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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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résistance, doit quitter l'Italie. Le désastre des armées de Murat prive Napoléon d'un soutien qui aurait pu lui être précieux lors de l'assaut final. Pour le moment, les préparatifs de guerre, de part et d'autre, offrent à la France un court répit, mis à profit pour inaugurer de nouvelles pratiques politiques.
    Depuis son retour en France, Napoléon n'a cessé de rappeler son attachement à la Révolution dans son ensemble, et plus particulièrement au principe de la souveraineté populaire. « Toute souveraineté réside dans le peuple », expHque-t-il ainsi au Conseil d'État le 26 mars. Cette idée était déjà contenue dans le décret publié à Lyon le 13 mars, par lequel il convoquait une assemblée des collèges électoraux pour modifier la Constitution, « selon l'intérêt et la volonté de la nation ». L'élan révolutionnaire est indéniable. Il est porté, en ces derniers jours de mars, par l'enthousiasme populaire rencontré au bord des routes, comme dans les villes traversées, y compris Paris. Pourtant, Napoléon refuse de se laisser porter plus avant par cette vague populaire dont il craint le débordement ; il ne veut pas être le « roi de la jacquerie ». C'est sur les notables qu'il entend s'appuyer, en fondant un régime plus libéral que démocratique. Napoléon a en effet senti le besoin de réformes politiques dans le pays. Le rétablissement pur et simple de l'Empire, dans ses formes anciennes, paraît impossible. Pour incarner cette nouvelle orientation, l'Empereur a besoin d'un homme neuf, peu suspect de compromission avec le régime. Benjamin Constant répond d'autant mieux à ces conditions qu'il avait rédigé un article très virulent 427
     

    L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
    contre Napoléon en apprenant son retour de l'île d'Elbe. Dans cet article publié le 18 mars, il comparait Napoléon à Gengis Khan.
    Benjamin Constant accepte pourtant de le rencontrer. Lui qui craignait l'instauration d'une terreur militaire au lendemain du 20 mars est agréablement surpris par les gages donnés à la liberté et s'inquiète en revanche de la menace étrangère : « La dictature n'était pas le seul péril. Un second danger était à redouter, qui devait suffire pour déterminer tous les Français : c'était l'asservissement de la France par les étrangers 11. » Et Constant ajoute : « Quant à moi, je l'avoue, quelle qu'eût été mon opinion sur Napoléon, la seule attaque de l'étranger m'aurait fait un devoir de le soutenir 12. » Il craint enfin la contrerévolution, à ses yeux désastreuse pour les libertés. Il ne faut pas cependant négliger, dans ce ralliement, la part de l'ambition personnelle. Constant n'a pas obtenu de la Restauration la place qu'il était en droit d'espérer en remerciements de son opposition à l'Empire. La première rencontre entre Napoléon et Benjamin Constant se déroule aux Tuileries, le 14 avril 1815, soit près d'un mois après l'entrée de l'Empereur à Paris. Napoléon lui expose son souhait de voir établi un régime constitutionnel, en lui demandant de réfléchir à des propositions en ce sens. Dans les jours suivants, l'ancien tribun lui soumet ses idées et insiste pour que la nouvelle Constitution marque une rupture avec l'Empire. Napoléon s'y refuse par souci de rattacher le régime issu de la révolution du 20 mars à celui mort le 6 avril 1814. Il impose donc au nouveau texte le nom d'Acte additionnel aux constitutions de l'Empire, qui laisse supposer une continuité législative alors que les bases du régime sont fondamentalement changées.
    L'Acte additionnel s'inspire largement de la Charte constitutionnelle en ce qui concerne l'organisation des pouvoirs, mais il diffère dans l'exposé des motifs. Au souvenir de l'Ancien Régime, il oppose en effet 1'« esprit du siècle » et le « progrès de la civilisation ». Alors que la Charte était octroyée, la nouvelle Constitution doit être soumise à l'approbation du peuple, selon le vœu fortement répété par Napoléon d'asseoir son régime sur le principe de la souveraineté nationale. Mais l'Empire n'est pas aboli. Bien plus, le texte paraît légitimer les conquêtes passées en les justifiant par le désir d'« organiser un grand système fédératif européen ». Cette idée de projet européen que Napoléon reprend à Sainte-Hélène n'avait jamais été formulée auparavant. Le terme de « liberté »
    scande cette nouvelle constitution dont le but affirmé

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