « Le Publiciste était l'organe de cette société, raconte-t-il. C'était en quelque sorte un intermédiaire discret et ingénieux qui tempérait la rudesse de la Décade, organe des défenseurs du XVIIIe siècle, et l'ardeur du Journal des débats, organe de la réaction. » Le Publiciste publie régulièrement des articles de Benjamin Constant, mais aussi Prosper de Barante, ami de Mme de Staël. La tendance de la Gazette est en revanche contrerévolutionnaire. Elle a été quelque peu revigorée en 1805 par la fusion forcée qui lui a été imposée avec La Clef du cabinet et le Journal des défenseurs de la patrie, deux titres dont les tirages avoisinaient les mille deux cents à mille trois cents exemplaires. Cette politique de rapprochement des journaux est voulue par le gouvernement qui peut ainsi mieux contrôler les titres restants. Comme Le Publiciste, la Gazette est étroitement surveillée par le régime qui leur impose également un censeur rattaché à leur rédaction. Lacretelle jeune remplit ce rôle auprès du Publiciste, Esménard auprès de La Gazette de France.
    L'un et l'autre sont des écrivains ralliés à l'Empire, même s'ils viennent du courant monarchiste et partagent donc une certaine identité de vues avec les rédacteurs des journaux dont ils doivent surveiller la ligne éditoriale. Le censeur n'a pas qu'un simple rôle de contrôle ; il prête aussi sa plume au journal auquel il est attaché, ce qui fait mieux comprendre qu'il soit rémunéré par lui. C'est aussi pourquoi le gouvernement a cherché des censeurs proches des journaux auxquels ils étaient adjoints. Au moins dans les premiers temps de la politique de censure, ce principe de communauté de vues entre le censeur et le journal a été respecté. Après 1807, un nouveau tour de vis est donné. Au moment où la guerre reprend sur le continent, Napoléon se plaint des nouvelles publiées par les journaux parisiens sur la politique extérieure. À ses yeux, les censeurs chargés de la surveillance des articles sont les principaux responsables de cette situation. Lacretelle au Publiciste et Esménard à La Gazette de France sont donc remplacés respectivement par Jouy et Mouvel.
    Les revues n'échappent pas à l'attention du maître. Deux d'entre elles ont alors une certaine influence, le Mercure de France et

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