Histoire du Consulat et de l'Empire
Augereau a apporté un soutien décisif au régime, les officiers supérieurs jouent un rôle politique important au sommet de l'État. Plusieurs sont membres du Corps législatif, à l'image de Jourdan ou Augereau, et l'offensive parlementaire du printemps 1799 qui a provoqué la chute de deux directeurs a été partiellement fomentée par les militaires de l'assemblée. En tout cas, elle leur profite, puisqu'elle ouvre les portes du gouvernement au général Bernadotte, puis celles du Directoire au général Moulin. Toutefois, ce « parti des généraux »
manque d'unité, si bien qu'il ne peut s'entendre pour s'emparer du pouvoir. Bonaparte a compris qu'il devait réaliser cette unité pour y pmyenir.
A côté des politiques figurent, parmi les généraux, ceux qui ont une fonction militaire. Leur rôle est crucial à la veille du coup d'État. C'est du reste pourquoi ces postes stratégiques sont occupés par des hommes sûrs. Ainsi, le 11 août, le général Lefebvre remplace le général Marbot, de tendance jacobine, à la tête de la division militaire de Paris. En septembre, le général Macdonald, auquel on a pensé un temps pour être le bras armé du complot, est nommé commandant de la place de Versailles. D'autres généraux sont également présents à Paris, notamment le général Moreau, sur le point d'aller prendre le commandement de l'armée du Rhin ; Bernadotte, contraint de quitter le ministère de la Guerre en septembre, mais qui gravite toujours autour de la capitale, ou encore Beurnonville, alors proche de Sieyès. Il faut ajouter l'entourage de Bonaparte. Les généraux Berthier, Lannes ou Murat, revenus d'Égypte, sont directement mêlés au complot ; ils forment le premier noyau de fidèles, auquel s'adjoint très vite l'amiral Bruix, l'une des pièces maîtresses de l'intrigue.
Cette concentration est remarquable, comme le note Lavalette dans ses Souvenirs : « Les officiers généraux les plus célèbres dans l'armée étaient presque tous à Paris. » Encore fallait-il les convaincre d'entrer dans le complot ou au moins de rester neutres.
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LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE (1799-1804)
L'affaire n'est pas aussi aisée qu'il y paraît, car l'armée a conservé de fortes attaches jacobines, à l'instar de plusieurs de ses généraux.
Elle est par ailleurs divisée en corps, pour ne pas dire en castes, ce qui rend incertain le soutien des troupes qui n'ont pas servi sous Bonaparte. C'est pourquoi ce dernier s'emploie à convaincre les généraux du bien-fondé de ses projets. Il rencontre notamment Moreau qui l'assure de sa bienveillance, ainsi que Bernadotte qui, bien que très engagé dans le camp jacobin, promet sa neutralité.
Quant à Jourdan et Augereau, ils sont laissés en dehors d'un complot qu'ils désapprouvent. La constitution de ce réseau de généraux est complétée par des contacts directs entretenus avec des officiers subalternes, invités à venir rue Victoire, chez Bonaparte qui ne néglige donc aucun moyen pour s'assurer du soutien des troupes de la capitale.
La police est également passée sous le contrôle de Bonaparte qui s'est acquis la bienveillance de Fouché, mais aussi le soutien de Réal, ancien jacobin, membre de la Commune de Paris. Réal s'était lié avec Barras à la fin de la Convention et avait alors fait la connaissance de Joséphine. Il rencontre le général Bonaparte après la campagne d'Italie et contribue, par l'entremise de sa compagnie de fournitures militaires, à équiper l'armée d'Égypte. Or, en juillet 1799, Réal est devenu commissaire exécutif du Directoire auprès du département de la Seine, fonction que Bonaparte remplacera par celle de préfet de la Seine. Elle confère à Réal un grand pouvoir sur le contrôle des esprits et de l'administration de ce département hautement stratégique. Réal est l'un des premiers à se rendre auprès de Bonaparte après son retour d'Égypte ; il devient ainsi l'un des principaux animateurs du complot, participant à toutes les réunions qui sont organisées, soit chez Bonaparte, soit dans ses propres bureaux de l'administration de la Seine. C'est là, par exemple, que se réunissent, le 17 brumaire, le,s conjurés pour mettre au point les derniers détails de l'opération. A la tête de l'administration parisienne, Réal décide de fermer les barrières de la capitale et joue un rôle décisif pour empêcher que les douze municipalités de Paris ne se concertent en vue de faire échouer le
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