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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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complot. C'est enfin Réal qui recommande d'avancer la date du coup d'État au 18 brumaire, afin d'éviter toute tentative de réaction.
    Le coup d'État prévu par Bonaparte apparaît en effet comme un secret de polichinelle. Une grande partie du monde politique est au courant, ce qui ne signifie pas que la date en soit connue, non plus que les modalités précises. De même, les conjurés n'ont aucune assurance quant au résultat de leur plan. Tant de péripéties ont marqué la vie politique depuis dix ans qu'une grande modestie s'impose aux conjurés. La peur leur est du reste une compagne familière.
    Talleyrand a ainsi raconté comment, alors qu'il complotait chez lui avec Bonaparte, l'arrêt d'une voiture devant sa porte, à une heure du matin, les a fortement inquiétés. « Nous rîmes beaucoup, le géné-

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    LA RÉVOLUTION DU 18 BRUMAIRE
    raI et moi, de notre panique qui n'était toutefois que bien naturelle, quand on connaissait, comme nous, les dispositions du Directoire et les extrémités auxquelles il était capable de se porter 15, » S'il ne déplaît pas à Talleyrand de montrer un Bonaparte blêmissant, soumis à la peur, il n'en demeure pas moins que cette anecdote confirme la précarité des préparatifs. Certes, beaucoup sont au courant de ce qui se trame, mais précisément le danger vient de cette trop grande publicité qui peut amener une réaction. Ce sentiment de peur se retrouve également sous la plume de Lucien Bonaparte, ou encore dans l'attitude de
    des conjurés, attendant
    fébrilement l'issue du coup d'Etat, une voiture prête à les emmener loin de la capitale au cas où leurs affaires tourneraient mal.
    C'est dire combien, malgré les nombreux soutiens dont bénéficiait Bonaparte, le coup d'État n'était pas gagné d'avance.
    3. LES JOURNÉES DE BRUMAIRE
    Bonaparte n'a pas perdu de temps depuis son retour à Paris le 16 octobre. Il a multiplié rencontres et contacts, s'est fait une claire idée des forces en présence, avant de se rallier au projet de Sieyès d'un changement de constitution dont le but reste l'instauration d'un régime stable. Au début du mois de novembre, ses intentions sont nettement arrêtées. Lors de sa première rencontre avec Sieyès, en compagnie de son frère Lucien, il a même imposé quelques modifications au plan initial. Alors que Sieyès souhaitait proposer une nouvelle constitution au peuple, Bonaparte rétorque qu'il faut d'abord mettre en place un gouvernement provisoire, tandis qu'une commission législative serait chargée de préparer une « constitution raisonnable » et de la proposer à « la votation du peuple » car, précise Bonaparte, « je ne voudrai jamais rien qui ne soit librement discuté et approuvé par une votation universelle bien constatée » 16.
    Cet attachement à la notion de souveraineté populaire sur laquelle reposent les bases de la Révolution française peut apparaître comme un subterfuge pour déjouer les plans de Sieyès ; il est aussi un gage donné aux jacobins dont Bonaparte ne néglige pas l'influence dans le pays; Mais le général n'oublie pas ses ambitions personnelles ; il a clairement fait savoir à Sieyès, le 1er novembre, qu'il entendait être l'un des trois consuls provisoires, chargés d'assurer le pouvoir en attendant la rédaction d'une nouvelle constitution.
    Le plan d'ensemble est donc adopté le 1er novembre. La première mesure à prendre est d'organiser le transfert du Corps législatif hors de Paris pour empêcher que la pression populaire puisse s'exercer sur les assemblées comme ce fut le cas à plusieurs reprises depuis 1789. Pour ce faire, les conjurés comptent s'appuyer sur l'article 102
    de la Constitution de l'an III qui dispose que le Conseil des Anciens 41
     
    LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE (1799-1804)
    peut commander un transfert du Corps législatif hors de Paris, en cas de danger. La large majorité dont jouissent les révisionnistes au sein du Conseil des Anciens rend cette mesure envisageable. Le deuxième acte doit consister à provoquer la vacance du pouvoir exécutif en obtenant la démission des cinq directeurs. Sieyès et Ducos, pierres angulaires du complot, y sont tout disposés, mais il reste à convaincre Barras, Gohier et Moulin, de gré ou de force, d'accepter cette formule. Ensuite, seulement, le troisième acte peut être envisagé. Il consiste à faire constater par les assemblées la vacance du pouvoir et à les pousser à adopter le principe d'un changement
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