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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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les routes de France sans être véritablement inquiétés, au moins jusqu'en 1810. Certes, ils sont surveillés par la police, mais leur activité n'est pas interdite. Or, ils favorisent la diffusion des nouvelles à travers le pays, même s'ils sont aussi des vecteurs de la propagande napoléonienne.
    Au-delà de la presse et des imprimés, le contrôle sur la circulation des informations est plus délicat à opérer. La censure s'exerce sur le courrier, par le biais du cabinet noir dirigé par Lavalette, directeur général des Postes, mais le contrôle ne peut être total. La difficulté est encore plus grande en ce qui concerne les nouvelles transmises oralement. Elles alimentent ce que les préfets et le ministre de la police appellent 1'« esprit public ». Les cafés, théâtres et autres lieux de réunions sont particulièrement propices, en ville, à leur diffusion. La présence de mouchards ou d'informateurs dans ces lieux stratégiques de sociabilité ne suffit pas à enrayer la propagation de certaines informations. Les déplacements de personnes en sont un des vecteurs privilégiés. Certes, le Français sort peu de son village, mais il faut compter avec les migrants temporaires, près de deux cent mille chaque année, qui regagnent leur pays après quelques mois passés en ville ou dans une autre région. Il faut compter aussi avec les soldats, revenus dans leur village après une blessure, voire 263
     

    LA NAISSANCE D 'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    lors d'un congé. Il faut enfin compter avec les voyageurs, souvent d'origine bourgeoise ou noble, qui se déplacent pour leurs affaires et se rendent aux eaux dans les Pyrénées ou les Vosges, voire en villégiature. Le contrôle sur ces divers déplacements, par le biais de passeports, n'empêche pas la circulation d'éventuelles informations détenues par ces voyageurs. Dans un pays maintenu sous le régime de la censure, le risque est grand que les nouvelles diffusées soient partiellement fausses ou pour le moins exagérées, d'où la promptitude des préfets à les traquer pour les démentir immédiatement, au risque de les diffuser encore plus largement. Le ministre de l'Intérieur précise ainsi aux préfets, en octobre 1809, qu'il les tiendra informés des grandes lignes de la politique du pays, pour leur permettre d'étouffer « les fausses nouvelles ». Les « bruits » sont donc un des principaux fléaux que le gouvernement a à combattre.
    Plus pernicieux que les informations écrites, ils sont, à ses yeux, un véritable danger pour la stabilité de l'édifice social.
     

7
La France en guerre
    L'Empire naît de la guerre et survit par la guerre. Après la reprise des combats contre l'Angleterre en 1803, la France est sans cesse en conflit avec l'un ou l'autre de ses voisins. Le pays doit donc s'habituer à vivre dans cet état de guerre permanent. L'armée devient de ce fait l'une des composantes essentielles de la société.
    1. UN ÉTAT DANS L'ÉTAT
    L'armée est omniprésente dans la société impériale, même si l'Empire n'est pas à proprement parler une dictature , militaire.
    Jusqu'en 1810, la place des soldats dans l'appareil d'Etat reste faible. Mais ils n'en sont pas moins associés à la vie du régime, tant dans la distribution des brevets de la Légion d'honneur que dans la mise sur pied de la noblesse d'Empire. Les premiers bénéficiaires de la Légion d'honneur sont des militaires. Quant à la noblesse d'Empire, elle accueille 59 % d'officiers. L'État reconnaît alors sa dette envers l'armée.
    Ses effectifs vont croissant et l'on estime qu'au total l'armée napoléonienne a vu passer dans ses rangs deux millions six cent mille hommes, parmi lesquels deux millions étaient originaires de l'Empire français, les six cent mille autres provenant des contingents levés par les alliés de la France. Ces troupes ont été pour l'essentiel fournies par la conscription et, dans certains cas, par le volontariat.
    Napoléon a conservé la loi Jourdan de 1798 qui organisait la conscription de tous les jeunes gens de vingt ans, mais il en a modifié quelqu�s aspects. Le recrutement est ainsi confié aux représentants de l'Etat, préfets et sous-préfets ; ils sont chargés de présider un conseil de révision qui est alors itinérant. Ce conseil procède à l'examen sanitaire des jeunes gens, puisque seuls les individus en 265
     
    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    bonne santé sont aptes au service. Il procède également

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