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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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foule des parlementaires, si bien que la route de Saint-Cloud se trouve très vite encombrée. (',ette petite bourgade devient pour un jour le centre de la vie politique française. La craint� des faubourgs a suscité ce déplacement ; il fallait que le coup d'Etat se déroule hors de Paris. Bonaparte et les conjurés refusent de heurter de front la ville symbole de la Révolution qui reste ainsi pure de toute souillure. À la différence de César, auquel plusieurs observateurs comparent Bonaparte, ce dernier franchit le Rubicon à rebours. Il n'entre pas armé dans les limites de la capitale. Il sort au contraire de Paris pour opérer son forfait.
    Les deux Conseils tiennent séance séparément en début d'aprèsmidi. Lucien, frère de Bonaparte, président du Conseil des Cinq
    Cents, cherche à gagner du temps en faisant occuper la tribune par des fidèles acquis à la cause révisionniste. Mais il se heurte à la mobilisation des jacobins qui, la veille au soir, se sont promis de tout faire pour empêcher le coup d'État, sans parvenir à convaincre Bernadotte de se porter à la tête des troupes de Paris. Les jacobins n'ont toutefois guère de moyens d'agir, tant qu'aucun acte illégal n'a 43
     
    LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE ( 1799-1804)
    été commis. Ils parviennent certes à obtenir une nouvelle prestation de serment des députés en faveur de la Constitution de l'an III, afin que soit affirmé le soutien du Conseil à la République, mais ce vote, opéré par nom, a pour principal effet de ralentir encore le rythme de la séance. C'est ce que souhaite Lucien. Il attend le message annonçant la démission des cinq directeurs pour pouvoir lancer la discussion sur le changement de régime. Il n'en aura pas l'occasion.
    Pendant ce temps, au Conseil des Anciens, quelques jacobins, dont le poids est pourtant moins grand qu'aux Cinq-Cents, s'inquiètent des raisons du transfert et demandent des informations sur le prétendu danger qui l'a provoqué. Bien plus, à l'annonce du message annonçant la vacance du Directoire, plusieurs députés évoquent l'hypothèse d'une simple élection de directeurs pour les remplacer.
    C'en est trop pour Bonaparte qui, depuis le début de l'après-midi, attend près de Sieyès, dans un salon voisin, l'issue de la journée.
    Accompagné des officiers de son état-major, il fait irruption dans la salle où siègent les Anciens et leur adresse une harangue maladroite qui, loin de les apaiser, a le don d'exciter des députés pourtant majoritairement acquis à la cause du complot la veille au soir. Incapable d'imposer son point de vue, Bonaparte se retire.
    Mais son désir d'en finir est intact. Il lui faut pour cela démasquer les responsables du péril terroriste qu'il a évoqué devant les Anciens. Il compte le faire devant le Conseil des Cinq-Cents, en mettant directement en cause le général Augereau, l'un des chefs de file du parti jacobin. Mais l'entrée dans l'Orangerie de Bonaparte et de sa suite provoque une bronca qui tourne au pugilat, comme le raconte Lucien :
    « Le général Bonaparte entre ; il est suivi de quatre grenadiers de notre garde ; d'autres soldats, des officiers, des généraux occupent l'entrée de l'Orangerie. L'assemblée entière, indignée de ce spectacle, est debout... Une foule de membres s'écrient : " Des hommes armés ici !... " On se précipite au-devant du général, on le presse, on l'apostrophe, on le repousse quelques pas en arrière ... Plusieurs bras lèvent des poignards et le menacent... Les grenadiers font à Bonaparte un rempart de leurs corps et l'entraînent hors de la salle.
    Un d'eux, le grenadier Thomé, eut son habit percé. Les spectateurs s'étaient précipités par les fenêtres basses de l'Orangerie. Tout cela s'était passé en un clin d'œil... La consternation de nos amis, les cris de fureur de nos adversaires, la retraite précipitée des militaires, le cliquetis des armes, faisaient en ce moment ressembler l'Orangerie à un pêle-mêle de champ de bataille 17. »
    Lucien a inventé la thèse de la menace de mort pesant sur son frère, ce qui lui permet de s'attribuer un rôle particulièrement décisif dans le règlement de la crise. Il parvient en effet à éviter la mise hors la loi de son frère, mais se montre incapable de le défendre plus avant et sort du Conseil avec quelques députés. Dehors, dans la cour encombrée de soldats, il retrouve son frère et, au cours d'une 44
     

    LA RÉVOLUTION DU 1 8
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