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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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la Décade philosophique. Prestigieuse revue remontant au XVIIe siècle, le Mercure de France avait mal vécu la Révolution, jusqu'au jour où Fontanes décida de la faire renaître au début du Consulat. Amant d'Élisa Bacciochi, il obtient le soutien de Lucien Bonaparte pour racheter le titre et lui redonner son lustre en y associant des rédacteurs de talent à l'image de Louis de Bonald ou François-René de Chateaubriand, associés à de vieilles gloires du Mercure. Par ce choix, comme par les articles publiés par la revue, le ton est donné : le Mercure de France se situe dans la mouvance néo-monarchique et entend combattre les principes révolutionnaires. Elle se heurte dès lors presque naturellement à la Décade philosophique, mais s'avère très proche du Journal des débats avec lequel elle partage des 260
     

    L'ENCADREMENT DE LA VIE POLITIQUE
    intérêts financiers, ainsi qu'un nombre non négligeable de rédacteurs. Toutefois, malgré son rachat par Chateaubriand en 1803, le Mercure végète. L'auteur du Génie du christianisme part peu après pour l'Italie, tandis que Fontanes s'éloigne de la revue en gravissant les degrés du pouvoir. De plus, la vigilance du ministre de la Police est extrême. Dès lors, il suffit d'un article tendancieux de Chateaubriand, revenu d'Italie, pour provoquer des mesures contre le journal. L'écrivain avait implicitement comparé la France à l'Empire turc, ce qui n'avait pas été du goût des hiérarques du régime. Cet article, publié en juillet 1807, est en fait un prétexte à une remise en ordre prévue de plus longue date et qui conduit à la fusion du Mercure de France et de la Revue philosophique, nouveau nom donné à la Décade philosophique.
    Cette dernière avait été l'organe des Idéologues sous le Consulat et avait alors bataillé contre le rétablissement des principes monarchiques et le retour en force du catholicisme, fustigeant notamment les écrits de Chateaubriand. Au début de l'Empire, son audience est cependant réduite, puisqu'elle diffuse moins de mille exemplaires à travers toute la France. Comme le Journal des débats, son titre fleure trop les temps révolutionnaires pour être conservé ; la Décade devient donc Revue philosophique, avant d'être obligée de fusionner en 1807 avec sa grande rivale, le Mercure de France. La fusion s'opère au profit de la première, bien que l'on conserve le titre du Mercure. Le partage du capital est en effet profitable aux propriétaires de la Revue philosophique qui en obtiennent trois douzièmes, alors que ceux du Mercure doivent se contenter de quatre douzièmes. Le gouvernement a pris soin de se réserver le reste ; il a désormais une arme supplémentaire pour contrôler la revue. Certes, la fusion fait cesser les dissensions entre les deux organes, mais par là même elle affaiblit le débat politique et littéraire. De ce point de vue, l'objectif visé par Napoléon est atteint.
    La répression des journaux n'est qu'un aspect de la politique napoléonienne à l'égard de la presse. Napoléon a également cherché à se doter d'une presse totalement dévouée à sa cause. Il avait en Italie puis en Egypte compris la force des mots écrits, à travers le Courrier de l'armée d'Italie puis le Courrier d'Égypte. Il sait que le public lettré est avide de nouvelles. Mais les seules qu'il entend lui fournir doivent être favorables à sa cause et grandir son prestige.
    Napoléon est passé maître dans l'art de la propagande. Dès les lendemains du 18-Brumaire, il prend ainsi en main le Moniteur, journal fondé par l'éditeur Panckoucke en 1789, qu'il rachète alors, confiant sa direction à l'un de ses fidèles lieutenants, Maret. Le Moniteur devient la voix du régime. Il porte en titre Gazet(e nationale ou le Moniteur universel. Et en dessous on peut lire : « A dater du 7 nivôse an VIn [28 décembre 1799] , les actes du gouvernement et des autorités constituées contenus dans le Moniteur 261
     

    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    sont officiels. » Napoléon y fait insérer des textes de plus en plus nombreux ; les Bulletins de la Grande Armée y sont reproduits. Mais l'intérêt du journal reste relatif. Après une première partie consacrée aux nouvelles de l'étranger, ce qui concerne l'intérieur contient quelques informations transmises par les ministères, ainsi que, le cas échéant, le compte rendu des séances du Corps législatif.
    Quelques faits divers émaillent le

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