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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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de régime et d'une révision constitutionnelle. C'est à ce moment-là que s'opère l'entrée dans l'illégalité. La Constitution de l'an III rend, en effet, impossible toute révision avant un délai de neuf ans. De plus, rien ne prévoit qu'une démission collective des directeurs doit conduire à un changement de régime. Il suffit au contraire de les remplacer, selon les procédures prévues par la Constitution. C'est du reste ce que proposent quelques députés lors de la journée du 19 brumaire. Mais l'état de l'opinion est tel et la décomposition du Directoire si grande que personne n'envisage sa survie. La démission des cinq directeurs doit donc provoquer le choc nécessaire à une prise de décision que beaucoup pensent urgente. Quel besoin dès lors d'un général et de ses troupes ? Un tel coup d'État ne peutil s'accomplir sans l'appoint des armes ? Sans doute, Sieyès pensait-il que la présence d'un bras armé ne devait être que seconde. Mais il lui fallait ce bras, d'abord pour protéger les députés acquis à sa cause, ensuite pour empêcher une réaction des partisans du Directoire. Ce général devait tenir l'armée, pour éviter qu'elle ne soit utilisée contre les conjurés. Bonaparte outrepasse, en ce domaine, le plan initial, en usant de ses hommes contre les députés du Conseil des Cinq-Cents. N'est-il pas sciemment sorti de son rôle pour apparaître en plein� lumière ? La question reste posée.
    Le coup d'Etat est lancé le 18 brumaire. Dans la nuit, des messages ont invité un grand nombre d'officiers à se rendre, au petit matin, au domicile de Bonaparte. Ce dernier leur explique ses plans.
    Dans le même temps, les députés du Conseil des Anciens ont été convoqués, à la hâte, pour une séance spéciale qui doit se tenir à 7 h 30. Tandis que le régiment commandé par le colonel Sebastiani, un fidèle de Bonaparte, a pris place en face du château des Tuileries où siège le Conseil des Anciens, celui-ci vote le transfert du Corps législatif à Saint-Cloud pour le lendemain et confie à Bonaparte le soin d'exécuter ce décret, tout en protégeant les députés. Le général obtient ainsi le commandement des troupes de Paris. Celles-ci occupent dès lors les points stratégiques de la capitale. Le premier acte du drame s'est joué sans encombre, d'autant mieux que quelques députés susceptibles de s'y opposer n'ont pas été prévenus. Le décret officiel du Conseil des Anciens permet à Bonaparte de convaincre les derniers militaires hésitants. Il part peu après prêter 42
     
    LA RÉVOLUTION DU 18 BRUMAIRE
    serment devant le Conseil des Anciens et promet de maintenir la république. De leur côté, les députés du Conseil des Cinq-Cents ont pris connaissance du décret des Anciens, plusieurs avec colère, et n'ont pas poursuivi leur séance.
    Le deuxième acte, à savoir la démission des directeurs, paraît plus difficile à mettre en œuvre. Certes, comme convenu, Sieyès et Ducos se démettent de leurs fonctions. Puis Barras, circonvenu par Talleyrand et l'amiral Bruix, accepte de se retirer du jeu politique, dans la matinée du 18 brumaire. Mais Gohier et Moulin font de la résistance. Ils ont appris le transfert des assemblées par Fouché, mais ils ne peuvent guère agir, les troupes du général Moreau ayant investi la cour du palais du Luxembourg où les deux directeurs sont quasiment enfermés. Ils ont bien tenté de faire passer aux Cinq-Cents un message dans lequel ils protestent contre l'attentat fomenté contre eux, mais ce message est saisi. Toutefois, bien qu'internés, ils refusent de démissionner. La journée du 18 brumaire s'achève sans nouvel élément spectaculaire, Bonaparte continuant à consulter et à recevoir, préparant l'assaut final. Le soir, il réunit jusque fort tard les principaux conjurés, sans que le déroulement de la journée du 19 brumaire soit élaboré avec précision.
    C'est, en effet, le lendemain du 18 brumaire que le coup d'État s'opère véritablement. Comme prévu, les Conseils se transportent à Saint-Cloud où le château a été aménagé à la hâte pour les accueillir. Les Anciens doivent siéger dans le château lui-même, les Cinq-Cents dans I;Orangerie, bâtiment relié au premier par une galerie. Mais les députés ne sont pas les seuls à se diriger vers Saint
    Cloud. Les conjurés, Bonaparte en tête, escortés par les dragons de Sebastiani, font de même. Des curieux et des journalistes se mêlent à la
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